Les opportunistes aux abois (AEVF-M21) [2ème partie]
B- le passage du colonialisme au néocolonialisme.
(Liquidation de la base économique coloniale et son remplacement par la base économique néocoloniale).
Il est important, sinon indispensable de comprendre la signification théorique, du fait que les pays africains soient restés sous le joug des anciennes puissances coloniales.
Aujourd'hui la Haute-Volta est une néocolonie française; cela trouve son fondement d'un point de vue historique. Comme nous le disions plus haut, le fait néocolonial trouve sa justification dans ce fait historique: les pays étaient des pays coloniaux, qui se sont vu concédés l'indépendance politique. Cette indépendance politique acquise, n'est pas le fait d'une remise en cause des bases économiques coloniales. Les premières années des indépendances politiques, sont marquées par une transformation dans les structures étatiques (superstructures) mais la base économique demeurait essentiellement coloniale. Si on ne saisit pas la signification historique de cet état de chose, on ne sera pas à même de comprendre, les transformations qui s'opèrent au sein des classe et couches sociales dirigeantes, de saisir le phénomène de la concurrence inter-impérialiste dans nos pays, de voir toute leur signification économique et leur portée politique.
La suppression de la base économique coloniale a été seulement entamée ces dernières années dans les pays néocoloniaux africains. L'application du NOEI (Nouvel ordre économique international) dans ces pays, a pour conséquence parmi d'autres, la suppression complète de la base économique coloniale et son remplacement par une base économique correspondant à la superstructure politique (aux formes politiques) néocoloniales.
C'est ce phénomène qui s'opère lentement mais sûrement dans nos pays.
1- Sur le plan économique:
On assiste à l'apparition croissante de nouvelles entreprises industrielles avec des dénominations à consonance nationale (SOVOPER, SOSUHV, BIV, etc.).
Le capital de ces entreprises reste dans une large mesure, contrôlé par le capital bancaire. A cet effet, notons la transformation de la BIAO en BIV (Banque internationale des Voltas) avec un PDG Voltaïque.
On assiste de plus en plus à une mainmise du capital financier (fusion du capital industriel et du capital bancaire) sur l'économie voltaïque. Le capital commercial prépondérant dans la structure (base) économique colo-[p.30]niale est supplantée aujourd'hui par le capital financier. Le capital financier international trouve dans les pays comme la Haute-Volta, des autochtones comme partenaires. Mais les mesures préconisées par les théoriciens du NOEI (Nouvel ordre économique international) visent à considérer l'état comme le partenaire privilégié. Ce qui aboutira à la création d'entreprises d'état, d'entreprises parapublics, et conjointement à la, transformation des entreprises privées (étrangères ou nationales) en entreprises, d'état ou mixtes (avec forte participation de l'état dans le capital social).
C'est tout cela qui est appelé dans notre pays, d'une façon pompeuse et démagogique de « voltaïsation » du capital. Ce qu'il faut dire, c'est que si cette « voltaïsation » des sociétés a commencé plus tard que dans les autres pays africains (Côte-d’Ivoire, Sénégal, Gabon etc...) il semble, selon un article paru dans « Europe Outre-Mer » (N° 555), qu'en fixant des pourcentages minima pour l'ensemble des secteurs économiques, elle soit plus rigide maintenant qu'ailleurs.
En effet au cours de l'année 1973, pour les deux banques commerciales sur place, la voltaïsation du capital a été portée à un taux d'au moins 51 %. Dans la société minière de Tambao, société qui se révèle être l'une des plus grandes sociétés voltaïques pour l'avenir, l'état voltaïque a pris une participation de 50 %.
Dans le but d’accélérer ce processus de «voltaïsation », des mesures ont été prises par voie d'ordonnances et décrets gouvernementaux. Par exemple l'ordonnance du 30 Octobre 1975, stipule que l' Etat « peut à tout moment rendre directement ou indirectement des participations dans le capital de toute société ou de toute entreprise installée en République de Haute-Volta » et « peut décider que ces sociétés ou entreprises ouvriront leur capital aux personnes morales voltaïques de droit public et aux personnes morales ou physiques voltaïques de droit privé ».
Cette même ordonnance fixe un délai de deux ans à compter de sa publication au cours duquel « le niveau minimum de participation voltaïque ne pourra être inférieur à 51% dans les secteurs considérés comme vitaux ou prioritaires et 35 % dans les autres secteurs ».
Voilà des mesures qui sont mises en application depuis fort longtemps en Guinée, et que Sékou Touré tentait de faire passer comme des mesures révolutionnaires. Ces mesures ont été aussi instituées depuis fort longtemps en Côte-d'Ivoire. Une conclusion partielle que l'on peut tirer c'est que les régimes pseudo-révolutionnaires, dès leur mise en place, se sont attelés, sous le verbiage révolutionnaire, à l'édification d'un capitalisme d'Etat. L'application du NOEI, dans les pays [p.31] néocoloniaux à politique « libérale » (Côte-d'Ivoire entre autres), vise au même but, sans pour autant avoir besoin de recourir au verbiage pseudo-révolutionnaire.
Toujours en Haute-Volta, dans le but de faciliter l'acquisition de participations par les « personnes morales ou physiques, publiques ou privées, de nationalité voltaïque», un « fond de voltaïsation des capitaux » a été créé.
Entre autres mesures prises dans la politique de « voltaïsation », il faut noter l'existence d'une deuxième ordonnance, en date du 2/12/1975 qui stipule que : « toutes les entreprises industrielles, commerciales ou agricoles installées en Haute-Volta, sont obligées d'y avoir leur siège social et d'y tenir leur comptabilité au plus tard la 30 juin ».
Cette tendance d'évolution constatée dans les pays africains, prouve le fait que ces pays arriérés, tard venus dans le monde capitaliste, cherchent à bénéficier de la riche expérience du développement du capitalisme dans les anciens pays d'Europe, aujourd'hui devenus des puissances impérialistes. Ainsi ces nouveaux pays veulent faire l’économie de la période concurrentielle du capitalisme ascendant, qui conduit à un gaspillage des énergies du pays. Aussi marchent-ils vers la forme centralisée de la production aux mains de l'état. La puissance publique se voit de ce fait renforcée. Cette orientation politique, pour les gouvernements africains, est un choix beaucoup plus efficient qui leur permettra de mettre en œuvre une planification contrôlée, cherchant ainsi à éviter l'anarchisme du libre jeu du marché. Ce faisant, toutes ces mesures économiques et politiques visent à l'édification d'un capitalisme d'état. C’est cela la tendance d'évolution dans les pays néocoloniaux africains, y comprise la Haute-Volta.
C'est là un capitalisme d'Etat impulsé et financé par le capital financier, un capitalisme d'Etat sous l'œil bienveillant des multinationales. Or, les multinationales sont l’expression achevée de l'économie de l'impérialisme ou capitalisme financier.
Les pays africains, parce que politiquement indépendant, seront les lieux où les rivalités inter-impérialistes, les luttes entre les divers monopoles capitalistes, vont s'opérer. A l'époque de l'impérialisme, il faut avoir en vue cette vérité formulée par Lénine, selon laquelle « Le grand capital financier d'un pays peut toujours éliminer ses concurrents, même s'ils appartiennent à un pays étranger politiquement indépendant, et il le fait toujours. C'est parfaitement réalisable sur le plan économique. L'annexion économique est parfaitement "réalisable" sans annexion politique, et elle se rencontre constamment. » (Lénine. O.C., T.7, p.46).
C'est par cette rivalité que les puissances impérialistes, tard [p.32] venues dans le partage de l'Afrique (superpuissance-US et superpuissance-URSS) arrive à se tailler des places confortables et même à devenir dominantes dans certain de ces pays, éclipsant les anciennes puissances coloniales.
Par cette nouvelle orientation politique mise en application dans les pays néocoloniaux, l'impérialisme internationale fait d'une pierre deux coups :
- d'une part, elle contribue à développer les forces productives (machines et hommes) des pays arriérés ; le développement des forces productives permettra d'accroitre les richesses nationales en vue du pillage impérialiste ;
- d'autre part, le développement des forces productives et l'accroissement de la production nationale qui s'en suivra, dégageront une plus-value énorme dont une partie sera exportée dans les pays impérialistes; l'autre partie qui reste aux mains des classes bourgeoises africaines, sera dilapidée dans les consommations de luxe (voitures, villas, comptes en banque rembourrés en Suisse, etc..).
Tout le système capitaliste en tirera avantage, car cela permettra l'écoulement de la production capitaliste, et ainsi on escompte pouvoir surmonter les crises de production.
Le développement des forces productives, permettra de soustraire les minerais du sous-sol des pays africains, et de fournir aussi à l'industrie des pays hautement industrialisés, des matières premières à bas prix dont ils ont besoin.
La main d'œuvre en abondance, et les salaires de misère, sont aussi autant de raisons pour les monopoles impérialistes, dans leur recherche du profit maximum, d'opérer un « transfert de technologie »: certaines industries seront installées sur place dans les pays africains.
En Haute-Volta, parallèlement à cette tendance d'accroissement de la puissance publique, on assiste à une prolifération des petites et moyennes entreprises surtout dans les secteurs industriels et commerciaux ― cela conduit au développement de ce que l'on appelle communément dans notre pays, « l’affairisme ». C'est tout cela qui constitue « une économie par et pour les voltaïques».
Les campagnes voltaïques n’échappent pas à ces mutations économiques et sociales. Là aussi, on assiste à un développement relatif du capitalisme. Dans les campagnes agricoles, le capital financier étend aussi sa mainmise à travers les organismes régionaux (prêts de financement accordés aux ORD par la BIRD, et autres organismes financiers internationaux). Petit à petit, les cultures à vocation industrielle sont introduites(vigne dans la région de Bobo, projet de champs d'hévéa dans l'ORD de la Bougouriba, culture de canne à sucre à Banfora et à Orodara). Les cultures de rentes telles le coton, l'arachide, tout en demeurant prépondérantes sous le rapport du commerce extérieur, seront de plus en plus produites pour les industries locales.
[p.33] L'apparition de la grande production agricole capitaliste, qui se manifeste déjà, sera un phénomène étendu. Elle aura pour conséquence la supplantation et l'élimination progressive de la petite-production agricole.
Notons aussi, que dans ce secteur agricole, l'Etat intervient avec force, par la mise sur pied d'organismes et d'offices régionaux (ORD, AVV, etc..) qui contrôlent et encadrent les producteurs.
Le petit-producteur ne pourra avoir des prêts financiers que par l'intermédiaire de ces organismes d'état. A ce niveau, il convient d'émettre la réserve suivante, à savoir que le financement agricole n'est pas l'exclusivité de l'état, mais des banques du lieu. Ainsi, la BIV installe partout dans les campagnes, des succursales, à cette fin.
Il est à prévoir que dans un avenir prochain, le gouvernement crée une banque « populaire » agricole. Tout cela vise à la mécanisation de plus en poussée de l'agriculture, permettant ainsi l'accroissement de la production capitaliste, pour l'exportation et pour la consommation intérieure.
2. Sur le plan social
Le développement économique aboutira à l'élargissement de la base de la bourgeoisie, surtout de la bourgeoisie bureaucratique. On assistera à l'apparition de « nouveaux riches » baignant dans l'opulence.
Des contradictions surgiront nécessairement entre les diverses fractions bourgeoises, et ce, sur la base d'oppositions réelles ayant pour fondement des intérêts économiques divergents (La BPB, va s'épanouir au détriment de la BC).
L'orientation politique, dans ces conditions, est désavantageuse à la fraction compradore de la bourgeoisie qui cherchera à s'organiser afin d'influencer l’orientation politique qui lui est défavorable.
Le développement économique entrainera l'accroissement de la classe ouvrière et la multiplication des luttes de la classe ouvrière contre la bourgeoisie.
Dans les campagnes, le développement du capitalisme, avec l'extension de la grande production, entraînera, une différenciation des classes au sein de cette paysannerie, différenciation en :
- bourgeoisie agricole ;
- prolétariat agricole ;
- petite-bourgeoisie agricole (liée à la petite-production).
Du point de vue de l'intérêt général des masses populaires, ce sera l'aggravation continuelle de leurs conditions de vie. La paupérisation des masses laborieuses ira croissante.
Ce sera l'éternelle crise des céréales, les endettements perpétuels. Le futur sera toujours une question angoissante :
- comment faire manger la famille ?
[p.34]
- c'est bientôt la rentrée scolaire, et l'enfant qui n'a pas pu avoir une place dans une école, à cause des frais de scolarité très élevés?
- et la femme qui souffre avec son ordonnance en main? Où trouver
les sous nécessaires pour lui procurer les médicaments dans une pharmacie?
- et puis, il y a le sac de mil qui est déjà presque vide et avec ça la fin du mois est éloignée ?
- les cultures cette année ont été mauvaises. Comment joindre les deux bouts, en traversant la période de soudure ?
- et les impôts qui sont là impayés, et avec çà, le mil qui ne se paye pas bien ! c'est même du vol !
En un mot pour le peuple, ce sera les perpétuels humiliations ; la fuite devant les créanciers. Les humiliations sans cesse essuyées devant le patron; les suicides et pendaisons, pour ne pas assister impuissant au spectacle, d'une famille qui se meurt de faim; les éternels abandons des terres appauvries du Nord et l’émigration vers de terres nouvelles, dans le sud.
3. Sur le plan politique.
La tendance au développement du capitalisme d'Etat est incompatible avec l'existence des libertés démocratiques. Les régimes africains auront tendance à se « fasciser » pour l'application tant sur le plan économique et politique, des mesures propres au « dirigisme ». Comme nous l'avons déjà dit, les bourgeoisies africaines sont des bourgeoisies faibles qui ne peuvent se payer le luxe de maintenir les libertés démocratiques bourgeoises (Cf., notre analyse dans « Encore une fois, sur la lutte de lignes au sein de l'AEVF… »).
Ce faisant nous allons aborder les points de divergences sur l'analyse de la situation nationale.
A ce niveau il convient de faire remarquer que quand des gens qui se veulent révolutionnaire désirent travailler à élever la conscience politique des masses, à les éduquer (étant entendu que rien n'est plus précieux que leur propre expérience), ils ne doivent pas partir d'une surestimation, mais d'une appréciation réelle de leur état d'esprit, de l'état de leur conscience politique, afin de les amener par l'agitation et la propagande à la juste et claire perception de la nature réelle du régime et du système existant.
En cette matière, on ne peut et ne doit opérer par volontarisme et se laisser guider par des analyses subjectivistes ; cela c'est le propre d'éléments petits-bourgeois, impatients, aventuristes. De telles vues de l'esprit, nous devons les combattre fermement, sinon à la longue, [p.35] elles aboutiront à fourvoyer la lutte révolutionnaire de notre peuple.
Nos opportunistes (CE de l'AEVF, en tête) aiment introduire à la place des analyses politiques du développement de la lutte de classes et du cours des événements dans le pays dans son ensemble, dans la conjoncture internationale dans son ensemble, des impressions subjectivistes sur l'état d'esprit des masses. Leurs analyses, sur toute la ligne est subjectiviste, volontariste et par conséquent aventuriste.
C'est ce que nous nous proposons de faire ressortir, dans l'examen des points de divergences quant à l'analyse de la situation nationale.
C.- De certains points faisant l’objet de divergence au sein de l’AEVF, quant à l’analyse de la situation nationale.
1. Les causes véritables de l’échec de la mystification électorale de 1978.
Aujourd'hui, les classes dirigeantes parlent de « démocratie » de « libertés », après la grande mystification électorale, lors de laquelle le peuple devait décider de qui ira à l'Assemblée fouler aux pieds ses intérêts fondamentaux.
On a suffisamment parlé de l'échec de cette farce électorale. Ce qu'il faut s'atteler à mettre à nu aux yeux des masse populaires, c'est la nature réelle de cette démocratie.
Démocratie pour qui et pourquoi faire?,
Il ne fait aucun doute, pour tout élément conscient (politiquement) qu'il n'y a de démocratie véritable, de libertés véritables, dans le cadre du régime actuel, que de démocratie bourgeoise contre le peuple ; que de libertés bourgeoises au détriment du peuple.
Il reste à saisir les véritables causes de cette mystification électorale. L'échec des élections dernières, est-il dû au fait que l’électoralisme a fait son temps en Haute-Volta? Que les masses populaires ont compris, que ce n'est pas en envoyant des députés à l’Assemblée Nationale, qu'ils verront la résolution correcte de leurs problèmes vitaux? Est-il dû au fait, qu'elles ont compris que la seule chose qui leur reste à faire, est de prendre les armes et de voler à l'assaut de la citadelle néocoloniale ?
Affirmer cela, c'est faire la preuve qu'on ne s'y connaît pas en politique, que l'on prend ses désirs pour la réalité. C'est faire preuve de subjectivisme politique. C'est enfin faire la preuve que l'on ne connaît pas réellement les masses populaires, don on aime tant parler à tout propos et à propos de tout.
Pour tout homme un tant soit peu averti en politique, sachant faire l’analyse concrète de la situation [p.36] concrète, pour comprendre et expliquer l'échec de ces élections, il faut :
1°) les situer dans le contexte international de la crise de tout le système capitaliste-impérialiste mondial, crise qui a eu des répercussions réelles sur la situation nationale, qui reste marquée par :
- une sécheresse chronique entraînant une famine endémique, atteignant même des seuils alarmants;
- des conditions de vie de plus en plus précaire, et des difficultés à faire face à la montée vertigineuse des prix ;
- une période où les préoccupations des masses étaient aux cultures.
En un mot, le peuple avait plutôt besoin de pain que des « bonnes parole ». C’est pour toutes ces raisons que les masses populaires, ont déployé de façons multiformes leurs luttes en vue d'obtenir de meilleures conditions de vie.
2°) Tenir compte du fait que les candidats, lors de ces élections, étaient les mêmes hommes politiques qui ont déjà eu à faire la preuve de leur incapacité « congénitale » à résoudre les problèmes fondamentaux des masses populaires.
En effet, ce sont les même individus qui dans le passé, avaient eu à promettre « ciel et terre » aux masses populaires et qui, une fois parvenus à l'Assemblé, au pouvoir, ont oublié leurs électeurs. C'était les mêmes démagogues, les mêmes détourneurs de deniers publics et de céréales. Ces hommes-là, le peuple n'en voulait point. Il les avait trop connus à l'œuvre; ces hommes-là, effectivement, pour l'écrasante majorité des masses populaires, avaient fait leur temps. De ces hommes-là, le peuple n'en voulait plus, il en était dégoûté.
Ce sont autant de considérations qui ont motivé les masses populaires dans leur indifférence totale vis-à-vis de cette mystification électorale.
Avec la vieille marchandise, le peuple n'entendait plus se laisser duper, car le peuple, par sa propre expérience, a su de quelle étoffe ces hommes politiques étaient conçus: l’étoffe de la corruption et de la pourriture.
Voilà ce que le peuple, par sa propre expérience, et cela indépendamment de ces « faux amis du peuple » qui crient aujourd'hui à la « faillite totale de l’électoralisme en Haute-Volta ».
Dire donc que les « vieux chevaux » remis en selle lors des dernières élections ont fait leur temps, c'est ce que le peuple même a prouvé en s'abstenant massivement. Une telle affirmation, est même un peu trop osée car, tant qu'il reste encore des éléments des masses populaires (même en nombre très infime) qui continuent de placer leur confiance en ces « vieux chevaux », il serait politiquement faux d'affirmer [p.37] qu'ils ont fait leur temps».
Dire que les élections dernières ont fait faillite, c'est cela même l'évidence. Mais déduire de cette attitude pratique observée par les masses populaires, lors de ces dernières élections, que l'électoralisme a fait son temps, a fait faillite complète, et que les massés populaires, s'en sont démarquées définitivement, vraiment! c'est se tromper soi-même et tromper les autres.
Dire que le peuple s'est démarqué de l'électoralisme, revient à affirmer de façon claire et sans équivoque, que le peuple a pleinement conscience de la nature néocoloniale du régime et qu'il en déduit le fait que dans un tel contexte, l’électoralisme conduit infailliblement à la collaboration de classe.
Cela s'appelle prendre ses» désirs pour la réalité. C'est du subjectivisme petit-bourgeois.
2- Y a-t-il faillite du néocolonialisme en Haute-Volta ?
Pour nos opportunistes de droite avec le CE de l’AEVF et de l’UGEV en tête, cela ne se prête, pas en matière de discussion. C’est là même, une évidence.
Pour eux « nier la faillite du néocolonialisme dans notre pays, revient à nier l’existence des conditions objectives pour la révolution dans notre pays, nier que sur la base de ces conditions objectives de vie et de travail, les élèves, travailleurs et étudiants posent aujourd'hui de façon concrète la nécessité d'un changement en leur faveur (c'est-à-dire la RNDP à l'étape actuelle de la lutte dans notre pays), c'est nier ou capituler devant les tâches des patriotes et des révolutionnaires pour contribuer à la maturation des conditions subjectives (conscience politique, organisation, mobilisation des masses populaires, ouvrières et paysannes ― notamment) pour l’avènement de la RNDP (car le néocolonialisme ne tombera pas de lui-même). En dernière analyse, c'est purement et simplement le soutien et la défense du néo colonialisme dans notre pays. » (Lettre d'orientation du CE de l'AEVF aux sous-sections, pour la préparation du congrès, p. 5).
Qu'est-ce qui est à la base de l'affirmation de la « Faillite totale du néo-colonialisme » dans notre pays? (comme vous l'avez remarqué, dans le long extrait produit ci-dessus, le mot « totale » (« faillite totale ») a disparu. Cette disparition subite, nous l'expliquerons plus loin)
[p.38] « La situation sociale des masses populaires dans notre pays montre de façon claire que 18 années de néo-colonialisme n'ont amené au peuple que l'approfondissement de la misère, de l’humiliation, suite au renforcement de la domination et de l'exploitation par l'impérialisme principalement français et ses valets locaux (pouvait-il en être autrement chers opportunistes ?).
Mais ces 18 années ont créé la richesse et le luxe pour la minorité exploiteuse liée à l'impérialisme notamment français (BPB, BC, VFF), qui a montré très clairement son incapacité à résoudre les problèmes fondamentaux des masses, et aussi sa faiblesse dans la défense de ses intérêts et ceux de ces maîtres impérialistes français (mais c'est cela même l'essence du néocolonialisme, chers opportunistes). Ceci traduit que les conditions objectives de la Révolution sont réunies dans notre pays(souligné par nous), bases sur lesquelles se développent les luttes populaires multiformes, à travers lesquelles aussi grandit le niveau de conscience des masses grâce au travail des patriotes et des révolutionnaires »(ibid.).
Puis suit une citation du réactionnaire Gérard Kango, gue les opportunistes produisent pour confirmer leurs analyses.
Voilà l'essentiel de leurs analyses, quant à la « faillite du néocolonialisme en Haute-Volta ».
Quant aux déclamations adressées à l'encontre de tous ceux qui ne seraient pas d'accord avec une telle vue de l'esprit, elles sont sans effet sur nous. Ce que nos opportunistes de droite ne comprennent pas, c'est qu'en politique, on ne peut procéder rien qu'avec des déclamations, rien qu'avec des vœux pieux, mais avec une argumentation rigoureuse et convaincante. Et c'est ce que nous allons leurs fournir, et mettre de ce fait à nu, le fait qu'ils prennent leurs désirs de petits-bourgeois exaspérés pour la réalité. Nous allons une fois de plus montrer que dans toutes leurs analyses, ils procèdent par subjectivisme et ce faisant, ils versent dans l’aventurisme, le « putschisme ». Toutes ces analyses subjectivistes ne font que rembourrer le lit de la pseudo-révolution dans notre pays.
Avant d'aborder la critique de cette analyse subjectiviste, relevons en passant le recul sans autocritique du CE opportuniste, quant à la « faillite totale du néo-colonialisme dans notre pays ». En effet, dans sa lettre d'orientation au séminaire de juillet, le CE opportuniste affirmait ceci : « De notre point de vue, trois facteurs principaux expliquent la situation électoraliste actuelle:
a- Il y a d'abord la mise à nu de la faillite totale du néocolonialisme dans notre pays. Cette faillite se traduit par l'incapacité con-[p.39]génitale du pouvoir fantoche à résoudre les problèmes fondamentaux des larges masses populaires ... ».
Aujourd'hui le CE parle de faillite tout court. C'est là un recul net, non avoué qui n'élimine pas le caractère erroné de l’analyse.
Passons à l'examen des sources d'erreurs qui sous-tendent de telles analyses.
a) Le néo-colonialisme est un système historiquement condamné à la faillite.
Dire que le néo-colonialisme est condamné à une faillite certaine, qu’il a fait historiquement son temps, c'est ce que les éléments révolutionnaires conscients doivent percevoir et s'armer de courage pour livrer une lutte résolue de longue haleine contre le système néocolonial.
En effet, le néo-colonialisme et plus précisément le système capitaliste et impérialiste, au point de vue historique (de l’histoire universelle), a fait son temps. Comme nous l'affirmions plus haut, dans l’introduction, l'époque du capitalisme en tant que système économique et social progressif (ascendant) est révolu. Nous sommes à l'époque de l'impérialisme, à l'époque des révolutions prolétariennes et des luttes de libération nationale.
De là à l'affirmation gratuite, ponctuelle, de la faillite totale (de son écroulement) dans la pratique, il y a un fossé, que les petits-bourgeois aventuristes ont vite fait de franchir, l’âme en paix. Ils ne comprennent pas, comme le dit Lénine, qu’« à l'échelle de l'histoire universelle, c'est par des dizaines d'années que l'on compte. Dix ou vingt ans plus tôt ou plus tard ne comptent pas du point de vue de l'histoire universelle ; c'est au point de vue de l’histoire universelle une quantité négligeable qu'il est impossible de mettre en ligne de compte, même approximativement. Mais c'est justement pourquoi, en invoquant, dans une question de politique pratique, l'échelle de l'histoire mondiale, on commet la plus flagrante erreur théorique ». (Lénine. O.C., T.31, p.51-52).
Il ressort de ce que nous venons de dire, le fait suivant : la vérité selon laquelle le système néocolonial est condamné (historiquement parlant) à une faillite certaine, a été exagérée par nos opportunistes aventuristes. Ils l'ont défendue en la poussant à l'absurde. Ils l'ont rendue exorbitante. Ils l'ont étendue au-delà des limites de son application réelle. Ils l'ont poussée à l'absurde et ce faisant, cette vérité s'est transformée en absurdité dans la bouche de ces opportunistes. Ainsi, ils ont discrédité cette idée politique absolument juste.
En effet, affirme Lénine :
« Le moyen le plus sûr de discréditer une nouvelle idée politique (et pas seulement une idée politique) et de lui nuire, c'est la défendre en la poussant à l'absurde. En effet, toute [p.40] vérité, si on la rend "exorbitante" (...), si on l'exagère, si on l’étend au-delà des limites de son application réelle (souligné par nous), peut être poussée à l'absurde et dans ses conditions se change même infailliblement en absurdité ». (Lénine. O.C., T.31, p.57-58).
L'Etat néocolonial est comme une machine avec de multiples rouages. A un moment donné, un des rouages de la machine cesse de fonctionner et après quelques tours à vide, s'arrête de nouveau pour longtemps.
Il n’existe pas de moyens pour guérir cette maladie, dans les limites du régime politique actuel. La faillite certaine du régime se manifeste à chaque moment et ceci va miner ses bases « de plus en plus profondément, privant le gouvernement de toute autorité aux yeux des gens indifférents, et multipliant le nombre de ceux qui prendront conscience de la nécessité de lutter contre lui. ». Il arrive que telle ou telle orientation politique à un moment donné, fasse faillite. La bourgeoisie y renonce pour mettre d’autres moyens en œuvre (pseudo-révolution comme moyen potentiel de rechange).
En outre, il faut se convaincre de l'idée selon laquelle, ce qui a fait son temps pour nous (éléments conscients) n'a pas encore fait son temps pour la grande masse du peuple. Même si ce n'était qu'une infime minorité des ouvriers et des paysans qui restait abusée par la mystification de la bourgeoisie réactionnaire, il en résulterait que le néocolonialisme, politiquement, n’a pas fait faillite (totale).
Or il se trouve qu'en Haute-Volta, il y a des millions et des millions de paysans et d'ouvriers qui ne perçoivent pas encore la domination néocoloniale (comme cause de leurs souffrances et de leur misère).
Il est possible que des aventuristes prennent leur désir, leur façon de voir en idéologie et en politique, pour la réalité:
« c'est là, pour des révolutionnaires, selon Lénine, la plus dangereuse erreur ». « Mais le tout est justement de ne pas croire gue ce qui a fait son temps pour nous a fait son temps pour la classe, a fait son temps pour les masses » (Lénine. O.C., T.31, p.53).
Mais les aventuristes nous répondront qu'ils sont « l’avant-garde tout court du peuple voltaïque », parce que justement ils savent devancer les événements, ils savent ne pas « admirer le postérieur du prolétariat » (pour reprendre l'expression d'un petit bureaucrate qui excelle dans les âneries politiques), parce qu'ils savent ne pas se rabaisser aux points de vue des masses les plus arriérées. Ce à quoi nous répondrons, en nous appuyant sur Lénine:
« Vous êtes tenus de ne pas vous abaisser au niveau des masses. C'est indiscutable. Vous êtes tenus de leur dire l'amère vérité. Vous êtes tenus d'appeler préjugés leurs préjugés démocratiques bourgeois et parlementaires. Mais en même temps, vous êtes [p.41] tenus de surveiller d'un œil lucide l'état réel de conscience et de préparation de la classe toute entière (et pas seulement de son avant-garde communiste), de la masse travailleuse toute entière (et pas seulement des éléments avancés ». (Lénine. O.C., T.31, p. 54)»
Tant que les forces révolutionnaires n'auront pas la force de dissoudre, de détruire le système néocolonial, on ne peut affirmer que le néocolonialisme a fait son temps en Haute-Volta.
Les révolutionnaires se doivent de travailler inlassablement, à éduquer les couches retardataires (qui constituent l'écrasante majorité aujourd'hui dans notre pays), afin d'éveiller et d'éclairer ces masses « incultes », opprimées et ignorantes. Il leur faut travailler pour sortir ces masses, écrasées sous le poids de l'obscurantisme. A moins d'être des putschistes qui veulent mener des actions « révolutionnaires » en dehors des masses populaires, le néo-colonialisme en Haute-Volta n'a pas encore fait faillite (totale).
Quand nos opportunistes affirment la faillite (totale) du néocolonialisme, ils se réfèrent certainement au fait que le système existe depuis fort longtemps (18 ans). Or la question n'est pas de savoir si le néocolonialisme en tant que système économique, politique et social existe depuis fort longtemps ou depuis peu, mais si les grandes masses laborieuses sont prêtes (idéologiquement, politiquement, pratiquement à adopter le régime démocratique et populaire :
- idéologiquement : cela est sûr dans notre pays. Les masses, populaires ne désirent plus vivre comme avant, et aspirent à un changement véritable en leur faveur.
- politiquement : à part la petite-bourgeoisie intellectuelle et surtout les étudiants organisés au sein de l’UGEV, l'écrasante majorité des masses populaires voltaïques a une conscience politique presque inexistante. Elles ne perçoivent pas encore comme origine de leurs misères, et souffrances, la nature néocoloniale de l'Etat.
- pratiquement : cela encore est moins sûr, car les masses fondamentales demeurent cruellement inorganisées.
Les révolutionnaires (nous ne parlons pas des « putschistes ») ne pourront être à même de dissoudre, de détruire le néocolonialisme, que lorsque les masses fondamentales seront préparées, idéologiquement, politiquement et techniquement (pratiquement) à la lutte pour la révolution.
Affirmer la faillite (totale) du néocolonialisme dans le contexte actuel de notre pays, c'est prendre « naïvement la négation subjective » d'un système réactionnaire, « pour sa destruction effective par les forces conjuguées de divers facteurs objectifs ».
[p.42]
b) Le néocolonialisme peut-il résoudre les problèmes fondamentaux des masses populaires ?
Une telle question en apparence semble superflue. Et pourtant, à entendre nos opportunistes causer, on penserait bien, que le néocolonialisme peut effectivement résoudre les problèmes fondamentaux des masse populaires.
Cela, même s'ils ne l'avouent pas de façon explicite est contenu implicitement dans leurs analyses, puisque c'est en partant du constat de « l'incapacité congénitale du pouvoir fantoche à résoudre les problèmes fondamentaux des larges masses populaires » qu’ils déclarent la faillite (totale) du néocolonialisme dans notre pays. Tout comme si le néocolonialisme avait pour but la résolution des problèmes fondamentaux des masses populaires.
C'est seulement avec une telle vision du néocolonialisme, que l'on peut être conduit à tirer la conclusion de sa faillite (totale), eu égard aux problèmes fondamentaux des masses qui ne font qu'empirer.
Sinon, pour qui a en vue que le système néocolonial est un système qui est au service de l’impérialisme et des classes et couches sociales réactionnaires dans notre, pays, un tel constat d'échec, n'est qu'une chose normale. C'est le contraire qui aurait poussé à déclarer le système en faillite, car il faut avouer qu'un système qui prend en charge de résoudre les problèmes fondamentaux des masses, n'est déjà plus un système néocolonial, il a fait faillite.
Nous sommes forcés d'aboutir à la fin de notre analyse, à la conclusion selon laquelle, ce n'est pas le système néocolonial qui a fait faillite, mais bel et bien la ligne opportuniste de droite prédominante au sein de l’AEVF et de l’UGEV qui a fait faillite totale dans son approche de la réalité néocoloniale voltaïque.
Il n'y a rien d'étonnant en cela, car nos opportunistes de droite nourrissaient des illusions quant à la nature réelle du néocolonialisme.
Nous avons prédit (et ce, historiquement parlant) que l'opportunisme (de droite) fera à coup sûr faillite dans notre pays. Et c'est là une manifestation de cette faillite certaine qui s'est produite.
Mais poursuivons.
c) Existe-t-il une situation révolutionnaire dans notre pays, à l'heure actuelle?
A entendre nos opportuniste de droite parler, on penserait qu'il existe depuis fort longtemps dans notre pays, une situation révolutionnaire qui s'éternise.
Cette question mérite une attention particulière car, comme nous l'avons déjà affirmé, c'est à l'aide des confusions théoriques que nos opportunistes font passer leurs inepties politiques pour des analyses pertinentes.
[p.43] Selon les opportunistes de droite, « les conditions objectives de la révolution sont réunies dans notre pays », il ne reste plus pour les révolutionnaires qu'à travailler pour « la maturation des conditions subjectives ». En d'autres termes, il existe en Haute-Volta, une situation révolutionnaire; voilà ce que cela veut dire.
- Qu'est-ce qu'une situation, révolutionnaire ?
Lénine s'était posé la question: « Quels sont d'une façon générale, les indices d'une situation révolutionnaire? »
Et y avait répondu en ces termes :
« Nous sommes certains de ne pas nous tromper en indiquant les trois principaux indices (souligné par nous) que voici :
1°) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée, crise du "sommet", crise de la politique de la classe dominante, qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l'indignation des classes opprimées se feraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe que le "sommet ne le puisse plus".
2°) Aggravation, plus qu'à l'ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées.
3°) Accentuation marquée, pour les raisons indiquées plus haut, de l'activité des masses, qui se laissent tranquillement piller dans les périodes "pacifiques", mais qui, en période orageuse, sont, poussées tant par la crise dans son ensemble que par le "sommet" lui-même(souligné par Lénine), vers une action historique indépendant ».
Ces trois principaux indices sont-ils réunis dans la situation actuelle de la Haute-Volta ? Absolument non !
Dans notre pays, il existe certaines conditions objectives pour la révolution. Mais toutes les conditions objectives (surtout les principales) ne sont pas réunies, contrairement à ce qu'affirment nos opportunistes de droite:
― il est un fait indéniable que dans notre pays, les masses ne veulent plus vivre comme avant, et qu'elles aspirent à un changement réel de leurs conditions, de vie ;
― il est un fait indéniable que les classes dirigeantes (« ceux d'en haut », le « sommet ») sont en train de changer leur forme de gouvernement. Elles veulent « changer le fusil d'épaule ». Elles veulent troquer, à la forme démocratique (bourgeoise) de gouvernement, la forme dictatoriale de type fasciste, de gouvernement.
La forme démocratique est porteuse de menaces pour leur existence. Cela veut dire qu'ils ne peuvent plus continuer de vivre comme avant, sans changer de forme de gouvernement. Pour qu'ils puissent continuer à [p.44] s'enrichir impunément sur le dos du peuple, à vivre dans l'opulence criarde, il leur faudra renoncer à leur démocratie et diriger maintenant avec une « main de fer » sans avoir besoin de la camoufler, dans un « gant de velours ».
Elles ne peuvent donc plus continuer de vivre comme avant, sans un régime « fort » qui puisse les protéger des explosions sociales des masses populaires, qui s'annoncent déjà pour l'avenir, être plus amples et plus révolutionnaires.
― il est un fait indéniable que la misère et la détresse des masses populaires se sont aggravées plus qu'à l'ordinaire. Mais il n'est pas dit que ce seuil d'aggravation soit le seuil limite en dessous duquel les conditions de vie des masses ne peuvent empirer. Au contraire, il est à prévoir que dans l'avenir, la misère et la détresse des masses soient amplifiées.
Ces conditions objectives en faveur de la révolution existent dans notre pays. Elles ne suffisent pas pour affirmer que les « conditions objectives de la révolution sont réunies dans notre pays ». Elles ne créent pas une situation révolutionnaire, car ne constituant pas encore les changements objectifs essentiels.
C'est l'ensemble des changements objectifs essentiels qui constitue une situation révolutionnaire.
La situation révolutionnaire suppose l'existence de conditions objectives favorisant une effervescence parmi les masses, pour l'intensification de leurs activités. Dans une telle situation, la colère et le désespoir grandissent dans les masses.
Lors d'une situation révolutionnaire, il y a une crise politique à l'échelle de toute la nation :
« et c'est une crise qui atteint précisément les bases de l'organisation de l'état, et nullement n'importe lequel de ses points de détail; elle atteint les fondations de l'édifice, et non pas l'une de ses ailes, l'un de ses étages » (Lénine. O.C., T.1.9, p.233).
C'était le cas en Haute-Volta, lors des événements du 3 janvier 1966.
C'était encore le cas, lors des grèves des 17 et 18 décembre 1975.
C'est le cas aujourd'hui en Iran.
Lors d'une situation révolutionnaire :
― les masses en ébullition font perdre la tête au gouvernement ;
― la foule commence à prendre conscience de la légitimité des revendications présentées par les hommes d'avant-garde de la classe ouvrière;
― « le pouvoir n'a déjà plus la force de vaincre, la révolution ne l'a pas encore »; de là d'immenses oscillations. Accroissement terrible, formidable des phénomènes révolutionnaires (grèves, meetings, barricades, comité de salut public, paralysie complète du gouvernement, etc.).
[p.45] « Toutes les institutions hésitent à se mettre en marche (la troupe hésite, la cours temporise,...) »
« La révolution en est arrivé à une phase où il est avantageux à la contre-révolution d’attaquer, de prendre l’offensive »
- Situation Révolutionnaire et conditions subjectives.
« La révolution, dit Lénine, ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas ou à tous les changements objectifs ci-dessus énumérés, vient s'ajouter un changement subjectif, à savoir : la capacité, en ce qui concerne la classe assez vigoureuse pour briser complètement (ou partiellement) l'ancien gouvernement, qui ne "tombera" jamais, même à l'époque des crises, si on ne le "fait choir" » (Lénine. O.C., T.21, p.217 »).
Comme condition subjective essentielle, il y a l'existence d'un fort, parti de la classe ouvrière qui sache mobiliser et diriger les masses populaires afin de transformer la situation révolutionnaire en révolution.
Ce qu'il faut aussi percevoir, c'est que la situation révolutionnaire mûrit dans le feu de la lutte des classes. Elle se forme par l'action réciproque de facteurs objectifs et subjectifs.
En effet le facteur objectif et le facteur subjectif ne sont pas séparés par une muraille de chine, mais sont en « étroite liaison dialectique entre eux ».
« Dans cette liaison, le facteur subjectif joue directement un grand rôle dans la maturation de la situation révolutionnaire, de même que le facteur objectif accroît les possibilités de renforcement du facteur subjectif » (Ramiz Alia: La révolution, question posée et à résoudre, Ed. Norman Béthune, p.30).
C'est l'inexistence des conditions subjectives dans notre pays, qui ont fait que les événements du 3 janvier, et les mouvements de grèves des 17 et 18 décembre n'ont pu se transformer en une révolution véritable.
Sans l'existence d'un parti de la classe porteuse du changement historique, du véritable parti de la classe ouvrière, la révolution ne peut triompher. L'existence d'un tel parti doit s'accompagner, d'un changement dans la manière de voir de la majorité des masses fondamentales (masses ouvrières et paysannes) auquel cas la révolution est impossible.
« La révolution, en tant qu'activité consciente sociale et politique des masses, en tant qu'échelon suprême de la lutte de classe, ne peut se concevoir ni se réaliser, sans la conviction, la mobilisation et l'organisation des masses pour de puissantes actions révolutionnaires »(Ramiz Alia. Ibid., P 30).
Toute chose qui est contraire à l'aventurisme putschiste.
Quand nos opportunistes de droites affirment que « les conditions objectives de la révolution sont réunies dans notre pays », et que c'est cela qui fait [p.46] la « faillite » (« totale ») du Néocolonialisme ; en d'autres, termes, ils affirment que la révolution est mûre dans notre pays, et qu’« elle peut être déclenchée à tout moment, pourvu qu’il se trouve une poignée d'hommes prêts à prendre les armes ».
De telles analyses, ne sont que subjectivistes et volontaristes. Ils font fi de la réalité prévalant dans notre pays. Ils font fi du fait que dans notre pays l'écrasante majorité de la population continue de baigner dans l'obscurantisme total. Or pour amener un changement dans la façon de voir de la majorité des masses fondamentales, la seule propagande ne suffit pas, c'est l'expérience politique des masses qui l'amène….
- Pour en terminer avec cet aspect de la question, nous dirons avec Lénine que :
« la loi fondamentale de la révolution, confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du XXe siècle, la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l'impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C'est seulement lorsque "ceux d’en bas" ne veulent plus et que " ceux d’en haut" ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s'exprime Autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs). Ainsi donc, pour qu’une révolution ait lieu, il faut: premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prêts à mourir pour elle; il faut ensuite que les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu'aux masses les plus retardataires (l’indice de toute vraie révolution est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi les masses laborieuses et opprimées, jusque-là apathique), qui affaiblit le gouvernement et rend possible pour les révolutionnaires son prompt renversement » (Lénine. O.C., T.31, pp. 80-81).
Une autre source d’erreur des opportunistes, c'est qu'ils sont des gens qui aiment plutôt apprendre par cœur et ce faisant, ils ne retiennent que des mots d'ordre de la révolution, sans jamais les comprendre.
Aussi, ils ont mal compris et mal interprété la thèse importante formulé par Enver Hodja lors du VIIe congres du PTA et selon laquel-[p.47]le : « le monde se trouve à une phase où la question de la révolution et de la libération nationale n'est pas seulement une aspiration et une perspective, mais un problème posé et à résoudre »(souligné par nous ).
d) Pour une juste compréhension de la « révolution qui est un problème posé et à résoudre »
Dans la thèse importante formulée ci-dessus, nos opportunistes n'ont retenu que la seconde partie : « La révolution est un problème posé et à résoudre ». Ne retenant que cette partie de la thèse, ils en ont fait un emploi abusif, en le plaquant mécaniquement sur la situation en Haute-Volta.
Cette thèse dans ces deux parties se tient de bout-en-bout:
- 1ère Partie : « La question de la révolution et de la libération nationale n’est pas seulement une aspiration et une perspective »
Cela veut dire que la révolution tout en étant une aspiration et une perspective, n'est pas seulement cela.
Cela veut dire que partout dans le monde, les masses aspirent à la révolution. Les masses populaires voltaïques aspirent à la révolution. Cette aspiration à la révolution nécessite une perspective claire, juste et révolutionnaire. Cette perspective a été tracée pour les peuples du monde par la révolution d'Octobre. Aujourd'hui le peuple albanais sous la direction du PTA, continue de maintenir haut levé le drapeau de la révolution, éclairant ainsi les ouvriers et les peuples du monde dans leur lutte pour réaliser leur aspiration à la révolution.
En Haute-Volta, la « révolution est une perspective », reste posé, et il revient aux révolutionnaires authentiques par leur travail de propagande, d'éclairer les masses populaires dans la voie juste.
Aujourd’hui, le réformisme reste prédominant au sein des couches et classes sociales politisées (syndicat petit bourgeois et syndicats ouvriers). Sans une perspective claire on ne peut résoudre correctement la révolution quand bien même elle serait une question posée et à résoudre.
- 2ème partie: « La révolution, est une question posée et à résoudre »,
repose sur une analyse de la situation mondiale, marquée par l'existence d'une situation révolutionnaire. En effet nous sommes à l'époque de l'impérialisme et des révolutions prolétariennes et des luttes de libérations nationales. Cela veut dire que le système capitalistes-impérialiste est mûr dans l'ensemble, et que la révolution est à l'ordre du jour. Ce n'est pas une vérité absolue, qui s'applique n'importe où, indépendamment de la situation concrète dans chaque pays.
C'est cela que nos opportunistes de droite n'ont pas compris, et ont transposé mécaniquement dans notre pays.
Dire que la révolution est une question posée, et à résoudre signifie que dans certains pays, il existe une situation révolutionnaire, que dans d'autres pays elle est en maturation (en développement).
Autrement dit, les conditions objectives de la révolution sont réunies dans certains pays (la révolution dans ces pays est mure) et sont en train de se réunir dans d'autres.
Nous disions que c'est une thèse qui se tient de bout en bout. Ne voir que la première partie et s'en tenir là, c'est jouer un rôle d'arrière-garde, c'est se mettre à la traîne des événements ; c'est retarder sur les faits ; c'est de l'opportunisme de droite. C'est le cas des théoriciens des 3 mondes qui nient l’existence d'une situation révolutionnaire dans le monde.
Faire fi de la première partie, pour ne voir que la deuxième partie et ne pas comprendre que c'est là une analyse de la situation mondiale, qui est à la base de cette formulation et vouloir la transposer mécaniquement en tout temps et en tout lieu, indifféremment de la situation réelle qui prévaut dans chaque pays, c'est purement et simplement verser dans l'aventurisme (versus opportunisme de droite).
Tout dépend des conditions historiques concrètes prévalant dans chaque pays.
Avec cet aspect, nous finissons avec l'examen de cette « faillite (totale) » du néocolonialisme dans notre pays.
Une fois de plus nous venons de faire la preuve du caractère subjectiviste, volontariste des analyses de nos opportunistes de droites.
En fait de faillite, ce sont les analyses de nos opportunistes de droite qui ont fait faillite totale.
III. Encore sur le mot d’ordre de front démocratique
Sur le mot d’ordre de « Front démocratique » (FD), nous avons mené une analyse profonde et détaillée dans notre document, « Encore une fois... » et nous avons abouti à la conclusion que c'est là, un mot d'ordre erroné populiste, aventuriste, réformiste, putschiste et en dernière analyse contre-révolutionnaire, parce que constituant un lit favorable au développement de la pseudo-révolution dans notre pays.
Nous ne reviendrons pas sur nos analyses antérieures. Au congrès, un suppôt influent à la base, a eu la prétention de vouloir réfuter point par point toutes notre critique à propos de ce mot d'ordre. Il s'est levé, et dans un balbutiement embrouillé, s'est mis à parler. Puis « tout à coup soudain », au beau milieu de ses balbutiements opportunistes, il s'est rassis, en suant à grosses gouttes. Voilà ce qui arrive aux opportu-[p.49]nistes qui d'aventure osent s'attaquer à nos justes points de vues. Ils se cassent les dents.
« Qui s'y frotte! s'y pique! c'est!!! Scientifique! ».
Voilà ce que n'aiment pas entendre nos opportunistes, c'est pourquoi nous l'affirmons pour les faire encore plus rager. On n'y peut rien. Ce n'est pas de notre faute si vous êtes des opportunistes indécrottables.
Le seul point sur lequel les opportunistes de droites, surtout ceux juchés à la direction de l'AEVF, ont voulu s'agiter, c'est sur le 1èr point des revendications des travailleurs à partir du principe
de l'unité d'action à la base : « Droit de constituer des partis politiques » (voir p.53)
Le fait d'inscrire ce point en tête des revendications, est la preuve de notre opportunisme, dans la mesure, où toujours selon eux, même la bourgeoisie elle, a compris qu'il faut limiter les partis à 3 dans leur constitution bourgeoise réactionnaire.
Alors ! parce que la bourgeoisie limite le nombre des partis trois (3) dans leur constitution, que nous nous devons, de nous en tenir sur ce point de vue de la bourgeoisie ? Mais ce faisant qui fait de l'opportunisme? Qui fait du légalisme? En outre quels sont les partis déjà existant en Haute-Volta?
Tous des partis de la bourgeoisie et des forces féodales réactionnaires.
Où sont les partis des masses fondamentales, le parti des ouvriers ?
Et nous devons nous tenir au point de vue de la bourgeoisie, et ne pas inciter les travailleurs à revendiquer la reconnaissance de leur parti, si un jour il en existe un?
Vous verrez la aussi du légalisme, mais vous n'y êtes pas non plus ! Car tout en luttant pour la légalité, les travailleurs et surtout la classe ouvrière doit et devra développer leurs luttes illégales ; cela vous ne pouvez pas le comprendre car votre éternel mal, c'est que vous aimez plutôt apprendre par cœur, et ainsi vous retenez des mots d'ordres, des méthodes de luttes révolutionnaires, sans jamais les comprendre.
Dans leur lutte les révolutionnaires doivent savoir combiner ces d'eux formes de luttes (légales et illégales) tout en mettant l'accent sur les actions illégales.
Ceci dit, notre propos était d'aborder un autre aspect de la critique du mot d'ordre.
Dans « Encore une fois… » à la page 54 nous écrivions : « ... de mêmes méthodes de luttes peuvent être révolutionnaires ou réformistes, tout dépend des moyens pour réaliser et des formes de lutte et d'action, du rapport des forces réelles et du contexte historique ».
Il convient de préciser, que dans le contexte actuel de notre pays, ou le rapport de force est en défaveur des masses fondamentales, si le front démocratique même dans sa juste compréhension (mot d'ordre stratégique, sachant unir la lutte pour les libertés démocratiques à la lutte anti-[p.50]impérialiste) est lancé non pas par l’UGEV, mais par un soi-disant parti révolutionnaire, en tant que mot d'ordre d'action (tel qu'on le voit actuellement), il demeure un mot d'ordre réformiste, aventuriste et putschiste.
Et ce prétendu parti révolutionnaire, ne peut être qu'un parti révolutionnaire en parole, mais réformiste en fait.
De surcroît si ce parti révolutionnaire se veut communiste, de deux choses l'une :
- ou c'est un parti révisionniste,
- ou c'est un parti petit bourgeois populiste, se couvrant du manteau du communisme.
Dans les deux cas, cela revient au même: le prolétariat et les travailleurs seront livrés pieds et poings liés à la bourgeoisie dans un tel front démocratique.
Nous aimons à dire, que la lutte politique est scientifique et cela déplaît fort aux opportunistes de droite de l'AEVF. Mais c'est vrai ! Elle est toute une science.
« La politique, affirme Lénine, est une science et un art qui ne tombent pas du ciel, qui demandent un effort. »
La science politique veut qu’on :
- tienne compte de l’expérience des autres pays ;
- tienne compte de toutes les forces, groupes, partis, classes et masses, agissant dans un pays.
Au lieu de déterminer la politique uniquement d'après nos désirs et nos opinions à nous seuls.
C'est ainsi que sachant nous inspirer de l'expérience des autres pays, nous savons que le processus de développement de tout parti (parti révolutionnaire s'entend!) il faut distinguer 3 phases, 3 périodes nécessaires (voir d'ailleurs à ce sujet le journal communiste « Le prolétaire », paru dans notre pays) :
1°) une première période, qui est celle de sa formation et de sa création. « L'attention et les préoccupations du parti, dans cette période, sont concentrées sur lui-même, sur son existence, sur son maintien ».
2°) une deuxième période, où le parti passe à la conquête et cherche à assurer son hégémonie sur les masses fondamentales (ouvrières et paysannes). Ils cherchent dans cette période à contrôler les organisations démocratiques des travailleurs.
3°) enfin, une 3ème période où il passe à la conquête du pouvoir.
Donc s'il naît aujourd'hui en Haute-Volta, le parti communiste marxiste-léniniste, le parti authentique de la classe ouvrière, ce ne peut être que dans la 2è période de son édification que ce parti pourra lancer un tel [p.51] mot d'ordre de front démocratique. En ce moment, le parti se serait donné les moyens pour le contrôle et l'application conséquente d'un tel mot d'ordre. Parce qu'on ne lance pas un mot d'ordre tout en étant convaincu, de ne pas être à même de le contrôler et de pouvoir se battre pour son application conséquente. Le faire, conduit aux mêmes conséquences désastreuses des mouvements de grèves des 17 et 18 décembre 1975.
Pour en finir avec ce point, référons-nous à Lénine :
« on commet constamment, chez nous, l'erreur de juger les mots d'ordre et la tactique d'un parti ou d'un groupe, son orientation en général, d'après les intentions ou les motifs que ce groupe lui-même proclame. Un tel jugement n'a aucune valeur (souligné par nous). L'enfer est pavé de bonnes intentions ; cela a été dit il y a fort longtemps.
Ce gui compte, ce ne sont pas les intentions, les motifs, les discours, mais indépendamment d'eux, la situation objective qui détermine le sort portée des mots d'ordre, de la tactique ou en général de l'orientation d'un parti ou d'un groupe donné »(souligné par nous. Lénine. O.C., T.19, pp. 275).
Quant à nos opportunistes de droite, la seule caractérisation qu'ils méritent, c'est qu'ils sont des « chevaliers du succès de l'instant » (« le mot d'ordre de "FD." a fait ses preuves! », « les syndicats voltaïque l'adoptent », etc...).
Quant à nous, en dépit de toutes les déclamations, nous restons convaincus que « la réalité est le meilleur remède à toutes les divergences ».
En parole, les opportunistes de l’AEVF rejettent le réformisme de principe, dans les faits, ils l’appliquent sur toute la ligne.
« Le sentiment, les vœux pieux, la colère, l'indignation, tel est le seul contenu de ce mot d'ordre à l'heure présente. Et un mot d'ordre qui n'a que ce contenu, on l'appelle précisément une phrase révolutionnaire ».
Or, « on ne saurait fonder une tactique révolutionnaire sur le seul sentiment révolutionnaire. La tactique doit être tracée de sang-froid, avec une objectivité rigoureuse, en tenant compte de toutes les forces de classe dans l'état en question (...), ainsi que de l'expérience révolutionnaire ». (Lénine. OC., T.31, p.59).
IV. SUR L'OPPOSITION BOURGEOISE REACTIONNAIRE : l'OBR.
L'OBR est parue pour la première fois dans les analyses du CE de l'AVF, dans le texte d'orientation qu'il a eu à adresser aux différentes sous-sections (exceptées la sous-section de Paris pour des raisons déjà connues) pour la préparation du séminaire de juillet 1978. Dans ce texte analysant les éventuelles conséquences d'un coup d'état de type fasciste, le CE de l'AEVF écrit : « ce coup d'état de type [p.52] fasciste peut avoir pour conséquence la création d'une opposition bourgeoise réactionnaire ( déjà latente avec le « front de refus ») constituée de fractions de la BPB et de la BC, écartées du pouvoir d'état et qui ne partageront pas la nouvelle orientation (souligné par nous) et comme l'exemple de la Guinée (avec le FLNG) nous le montre elle n'hésitera pas à se mettre, s'il le faut sous l'aide protectrice d'autres puissances impérialistes rivales »(P.4).
La même analyse est reprise dans le document du CA 78 à la page 12.
Ainsi l'on retient que l'OBR sera la résultante du coup d'état de type fasciste, et tout à coup à la page 19, on assiste à l'irruption soudaine, de cette OBR : « En effet à la faveur de l'irruption sur la scène politique nationale d'une opposition bourgeoise réactionnaire à l'issue de la farce électorale, la lutte de ligne intense qui secoue le mouvement démocratique s'est davantage approfondie ».
Et voilà on l'attendait à droite, et la voilà (l'OBR) qui surgit à gauche. Elle devait tomber du ciel, et la voilà qui surgit des profondeurs du sous-sol terrestre.
Qui est-ce qui est désemparé ?
C'est bel et bien les théoriciens du CE de l'AEVF qui sont désemparés.
L'OBR devait être provoquée par le coup d'état de type fasciste, mais elle est produite par son contraire, par la farce électorale.
Ainsi advient-il de toute analyse qui ne repose sur aucun fondement solide.
Il ressort de ce qui vient d'être dit, que la base de l’opposition entre bourgeois, relève de « la cristallisation des contradictions inter-valets », tous valets d'un même impérialisme. Le seul et unique motif d'opposition, c'est la rivalité pour accéder au rang de valet privilégié de l'impérialisme français.
De l'aveu même du CE de l'UGEV, « la base de classe de toutes ces formations politiques réactionnaires ci-dessus citées est identiques. Leur querelle se situe dans le cadre de leurs contradictions internes et de leurs luttes pour la prédominance à gouverner le pays, sous la tutelle de l'impérialisme français ».
Cette « apparition» ou « existence » de l'OBR, se réduit en fait aux éternelles contradictions inter-valets qui ont toujours caractérisés tous les régimes néocoloniaux passés sous domination française. En guise d'un désaccord, sur la base d'une orientation politique, que telle ou telle fraction de la bourgeoisie ne partagerait pas, il n'en est rien.
Ecoutons un journaliste du « Soleil » (hebdomadaire du pays), qui ne peut en aucun cas être soupçonné d'anti-impérialiste, parler de la même opposition bourgeoise. Dans un article intitulé « ou vont nous conduire la majorité et l'opposition ». Le journaliste écrit:
« depuis l'installation du parlement ce n'est un secret pour personne que le climat est [p.53] malsain.
Les députés UPV, Front de refus et UNDD ont formé un bloc mais un bloc non opérationnel quand on considère qu'aucun député de l'opposition ne siège dans le bureau de l'Assemblée. En fait, la vérité voudrait que l'on accepte que l'opposition est un corps sans âme, car les principes sur lesquels est née l'opposition n'ont pas un caractère politique. En principe, si l'on perle de majorité et d'opposition au sein du Parlement, c'est du fait de la différence d'idéologie et des programmes des partis. Or, nous savons tous, qu'en dehors de l’UPV (union progressiste voltaïque) qui semble avoir un programme socialiste, nous ne voyons rien de fondamental qui oppose les autres partis politiques représentés au sein du parlement. L'UNDD (Union pour la défense de la démocratie) et le Front de refus, ne sont rien d'autre que des sous-produits de l’UDV-RDA. En dehors donc des querelles de personnes où se trouve le bien-fondé de l’opposition ? Avec un peu de bon sens, il est fort possible de réaliser un rapprochement sinon une réconciliation entre l’UPV, le RDA, l’UNDD et le Front de refus.
Cela peut se faire surtout quand on sait quelles sont les raisons qui ont amenés la naissance de l’UNDD » (Tout ce qui est souligné l’a été par nous).
C’est là un idéologue de la bourgeoisie qui juge l’opposition au sein de la bourgeoisie, entre les différentes parties. Il convient de parler de différentes parties et non de de différentes fractions, car cela laisserait entendre qu’en Haute-Volta, chaque fraction (la BC, la BPB) a son parti, et que c’est sur la base des intérêts économiques et de ce fait sur la base d’une certaine orientation politique (défavorable à tels intérêts économiques fractionnels, et favorable à tels autres intérêts économiques fractionnels) que ces différentes fractions entrent en opposition ― cela est loin de la réalité en Haute-Volta. Et c’est pourquoi la référence au cas guinéen avec le FLNG est une référence malheureuse pour nos opportunistes de droite. Lors des premières années de l’indépendance, la petite-bourgeoisie bureaucratique (regroupée essentiel-lement dans le PDG-RDA) s’est muée en une bourgeoisie bureaucratique. Cette bourgeoisie bureaucratique, par une politique de nationalisation des différents secteurs économiques, a réussi a imposé sa domination et s’est donnée une assise économique. C’est ainsi que le secteur économique qui rapporte le plus de profit à court terme, et qui était contrôlé par l’impérialisme français, passa sous le contrôle de la BPB du PDG. Sur cette base, des intérêts économiques désormais antagoniques allaient opposer cette bourgeoisie politico-bureaucratique avec les capitalistes français ― [p.54] ceux-ci, dans leur tentative de récupération de ce qu'ils avaient perdu, se trouvent des alliés parmi les commerçants guinéens farouchement opposés à l'étatisation du commerce. C’est à partir de telles oppositions que se constitue le front de Libération Nationale de Guinée (FLNG) regroupant essentiellement la fraction compradore de la bourgeoisie Guinéenne. Ce « FLNG », dès sa naissance paru être une création de l'impérialisme français, dans le but de renverser le régime de Sékou Touré qui avait placé la guinée sous la coupe de l'impérialisme US. C’est ainsi qu’on parla d'une OBR en Guinée (Cf., le livre de Alpha Condé, ancien militant de la FEANF : Guinée: l'Albanie de l'Afrique etc.).
Pour revenir à la situation en Haute-Volta, que ce soit le RDA (et ses « sous-produits » : UNDD et autres Front de refus), le PRA (et autre MIPRA) et l’UPV/MLN, on trouve indistinctement dans toutes ces formations politiques, les mêmes fractions (BPB et BC) ; toutes ces formations rivalisent pour le rang de valet privilégié de l'impérialisme français. Aucune de ces formations politiques lors de la campagne électorale n'a eu à proposer un programme, avec une orientation politique différente. C'est cela la réalité en Haute-Volta. C'est à cela qu'il faut s'en tenir, au lieu d'aller chercher à plaquer des situations toutes différentes dans d'autres pays.
Des oppositions sur la base d'intérêts économiques se reflétant par des orientations politiques différentes, seront le fait de l'application du NOEI, c'est à d'ire de l’édification et du renforcement du capitalisme d'état dans notre pays.
La constitution d'une OBR (si cette expression exprime autre chose que les contradictions inter-valets) ne peut être le fait ni d'un coup d'état de type fasciste, ni d’«une farce électorale».
Toute cette analyse subjectiviste, vise un seul but : brandir l’épouvantail de l'OBR, pour prétexter le danger potentiel qui plane sur le Mouvement Démocratique National (MDN). Or c'est un fait connu depuis fort longtemps que le MDN reste dominé par la bourgeoisie réactionnaire et réformiste.
Cette analyse vise à justifier le regain de l'opportunisme, surtout du réformisme dans le MDN. Cela se comprend aisément, dans la mesure où sur le plan extérieur, ils ont tenté de montrer que le MDN est à « orientation profondément anti-impérialiste » et à « contenu profondément démocratique ».
V. Sur l’importante thèse du VIIIe congrès de l’UGEV et la question de la direction de la lutte.
Sur cette question de la direction de la lutte, nos opportunistes de droite, ont fini par avoir une position. Laissons leur la parole :
« Dans l'appréciation des problèmes et des tâches liées à l'évolution de la situation dans notre pays, l'UGEV s'appuie sur sa juste [?] li-[p.55]gne anti-impérialiste, en tenant compte de ces limites [lesquelles?] et de sa plate-forme minimale dans la phase actuelle de la lutte dans notre pays. Elle a reconnu modestement [son incapacité surtout quand l'on sait que vous prétendez jouer le rôle d'avant-garde du peuple voltaïque!] à apporter des réponses correctes à des problèmes cruciaux [ça c'est vrai! Cf., l'expérience désastreuse du mot d'ordre de " FD"] tout en posant le rôle et les tâches des syndicats (UGEV en particulier― c'est eux qui l'ajoutent) dans la lutte révolutionnaire dans notre pays [entendez par là, le rôle d'avant-garde, et tâches, populistes et aventuristes]. C'est à la lumière de ces différents éléments et aussi l'hystérie anti-communiste des réactionnaires et réformistes que l'Union a précisé au VIIIe congrès: "si en Haute-Volta il naît un parti communiste qui mobilise et dirige les masses dans la lutte contre l'impérialisme français et ses "valets locaux pour la réalisation de la REVOLUTION NATIONALE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE, eh bien! un tel parti communiste nous le soutiendrons et cela dans le cadre du front uni-anti-impérialiste que nous préconisons [dans votre rôle d'avant-garde tout court n'est-ce pas?]. Le marxisme léninisme est l'idéologie de la classe ouvrière. Or, en Haute-Volta, il naît et se développe une classe ouvrière qui prendra nécessairement connaissance du marxisme léninisme et un "parti communiste "naîtra nécessairement pour le plus grand bien du peuple voltaïque." [Tout ce qui est souligné l'a été par nous]. Cette compréhension est juste et responsable même si elle reflète ses limites actuelles [Ah bon! elle en a ? Mais lesquelles ?]. Elle se démarque des positions qui décrètent la direction de la lutte à la classe ouvrière qui ne permet que deux attitudes possibles:
- dégager des tâches pour aider concrètement et de façon particulière la classe ouvrière à arracher cette direction, au premier rang desquelles se place nécessairement la création du. parti de la classe ouvrière (étant entendu que la classe ouvrière ne peut diriger la lutte qu'à travers son organisation d'avant-garde de classe, le parti communiste) cela n'est pas du ressort de l'Union qui n'a pas les moyens politiques théoriques pour armer les militants dans cette tâche. Dire le contraire serait confusionniste, subjectiviste, liquidateur et en dernière analyse anti-communiste (Cf. ultra-gauche" au sein de la FEANF) [ voilà ce que s'appelle fanfaronner et bomber le torse, là où on est sûr de ne pas voir apparaître l'ennemi]
- nier la nécessité des tâches politiques ou réduire les tâches à la "diffusion de la littérature" [là encore, vous n'y êtes pas, car personne n'a invité les militants petit-bourgeois de la FEANF et de l'UGEV à une tâche de "diffusion de la littérature", s'ils le font [p.56] eux-mêmes, ce n'est pas nous qui allons nous plaindre de cela. Voilà des allusions malheureuses!] est une attitude inconséquente et irresponsable, typique d’intellectuels petits-bourgeois contemplatifs [Peut-être ! mais de loin meilleur à l'attitude obscurantiste de ceux qui refusent d’amener les étudiants à admettre et ce de façon consciente la direction de la lutte par la classe ouvrière]. »
La reproduction de ce long extrait du texte d'orientation du CE, vous vous en doutez, ne manque pas d'intérêt.
Dans l’introduction nous avons suffisamment mis à nu les « louvoiements de couleuvre » qui les ont conduits à cette position qui n'est certainement pas définitive (avec ces opportunistes on ne sait jamais!).
Déjà au congrès de Décembre 1978 cette « thèse » a été approfondie. Il ressort de l'approfondissement, que le parti communiste en question n'a plus besoin de mobiliser, et de diriger pour être soutenu par l'UGEV, mais qu'il lui suffit simplement d'exprimer les aspirations des masses populaires pour être soutenu par l'UGEV. En d'autres termes, il suffirait qu'il naisse un parti se disant communiste, qui reprenne à son compte le mot d'ordre de RNDP, celui de "FD", toutes les analyses subjectivistes (« faillite totale » et autres "OBR") pour que l’UGEV le soutienne. En effet l’UGEV ne peut juger autrement, qu'en partant de sa propre vision de la traduction correcte des aspirations des masses.
Essayons de comprendre cette « importante » thèse.
a) Que dit « l'importante thèse du VIIIe congrès »?
Cette thèse fait ressortir les faits suivants :
- Le marxisme-léninisme est l'idéologie, de la classe ouvrière; tout comme le révisionnisme est l'idéologie du social-impérialisme. C'est la conséquence logique.
- La classe ouvrière prendra nécessairement connaissance du marxisme-léninisme. Et un parti communiste naîtra nécessairement.
Cela est très important; car non seulement, la thèse fait ressortir le fait que la naissance du PC. est indépendante de la volonté de qui que ce soit y compris le mouvement étudiant ; mais aussi il met en relief, le fait que c'est après que la classe ouvrière aura pris connaissance du marxisme-léninisme, qu'un parti communiste naîtra. Cela ne peut être autrement; car le parti communiste est avant tout le parti des ouvriers d'avant-garde. Et fort de l'expérience des autre peuples nous savons que sans une propagande communiste au sein de cette classe, elle ne prendra pas spontanément connaissance du marxisme-léninisme. Seule l’existence au sein de la classe ouvrière, des ouvriers d’avant-garde....
[p.57]
Et fort de l’expérience des autres peuples, nous savons que sans une propagande communiste au sein de cette classe, elle ne prendra pas spontanément connaissance du marxisme –léninisme. Seule l’existence au sein de la classe ouvrière, des ouvriers d’avant-garde (qui sont et seront toujours une minorité par rapport au reste de la classe) permettra la naissance d’un parti communiste. Un parti constitué uniquement d’intellectuels petits-bourgeois ne saurait s’ériger en parti de la classe ouvrière, du simple fait de sa dénomination. On ne juge pas en politique, un individu, à plus forte raison un parti , à partir de l’idée qu’il se fait de lui-même.
Un parti communiste qui mobilise et dirige les masses, l’UGEV le soutiendra. En effet, un tel parti qui mobilise et dirige effectivement les masses, il appartient à tout anti-impérialiste de le soutenir.
Car comme enseigne les grands éducateurs du prolétariat, le parti révolutionnaire de la classe ouvrière, c’est, « cette minorité organisée sur les positions de classe du prolétariat » qui « sait entraîner les masses », qui « est capable de répondre à chaque question à l’ordre du jour» (Lénine. O.C., T. 31, p.242).
« Si la minorité ne sait pas diriger les masses, se lier étroitement avec elles, elle n’est pas un parti, elle ne vaut rien général, qu’elle s’appelle parti ou comité national… »
C’est pourquoi, soutenir un parti sur la base du fait qu’il sait diriger et mobiliser les masses, est un devoir pour tous ceux qui se veulent anti-impérialiste conséquent. Mais on ne peut soutenir un parti, simplement parce qu’il se veut être le parti révolutionnaire de la classe ouvrière. Cette volonté, il faut qu’il en fasse la preuve dans la pratique. C’est la condition sans laquelle, nous sous-section AEVF-Paris, ne saurions soutenir un tel parti. C’est la raison pour laquelle, nous trouvons l’approfondissement de la thèse du VIIIe congrès comme un approfondissement opportuniste.
« La social-démocratie (c’est Lénine qui parle) mettra toujours en garde contre l’aventurisme et dévoilera sans pitié les illusions qui se terminent nécessairement par une déception totale. Nous devons nous souvenir qu’un parti révolutionnaire ne mérite son nom que lorsqu’il dirige réellement (souligné par Lénine) le mouvement de la classe révolutionnaire » (souligné par nous)
Affirmer la nécessité d’un soutien à un parti communiste qui dirige réellement et mobilise effectivement les masses populaires, ne dispense pas de la nécessité de travailler pour amener les étudiants à accepter consciemment la direction de la lutte par la classe ouvrière. C’est même un travail préalable.
Il est faux de croire qu’il suffit d’amener les petits-bourgeois à soutenir un parti communiste, à soutenir ses mots d’ordre, sans qu’il ait été indispensable et nécessaire d’élever leur conscience à reconnaître le rôle historique de la classe dont le parti communiste est son parti. Toute action pratique (de soutien) doit être le résultat d’une opération consciente dans l’esprit des petits-bourgeois que nous sommes au sein de la FEANF et de l’UGEV.
b) La question de la direction de la lutte par la classe ouvrière à travers son parti doit être posée de façon claire et admise de façon consciente.
Cette question se présente à nous, petits-bourgeois, militants de la FEANF et de l’UGEV, comme une vérité historique, politique et psychologique :
- Une vérité historique : en ce sens qu’elle a été confirmée par l'expérience historique, par l’expérience des révolutions dans le monde.
C’est cela qu’affirme Envers HOHXA lorsqu’il dit : « tant qu’un parti politique doté d’un programme clair, d’une stratégie et d’une tactique scientifique, fait défaut, la lutte soit demeure à mi-chemin, soit échoue. C’est ce qu’enseigne aussi l’expérience du mouvement révolutionnaire actuel et des nombreuses luttes des peuples des divers continents. » (in VIe congrès du PTA. Ed. Frashëri, p.253)
- Une vérité politique : La petite-bourgeoisie ne devient révolutionnaire que lorsqu’il inscrit son action dans celle de la classe ouvrière, que lorsqu’il accepte consciemment sa direction.
- Une vérité psychologique : elle rompt avec la psychose de l’anticom-munisme. Le petit-bourgeois qui admet cette vérité, admet consciemment de se mettre sous l’influence idéologique de la classe ouvrière. Cette acceptation consciente crée en lui des prédispositions particulières au renforcement de sa conscience et se traduira par des attitudes pratiques en divorce avec les attitudes petites-bourgeoises.
c) une fausse conception de la direction idéologique, politique et pratique, des autres classes et couches sociales par la classe ouvrière à travers son parti.
« L’UGEV est une organisation de masse non dirigée par un parti communiste ; c’est pourquoi elle ne peut poser la question de la direction de la lutte par la classe ouvrière »
Chers opportunistes de droite, vous ne prendrez à cet hameçon que des enfants et des ignorants. Cela est encore une preuve manifeste de votre entière décomposition idéologique.
Car tout militant un tant soit peu conscient, qui s’est posé la question de savoir, comment dans la révolution, la classe ouvrière à travers son parti en arrive à diriger effectivement des millions et des millions d’hommes, en arrivera tourner en dérision cet argument « massu » opportuniste.
En effet, selon vous, il n’y a et ne peut avoir de direction des organisations de masse par le parti de la classe ouvrière, que de façon directe, organique. C’est là une erreur manifeste. Dans cette compréhension erronée, vous aboutissez aussi à une autre erreur de loin monstrueuse : De votre point de vue (opportuniste), le jour que se créera le parti de la classe ouvrière en Haute-Volta, l’UGEV devrait se mettre spontanément sous sa tutelle et jouer le rôle de la jeunesse d’un tel parti (jeunesse communiste). Il est vrai que par cette attitude, il y a un désir certain d’amoindrir le rôle de l’UGEV. Du « rôle d’avant-garde tout court », elle en arrive désormais « au rôle de jeunesse du parti » (il faudra aussi ajouter tout court !). Mais c’est là une aberration.
Tout parti communiste a sa jeunesse communiste à laquelle il est organiquement lié et qu’il dirige directement. Le parti communiste voltaïque (style UGEV) sera certainement cette exception à la règle générale. La direction des autres classes et couches sociales (la petite-bourgeoisie et même la bourgeoisie révolutionnaire), la classe ouvrière la réalise par la justesse de sa politique, par la propagande, par l’influence de son idéologie, et par sa capacité à rassembler ces différentes classes et couches sociales dans des organisations de masses. Le contrôle de telles organisations par le parti de la classe ouvrière, n’est pas un contrôle physique (présence physique, liaisons organiques, etc..) mais un contrôle idéologique (et morale), politique et pratique.
Dans la situation présente qui nous intéresse, comme nous l’avons déjà eu à le dire en abordant la question de la plate-forme et de l’idéologie, nul ne peut contester qu’au sein de la FEANF et de l’UGEV, nous subissons cette influence positive de l’idéologie de la classe ouvrière.
Toutes vos acrobaties intellectuelles, sont autant de sophisme pour couvrir votre opportunisme en la question.
d) Le mépris de la théorie au profit d’un praticisme étriqué
L’absence de théorie à un mouvement le condamne à ne pas exister en tant que mouvement et le conduit à une faillite certaine. Il convient d’insister particulièrement sur ce point.
- L’abus du praticisme
L’ « amour » des tâches pratiques, nous conduit au sein de l’UGEV et particulièrement au sein de l’AEVF à ne pas comprendre que « La parole, elle aussi est un acte » ; ce faisant, on se place sur le point de vue du « révolutionarisme vulgaire » et non sur celui du révolutionnaire conséquent.
Dans cet « amour » des tâches on en est arrivé à sous-estimer le facteur conscient (amoindrissement de l’élément conscient) et à une surestimation de notre propre capacité, en tant que mouvement étudiant qui n’est pas et ne peut être une force politique indépendante, à assumer certaines tâches.
« Les tâches ! Les tâches ! etc.. Et encore les tâches ». Cela devient une parole magique. Il est vrai que se contenter de la « parole », surtout à un moment où la situation exige le passage à l’« action », revient purement et simplement à verser dans la théorie morte et stérile, dans la casuistique.
Mais nous devons comprendre que l’abus du praticisme étouffe la conscience politique des militants (c’est le cas au sein de l’AEVF). L’abus du praticisme et la multiplication des tâches pratiques se traduisent par une volonté morbide de fuir les débats politiques sérieux (au nom des tâches !). Cela crée chez les militants (ployant sous le poids des tâches pratiques) une incapacité à penser par eux-mêmes, d’où l’indispensabilité de certains « barrons » et le développement de la servilité. Et c’est de cette servilité que le bureaucratisme tire toute sa force. Cela conduit au constat du faible niveau politique des militants, de leur désintéressements à discuter politiquement des problèmes d’une importance théorique et à leur remplacement (dans le cadre des « kolkozes » populistes et sectaires) par un tendance à vouloir « creuser » chez les autres pour y découvrir les « tares petites-bourgeoises » sous le poids desquelles, on ploie soi-même. On en arrive à une situation où les militants n’étudient plus même les documents de l’Union à plus forte raison l’expérience théorisée des autres peuples.
La sous-estimation de la théorie (question de perspectives) et la surestimation de la pratique (devenue unique critère de la vérité) conduit à des déviations populistes et aventuristes (mot d’ordre de « FD », mot d’ordre d’intégration aux masses). Au nom de la « liaison aux masses » on assiste au foisonnement de toutes sortes d’analyses populistes, réformistes et aventuristes.
- Étouffement de la conscience par le spontanéisme :
L’étouffement de la conscience par le spontanéisme et ce de façon spontanée : c’est le résultat auquel on aboutit dans le « désir ardent » et maintes fois renouvelés des tâches. Le résultat final de tout cela, de toute cette impatience petite-bourgeoise (aventurisme), c’est la trahison pure et simple de la cause révolutionnaire (Cf. expérience du FUD au Dahomey, du « FD » en Haute-Volta).
C’est pour cela, qu’au nom des tâches, la « thèse du VIIIe congrès » ne saurait remplacer la nécessité de poser la question de la direction de la lutte de façon claire et sans équivoque.
Nous ne reviendrons plus sur les considérations qui animent les droitiers de l’AEVF (le CE en tête)
e) La question de l’intégration aux masses
Dans « Encore une fois sur la lutte au sein de l’AEVF… , p.20», parlant du rôle et de la nature du mouvement étudiant, nous avons dénoncé les conceptions d’essence populiste sur la question. Nous écrivions que :
« D’ores et déjà, il convient qu’une analyse beaucoup plus profonde soit faite afin de cerner ces différents aspects, les déviations d’essence populiste qui ont caractérisé l’ensemble du mouvement étudiant africain ».
Il est manifeste que nous faisions allusions au mot d’ordre d’intégration aux masses lancé par la FEANF à son 19è congrès et adopté par majorité des sections territoriales dont l’AEVF-UGEV à son Ve congrès. Certains de nos opportunistes de droite ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, d’où certaines fuites e avant qu’on a eu à constater. Ainsi, il s’est trouvé parmi nos opportunistes au sein de l’AEVF des éléments beaucoup plus logiques pour dire ceci : « si vous remettez en cause le mot d’ordre de FD, il vous faut aussi remettre en cause celui de l’intégration aux masses populaires ». De tels éléments ne pensaient pas si bien dire, car s’ils avaient su lire attentivement « Encore une fois… », ils se seraient convaincus que ce mot d’ordre a été remise en cause. Critiquant le mot d’ordre de « FD », nous affirmions ceci : « il en est de même quand ils ont la prétention de dégager coûte que coûte des tâches, des tâches et encore des tâches, non seulement pour tous les étudiants, mais aussi, pour l’ensemble des intellectuels patriotes et pour tous les anti-impérialistes conséquents de notre pays. C’est dans ce contexte qu’apparaissent très souvent des idées les plus confuses, à la base du caractère souvent utopique des mots d’ordre avancés, qui traduisent seulement l’impatience de la petite-bourgeoisie à vouloir jouer un rôle dans la lutte révolutionnaire » (p.21).
Cet aspect de la critique, englobe les deux mots d’ordre, celui de « FD » et l’IMP (Intégration aux masses populaires). Il pose le problème du rôle d’avant-garde attribué au mouvement étudiant. L’essence commune des deux mots d’ordre, c’est la déviation populiste. Tous les deux conduisent la petite-bourgeoisie dans des actions aventuristes et putschistes. Tous les deux conduisent au résultat pratique du réformisme et de la pseudo-révolution dans nos pays.
Dans notre critique des mots d’ordre d’essence populiste, nous avons faits nôtre la compréhension du rôle et de la nature des mouvements étudiant défini dans « 5 années de luttes… » et qui pose le problème de la façon suivante (il n’est pas inutile de la rappeler) :
« Pour permettre à tous les militants de percevoir notre plate-forme minimale d’union :
- Nous, militant de l’AEVF, réaffirmons le caractère anti-impérialiste de notre mouvement.
- L’AEVF exclu toute assimilation de son syndicat à un parti politique. Elle rassemble des membres aux origines, aux appartenances idéologiques et confessionnelles diverses, animés d’un même sentiment patriotique.
- Elle laisse à ses militants la possibilité de choisir les instances et les méthodes de lutte en vue de la construction d’une société voltaïque libérée, et se fait le devoir de dénoncer en son sein les tendances technocratiques, les opportunistes de tout bord, de même que les carriéristes. L’AEVF se fait le devoir de se prononcer objectivement sur toute organisation ou force politique en Haute-Volta.
Le rôle de l’AEVF est d’élever le niveau de conscience de ses militants afin qu’ils puissent en accord avec leur position idéologique ou confessionnelle, participer au juste combat des masses populaires. Elle en saurait abdiquer la Tâche fondamentale d’information et de démystification des mots d’ordre et manœuvres réactionnaires afin d’éclairer, d’affermir et d’élargir les rangs des patriotes voltaïques » (Souligné par nous).
Et nous ajoutons à cela comme appréciation : « Bien sûr, ceci date de 1971. Tout cela a été jeté aux oubliettes. A la place se sont développés des déviations d’essence populiste, la mise en avant des mots d’ordre à tout le peuple voltaïque, détermination des tâches qui ne peuvent être accomplies et contrôlées que par des forces politiques indépendantes, des tâches que les étudiants pris individuellement ne peuvent mettre en pratique sans verser dans les excès du populismes » (Encore une fois…., p.25).
C’est clair, c’est net !
En effet, les étudiants, l’organisation des étudiants (en tant que force politique non indépendante) ne peuvent appliquer correctement le mot d’ordre d’intégration aux masses populaires sans verser dans des excès populistes.
A ce sujet l’expérience du mouvement étudiant dahoméen, avec le mot d’ordre de « Travail prioritaire à la campagne » est édifiante.
Les étudiants, le mouvement étudiant, ne le peuvent pas à plusieurs points de vue :
- Le mouvement étudiant n’est pas une force politique indépendante. De ce fait il n’a pas la capacité idéologique, politique et pratique d’assumer de tels mots d’ordre ;
- Capacité idéologique : le mouvement étudiant étant un groupement idéologique n’adhère pas une idéologie déterminée. Elle est sous l’influence de l’une des deux idéologies fondamentales de la société (Idéologie prolétarienne et idéologie bourgeoise). Ce ne peut être que sous l’angle de l’influence idéologique de ces deux classes fondamentales que l’action des étudiants peut être appréhendée.
- Capacité politique : La capacité idéologique faisant défaut au mouvement étudiant, il s’en suit son incapacité politique de donner des réponses adéquates aux problèmes posées par les masses populaires (à leurs aspirations) dans leurs luttes pour la révolution. Politiquement les étudiants sont en proie avec toutes sortes de confusions théoriques.
- Capacité pratique : N’étant pas lui-même sur des bases idéologiques claires, sur des bases politiques précises, le mouvement étudiant ne peut se lancer dans un travail d’organisation des masses, dans un travail de regroupement des autres organisations de masses (organisations démocratiques). Toute tentative de sa part, ne peut que conduire à des actions anarchiques, aventuristes, réformistes, tout cela aboutissant à un seul résultat ; la soumission des masses laborieuses à la bourgeoisie réactionnaire.
- Seul le parti de la classe ouvrière, en tant que force politique indépendante, a la capacité idéologique, politique et pratique (technique d’organisation) de formuler et d’appliquer en exerçant un contrôle effectif, de tels mots d’ordre (« FD » et « IMP »). C’est seulement en fondant son combat avec celui de la classe ouvrière, en acceptant son influence idéologique, que le mouvement étudiant peut participer révolutionnairement à la lutte. C’est en acceptant d’être guidé dans leurs pas en direction des masses populaires que les étudiants (la petite-bourgeoisie en général) peuvent intégrer correctement (révolutionnairement) les masses populaires. Une telle intégration aux masses est une intégration guidée et contrôlée par le parti de la classe ouvrière. Elle se fait avec les mots d’ordre, les directives consciemment acceptés (sans pour autant qu’il soit besoin d’être lié organiquement , de façon directe au parti de la classe ouvrière) du parti de la classe historique, la classe la plus avancée, la plus révolutionnaire (la seule révolutionnaire, idéologiquement parlant), la classe ouvrière.
C’est la seule façon d’éviter les déviations et les excès aventuristes et populistes dans l’action.
Dans l’approche d’une telle déviation (appel lancé par le mouvement étudiant à l’IMP), il y a certaines déviations de « gauche », qu’il convient d’éviter.
Ainsi il est faux de dire que c’est seulement armé de l’idéologie de la classe ouvrière, c’est-à-dire du marxisme-léninisme, que l’on peut faire le travail d’intégration. A la source d’une telle erreur, il y a la même incompréhension de la question de la direction des autres classes et couches sociales (petite-bourgeoisie et même bourgeoisie révolutionnaire) par la classe ouvrière.
A la base d’une telle conception, il y a l’incompréhension selon laquelle, il n’y a de direction des masses par le parti de la classe ouvrière que de direction organique-directe (Les organisations de masses deviennent ainsi purement et simplement des annexes, des excroissances du parti). C’est une extension inadéquate de la vérité selon laquelle, il n’y a de liaison qu’avec les masses organisées. Le parti de la classe ouvrière, étant le détachement d’avant-garde de la classe ouvrière, est toujours une minorité par rapport au reste de la classe et de la population. Alors comment réussit-il avec cette minorité numérique à mettre en marche, à diriger ces millions d’hommes que constituent les masses populaires ?
Pour assumer cette direction des masses populaires, le parti de la classe ouvrière crée des structures intermédiaires (FD, Front uni anti-impérialiste ―FUAI, Front du peuple ― FP ―, etc..) qu’il contrôle effectivement.
Pour nous résumer, nous reprenons la définition de la plate-forme de l’AEVF formulée dans « 5 années de luttes de l’AEVF » et qui met en garde le mouvement étudiant contre les deux déviations suivantes :
« - La négation du phénomène impérialiste qui favorise le recrutement d’éléments opportunistes, afin de renforcer les appareils néocoloniaux en Haute-Volta ;
- Une tendance consistant à croire que le mouvement étudiant peut préconiser un système politique avancé pour notre pays. Ce courant nie par là même, le caractère de masse de notre organisation. On débouche ainsi sur la confusion entre la lutte qui se déroulera sur le sol national et la lutte syndicale du front étudiant qui doit se dérouler uniquement autour de la formation des militants en vue du combat anti-impérialiste sur le sol national. »
Il convient de préciser, que cela ne veut pas dire que les étudiants ne peuvent pas participer à la lutte active que les masses populaires mènent tous les jours.
Une telle compréhension serait erronée, car les étudiants eux-mêmes livrent des combats parfois même tout seuls contre le régime en place.
En guise de conclusion sur ce point de la direction de la lutte par la classe ouvrière, il convient de faire remarquer ceci : de quelque côté que l’on aborde la question, c’est l’incompréhension totale du rôle et de la nature du mouvement étudiant.
Ce fait à lui seul permet de saisir la vraie physionomie des « problèmes de fond » derrière lesquels tous les opportunistes de droite (au sein comme en dehors de l’AEVF) tentent vainement de trouver refuge. Ce fait à lui seul permet d’aboutir à la conclusion suivante : quant au fond les opportunistes de droite, demeurent toujours des opportunistes de droite.
Cette incompréhension de la nature et du rôle du mouvement étudiant se manifeste selon les deux déviations suivantes :
- Tantôt c’est la sous-estimation du mouvement étudiant quant à sa participation à la lutte idéologique que se livrent les deux classes fondamentales (classe ouvrière et classes bourgeoises) tant au sein de la société que sur le plan international. Sous cet aspect, l’opportunisme se manifeste dans sa nature réelle (sa nature brute), celle de droite.
- Tantôt c’est la surestimation du mouvement étudiant quant aux tâches. A ce niveau il y a surestimation de la pratique au mépris de la théorie. La pratique devient l’unique critère de vérité, l’unique critère pour juger si un militant est révolutionnaire ou pas. Et toute cette pratique semble réduire à la question de la « liaison aux masses ». Autrement dit, pour savoir si un jeune est révolutionnaire ou pas, il faut voir s’il est lié aux masses. Qu’importe de savoir comment s’opère cette liaison. Est-ce de façon populiste ou révolutionnairement que cette liaison se fait ?
- La « liaison aux masses » s’effectue-t-elle en s’appuyant sur la lutte de la classe ouvrière, ou sur la collaboration de classes (cas du mot d’ordre de « FD ») ?
- Au nom de cette « liaison sacrée aux masses », beaucoup de crimes, de trahisons ont été commis sur le dos des masses populaires.
L’aventurisme de gauche qui s’est manifesté au sein de FEANF disait ceci : « Intégrer les masses populaires ; aider la classe ouvrière à prendre conscience de sa mission historique. Les aider à se doter de leurs organisations d’avant-garde. Etc… »
En d’autres termes, cela est une invitation aux étudiants à assumer toutes les tâches idéologiques, théoriques et pratiques afférentes à la classe ouvrière. Du point de vue de la logique de la pensée, cet aventurisme est conséquent.
Aujourd’hui, la déviation « praticiste », tout étant aventuriste, demeure inconséquente quant à la logique de la pensée. Sans avoir eu, ou du moins refusant à assumer les tâches idéologiques et politiques, elle prétend assumer les tâches pratiques (organisation des masses fondamentales dans des organisations d’avant-garde, mots d’ordre d’action, etc…) afférente à l’organisation des masses ouvrières et paysannes.
Il convient, dans cette question de la direction de la lutte par la classe ouvrière, de démarquer de certaines conceptions éclectiques, confusionnistes, qui tout en reconnaissant la nécessité de l’acceptation consciente par les étudiants de la direction de la lutte par la classe ouvrière, continue de propager certaines opinions franchement réactionnaires.
Ainsi, il faut se démarquer du point de vue selon lequel, lorsqu’un parti communiste traite de la question de la direction de la lutte par la classe ouvrière, il en parle seulement pour lui-même. Car voyez-vous, il ne peut le proclamer haut, parce qu’il risquerait de faire fuir ses alliés (c’est l’histoire des « petits musulmans et autres petits-bourgeois qui s’effraieront à cette seule idée » ― Cf. nos opportunistes de droite de l’AEVF). « Il sait que cela est non seulement inutile, mais encore nuisible ».
Inutile en quoi ? Nuisible en quoi ?
Non, camarades ! ne nous laissons pas prendre par de tels propos qui sont d’un anticommunisme des plus subtiles. Car en effet, le Parti communiste, tout en étant convaincu que c’est dans la pratique (« dans le feu de la lutte ») qu’el acquerra la confiance des masses, ne cesse et ne doit cesser pour autant de mener la propagande pour cette direction. Il ne se livre pas à un marchandage de maquignons ; il ne rampe pas et ne se prosterne pas devant la bourgeoisie, pour recevoir en cadeau cette direction.
Au contraire, il le revendique et cela sans prétention aucune, car se fondant sur son idéologie qui est l’idéologie de la classe la plus avancée et la plus révolutionnaire. Mieux, le parti de la classe, s’il est le parti authentique et non un semblant de parti de la classe ouvrière, dira tout haut et tout net :
- Aux bourgeois antinationaux et autres vestiges de la féodalité : « vous, exploiteurs et oppresseurs des masses déshéritées, vos jours sont comptés, car nous sommes le parti de la classe ouvrière, de la classe la plus révolutionnaire, qui prendra la tête de toutes les classes opprimées afin de les préparer pour la révolution. Nous conduirons le peuple jusqu’à la victoire finale contre vous »
- Aux ouvriers et aux autres masses laborieuses : « Nous sommes le parti de la classe ouvrière. Nous tenant fermement à l’idéologie de la classe ouvrière, qui est l’idéologie la plus juste, nous vous appelons à vous regrouper autour de nous pour livrer la bataille sans merci, contre tous les exploiteurs et oppresseurs »
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