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IXe Congrès UGEV-Mouvement du 21 juin (16 au 19 août 1979)

IXe CONGRES- UGEV MOUVEMENT DU 21 JUIN

du 16 au 19 août 1979

Deux mouvements, deux conceptions politiques,

deux plates-formes d'union

 

 


 

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PRESENSATION :

 

    La Grande crise de l'histoire du mouvement étudiant vient de trouver un (certain) dénouement.

    En effet, c'est depuis le 21 juin 1976 que par une motion, les camarades de la sous-section (S/S) de Paris exigeaient une Assemblée Générale (AG) pour débattre des différents problèmes qui minaient l'organisation. Le comité exécutif (CE) de la S/S AEVF de Paris qui est en même temps (et surtout) le CE de l'AEVF-UGEV a non seulement refusé de convoquer cette AG légitime, mais a entrepris un sale travail scissionniste. Rappelons pour mémoire : la ventilation de la motion (avec les noms dos signataires) à tous les vents, la dénonciation policière de nos camarades au CA 76, les déclarations tout aussi irresponsables que contradictoires (opportuniste obige !) du genre : « il n'y a qu'une seule ligne, nous allons les couper et jeter au loin » puis « s'ils veulent partir, nous n'allons pas les retenir », etc..

Une fois n'est pas coutume dit-on. Ainsi pour une fois, le CE bureaucratique et sectaire, a été conséquent jusqu'au bout, il a travaillé fébrilement à la scission, l'a opérée un matin du 9è Congrès de l'UGEV. Ce matin du 11 Août 79 le CE va bureaucratiquement écarter les sections comme l'AEVUS, l'ASV, l'ASVA du comité directeur du congrès (n'est-ce pas qu’'on s'en fout des principes et des statuts de l'organisation !) alors que l1'article 13 des statuts stipule que: « le comité directeur du congrès est composé: du président, du secrétaire général, du trésorier de l’UGEV et des présidents des sections ». Cela d'une part.

    D'autre part, le CE va tenter tout aussi bureaucratiquement d'imposer
une dite deuxième délégation de l'ASV en lieu et place de la délégation légitime conduite par le CE de l'ASV. C'est ainsi que l'escalade anti-organisationnelle et scissionniste est arrivée à son apogée. Toute concession à ce niveau aux bureaucrates est signe de faiblesse politique quand on sait que les sept (7) S/S de l'AEVF pouvaient constituer une 2e délégation. Si elles ne l'ont pas fait, c'était pour éviter de tendre la perche aux "autorités" de l'UGEV en mal de scission. Chose faite quand même par la constitution toute pièce de le dite 2è délégation de l'ASV.

    N'est-ce pas là un deuxième putsch après le « CP » (Comité Provisoire) à l'ASO ?

Nous pensons quo tout un chacun sur la base de ces faits (pour ne
citer que ceux-là peut se convaincre de cette conclusion logique : la responsabilité historique de cette scission incombe au CE, aux "autorités" [Page2] bureaucratiques de l’UGEV pleinement et entièrement.

    Désormais deux mouvements, deux conceptions politiques, deux plateformes :

  • L'ancien courant régressif et liquidateur, animé par le
    Mouvement national populiste liquidateur (Monapol)
  • Et le nouveau courant salutaire, animé par le mouvement du 21 juin 78.

 

     Pour le Monapol, la « base d’union c'est la ligne politique ».

C'est à prendre ou à laisser, cette ligne droitière national-populiste comme base d'adhésion à l'organisation.

     En ce qui nous concerne, nous disons que seuls, la plate-forme Anti-impérialiste (A-I) et le respect des principes organisationnels sont les critères d'adhésion. Quant aux divergences politiques, que de mouvances opportunistes, que da reculades !!!

En effet, nous avions déjà dit que nous ne serions pas surpris que dans l'avenir, le CE, les "autorités" de l'UGEV, en arrivent à adopter nos « thèses dures », « maximalistes », « aventuristes », « irresponsables », etc..

    Nous ne serons donc pas surpris le les voir amorcer un virage  180° pour nous rejoindre sur nos positions politiques : lesquelles nous ont valu la caractérisation de « Ncol », et qu'ils en viennent demain à :

    1°) Affirmer le principe de la direction de la lutte par la classe ouvrière (sans pour autant être des « aventuriste » ni des « irresponsables »
et sans que l'UGEV ne soit dirigée par un parti)

    2°) A dénoncer le social-impérialisme soviétique, la théorie des 3
mondes du social-impérialisme chinois (sans pour autant « faire voler en éclat la plate-forme minimale)

    3°) A reconnaître que leur mot d'ordre de « Front Démocratique » (FD)
est un mot d'ordre de conciliation, de collaboration de classes, un mot
d'ordre aventuriste et putschiste.

   4°) Que leur « Opposition Bourgeoise Réactionnaire » (OBR) de type FLNG (Front de Libération Nationale de la Guinée) et autres « faillite totale du néocolonialisme », etc... sont dos analyses subjectives, volontaristes et partant erronées.

    5°) Que la Haute-Volta et les autres pays néocoloniaux d'Afrique ont bel et bien acquis leur indépendance politique et qu'affirmer cela ne revient pas à nier la domination et l'exploitation impérialistes dans notre pays et dans ces pays.

    6°) Que leurs « Kolkhozes » et autres « style de vie anti-impérialiste », intégration aux masses, etc... ne relèvent purement et simplement que du populisme.

    7°) Que leur politique sectaire et bureaucratique ne sont pas des politiques correctes de luttes révolutionnaires.

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    8°) Que leur dénonciation de type policière, leur recours aux armes faciles (calomnies, mensonges et ragots de couloir) sont des pratiques étrangères au niveau des révolutionnaires véritables.

 

    Pour tous ceux qui ont assisté à la clôture du Congrès du Monapol, ce qui vient d'être cité est devenu une réalité. De même, le P"CR"V qui a les mêmes analyses erronées que l'UGEV (cf. leur programme et Bug-Parga n°1 et 2 ), lui aussi, « dans son message au 9è Congrès, a fait main basse sur nos analyses (un constat fâcheux parce que c'est nous qui devons apprendre auprès de lui.) Sur toute la ligne on assiste à une reculade honteuse (autocritique connais pas !), elle demeure quant au fonds opportuniste.

    Voyez-vous « lorsqu'on parle de la lutte contre l'opportunisme, il ne faut jamais oublier le fait caractéristique de l'ensemble de l'opportunisme moderne dans tous les domaines sans exception : ce qu'il y a de vague, d'imprécis et d'insaisissable. De par sa nature, l'opportunisme évite toujours de poser les questions d'une manière claire et résolue: il recherche toujours la résultante. Il a des louvoiements de couleuvre entre deux points de vue qui s'excluent cherchant à se mettre d'accord avec l'un aussi bien qu'avec l'autre et réduisant les divergences à de légères modifications, à des doutes, à des vœux pieux et innocents etc.. »

     Cette critique percutante de Lénine s'applique on ne peut plus clairement à la triste situation de mouvance opportuniste du CE, des « autorités » de l'UGEV. Et cela, à tous les niveaux.

 

    L'étude de notre thème, juste parce que répondant à la situation concrète dans le monde, en Haute-Volta et en notre sein, nous permettra de mettre à nu tous les courants nocifs, réformistes et droitiers et de nous dégager des tâches véritablement révolutionnaires.

 

 

 

 

UGEV- MOUVEMENT DU 21 JUIN

 

      Thème du IXè Congrès

 

    « CAMARADES,

    ― Rejetons la plate-forme des scissionnistes liquidateurs présentant l'acceptation de la ligne politique comme critère d'adhésion a une organisation de masse.

    ― Opposons à leur plate-forme scissionniste une plate—forme anti-impérialiste qui ouvre la porte de notre association à tout étudiant ou stagiaire indépendamment de son appartenance confessionnelle, idéologique et politique.

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    ― Luttons fermement pour la défense de nos intérêts matériels et moraux liés à ceux dos masses populaires voltaïques.

    ― Consolidons notre mouvement de réorientation par lequel nous travaillerons à notre éducation et à notre instruction politique, participant activement à la lutte des masses populaires voltaïques, férocement exploitées et opprimées par la bourgeoisies réactionnaire voltaïque alliée à l’impérialisme international, principalement français.

    ― Travaillons à nous organiser sur une base d'union anti-impérialiste en élargissant et en renforçant nos rangs par un travail patient d'explication et de clarification, par une juste politique de mobilisation. Débarrassée de tout sectarisme et de tout libéralisme.

   ― Prenons conscience du fait que nous ne saurons être des révolutionnaires qu'en acceptant de nous mettre sous la direction idéologique du prolétariat, seule classe véritablement d'avant-garde et seule classe révolutionnaire jusqu'au bout.

   ― Prenons conscience du fait qu'en tant qu'intellectuels petits-bourgeois, nous ne saurions faire assumer par notre organisation le rôle d'avant-garde du peuple voltaïque.

    ― Démarquons nous de :

  • la phrase révolutionnaire de 1'avant-gardisrao propre aux populistes
    liquidateurs.
  • la tendance néfaste consistant à nous poser en donneur de leçons
    aux travailleurs voltaïques, en censeur suprême des luttes qu'ils
    livrent contre le régime on place.
  • Du servilisme et du suivisme (cf. RNDP, Intégration aux masses,
    Front Démocratique, etc...)

    ― Tout en ayant conscience de notre place en tant que groupement idéologique, force politique non indépendante, et tout on défendant l'autonomie organisationnelle de notre mouvement vis-à-vis de toute force politique, nous nous devons de participer à la lutte idéologique en appréciant toute force politique qui se manifeste dans notre pays et ailleurs. Il est de notre devoir de lutter contre le réformisme sous toutes ses formes, aussi bien ancien (UPV/MLN) que nouveau (LIPAD), et de dénoncer les programmes politiques des divers partis bourgeois (RDA, PRA, UNDD, etc...) et petits bourgeois (P"CR"V notamment) en vue de démasquer leur caractère démagogique et trompeur aux yeux des masses populaires voltaïques qui luttent pour le triomphe de la Révolution Anti-Impérialiste Démocratique et Populaire (RAIDP), seule révolution à l'étape actuelle de la lutte du peuple voltaïque à même d'apporter un progrès social dans notre pays et à même de frayer la voie à une émancipation sociale réelle avec la suppression de l'exploitation de l'homme, par l'homme comme unique garantie d'une indépendance nationale totale. »

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 I.- La situation internationale et africaine

 

    Notre IXe Congrès se tient à un moment où la situation internationale et africaine est des plus troubles. Cette situation est le produit de l’exacerbation des quatre contradictions fondamentales qui marquent l'époque historique que traverse le monde, c'est-à-dire l'époque de l'impérialisme, des révolutions prolétariennes et des luttes de libération nationale. Ces quatre contradictions fondamentales sont les suivantes :

       1°) Contradiction opposant le système capitaliste au système socialiste.

      2°) Contradiction entre le capital et le travail, par conséquent entre le prolétariat et la bourgeoisie dans les pays capitalistes.

     3°) Contradiction qui oppose les peuples et nations opprimées à l'impérialisme et au social-impérialisme.

       4°) Contradiction entre les puissances impérialistes et social-impérialistes elles-mêmes.

 

    L'entrelacement des contradictions économiques, politiques et sociales et leur aggravation ont atteint des proportions telles que l'on peut affirmer que la situation dans le monde est révolutionnaire en général. Ces contradictions déterminent le développement des mouvements révolutionnaires actuels.

    Elles mettent ainsi en évidence le fait que la classe ouvrière
est la classe qui est au centre de notre époque. Elles constituent en outre la base à partir de laquelle il faut partir pour définir une tactique et stratégie justes pour la lutte révolutionnaire.


    La situation est essentiellement marquée par :

  • le développement impétueux des luttes de la classe ouvrière et des peuples opprimés contre l'impérialisme, le social-impérialisme, les forces réactionnaires et moyenâgeuses, pour en finir avec le système d'exploitation de l'homme par l'homme.

      ― la crise sans précédent qui secoue jusque dans ses fondements le système capitaliste impérialiste mondial, signe patent que le système capitaliste est décadent et voué à la faillite.

     ― les rivalités inter-impérialistes, principalement des deux superpuissances: l'impérialisme US et le social-impérialisme soviétique pour l'hégémonie mondiale. Ce sont autant de manifestations concrètes qui justifient pleinement la thèse selon laquelle :

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« le monde se trouve à une phase où la question do la révolution et de la libération nationale n'est pas seulement une aspiration et une perspective mais un problème posé et à résoudre » (E. HOXHA.)

    Partout dans le monde, le Prolétariat et les peuples opprimés, assènent des coups incisifs à l'impérialisme, malgré l'offensive contrerévolutionnaire du social-impérialisme chinois et sa tristement célèbre « théorie des 3 mondes», théorie de collaboration de classes et de capitulation face à l'impérialisme international, US en particulier, malgré aussi l'offensive non moins ouverte des « faux amis » des peuples qui cherchent vainement à se substituer aux partis authentiquement marxistes-léninistes, conditions sine qua none pour la victoire des luttes révolutionnaires du Prolétariat et des peuples opprimés.

    Comprendre et admettre CONSCIEMMENT cette vérité historique, politique et psychologique de la nécessaire direction de la lutte par l'organisation d'avant-garde de la classe ouvrière, crée en nous des prédispositions particulières au renforcement de notre conscience révolutionnaire dans le juste combat permanent contre les conceptions putschistes, populistes et réformistes qui hantent l'esprit de beaucoup d'étudiants.

 

 

A/ En Europe

    Dans les métropoles impérialistes la crise du système capitaliste s'approfondit chaque jour davantage; les, pouvoirs impérialistes tentent fébrilement de s'unir pour survivre de cette situation (cf. élections européennes, sommets de Tokyo et autres).
     Cette crise est marquée par l'aggravation du taux d'inflation, le chômage chronique, les grèves ouvrières, la crise du système monétaire ... etc.

    En France par exemple on assiste au raffinement des mesures répressives contre les travailleurs, étudiants étrangers (cf. loi BONNET etc.).

     Nous soutenons les justes luttes des ouvriers et des travailleurs des pays d'Europe pour en finir avec les bourgeoisies monopolistes qui les oppriment. Les états impérialistes essayent de faire retomber les conséquences de la crise sur le dos des masses laborieuses: renvois arbitraires par la fermeture des usines et des entreprises, répression contre les ouvriers.

     Le système capitaliste, social-impérialiste représenté par la superpuissance soviétique est plongé lui-même dans la crise.

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   Le social-impérialisme soviétique dans les pays du Comecon mène une politique typiquement néocolonialiste. Les économies de ces pays, en proie à la crise, ont été converties en appendices de l'économie soviétique. Le Pacte de Varsovie est un pacte militaire qui sert la politique de pressions, de chantages et d'interventions armées du social-impérialisme soviétique. C'est cette politique néocolonialiste que servent ainsi les « théories » opportunistes de la « communauté socialiste », de la « division socialiste du travail », de la « souveraineté limitée », de « l'intégration économique socialiste », etc.

    Il est cependant très réjouissant de constater qu'à l'abri de cette crise, la RPSA (République Populaire Socialiste d'Albanie) seul bastion de la révolution et du socialisme dans le monde avance victorieusement dans l'édification du socialisme. La RPSA est aujourd'hui le phare du socialisme dans le monde et son exemple inspire tous les peuples en lutte et le Prolétariat international. Le peuple albanais sous la direction du PTA et du grand guide le Camarade E. Hoxha, en dépit de l'encerclement impérialiste et révisionniste, remporte des succès éclatants dans l'édification du socialisme. Il est juste de dénoncer la rupture unilatérale par les autorités chinoises des accords avec la RPSA. Cette rupture est un acte contrerévolutionnaire.

 

B/ En Asie

    Dans cette région du monde, les sociaux impérialistes soviétiques et chinois fomentent les guerres réactionnaires. Ils se livrent à leur ingérence et à leurs actions hégémonistes et néocolonialistes sous le couvert de l'aide et du soutien à prêter aux forces révolutionnaires, à la révolution, à l'édification du socialisme. En fait ils aident la contrerévolution.
    La stratégie des sociaux-impérialistes, contrairement à ce qu'ils prétendent n'a rien de commun avec le socialisme.

Les autorités chinoises dans l'application de leur théorie contre-révolutionnaire dite des 3 mondes (TTM) liquident les acquis révolutionnaires du peuple chinois. C'est dans la logique social-impérialiste et social-chauvine que la RPC a agressé les peuples vietnamien et cambodgien. La Chine encourage et soutient les alliances impérialistes, réactionnaires et anti-communistes (CEE, OTAN, CEAO, CEDEAO, ....) au nom d'une prétendue lutte contre le social-impérialiste soviétique. Elle encourage et soutient les [Page 8] régimes réactionnaires anti-communistes (Iran, Zaïre, Chili, etc..).

    La politique pragmatiste et confuse de la Chine l'a conduite à s'allier à l'impérialisme américain et à proclamer le social-impérialisme soviétique ennemi le plus dangereux des peuples en lutte.

    Cette politique des dirigeants chinois vise à faire de la Chine une superpuissance.

    Aujourd'hui, il nous faut démasquer la « TTM » aux yeux des peuples en lutte, aux yeux des militants de l'UGEV.

    En reniant la lutte de classes, cette théorie nie également la lutte des peuples pour se libérer de la domination étrangère, pour conquérir leurs droits et les libertés démocratiques, elle nie la nécessité de la révolution dans le monde.

 

    Le Japon de son côté vise à la domination en Asie, ce qui est une ambition de toujours de l'impérialisme japonais. L'impérialisme américain a encouragé la signature du traité entre la Chine et le Japon dans la mesure où ce traité peut freiner l'expansion soviétique, mais les USA ne désirent aucunement voir cette alliance grandir et dépasser les limites au-delà desquelles ses intérêts peuvent être lésés.

 

C/ Au Moyen Orient

     Nous saluons la lutte du peuple palestinien contre le sionisme d'Israël, l'instrument le plus sanguinaire de l'impérialisme américain dans la région. Nous soutenons le front patriotique OLP dans sa lutte pour constituer un état national qui lui soit propre. La lutte contre le sionisme israélien est un problème commun qui se pose à tous les peuples arabes.

    Les peuples arabes ont aussi pour tâche commune la lutte contre l'impérialisme, et le social-impérialisme. Nous affirmons que ni les « camp David », ni les « navettes » entre Tel-Aviv et le Caire, les « traités de Paix » ne peuvent trouver une juste solution à la situation actuelle du Moyen Orient.

     Le renversement du régime fasciste du Shah en Iran constitue un pas dans la voie de la lutte du peuple iranien pour la conquête de l'indépendance totale.

 

D/ En Amérique latine

 

    Nous saluons et soutenons les justes luttes des peuples latino-américains contre les régimes « fascistes » et pour les libertés démocratiques lesquelles sont inséparables des luttes révo-[Page 9]lutionnaires sous la direction de la classe ouvrière. Ainsi, nous sonnes sûrs qu'après le renversement de la dictature sanguinaire de Somoza au Nicaragua, le peuple de ce pays poursuivra sa lutte héroïque pour la conquête de l'indépendance nationale véritable.

 

E/ En Afrique

 

    Face à l'élan vigoureux des luttes populaires, les bourgeoisies réactionnaires alliées à l'impérialisme international usent de la mystification et de la répression pour émousser la
combativité des vaillants peuples africains comme en attestent les stratagèmes du genre « authenticité » au Zaïre et au Togo, le « socialisme africain » au Sénégal, le « socialisme scientifique » au Bénin, au Congo-Brazzaville, en Somalie, Madagascar, en éthiopie, les farces électorales en Haute-Volta, au Nigeria, au Zimbabwé ; les massacres d'enfants en Centrafrique, etc..

    Sur le plan militaire, sur le continent la France s'érige en véritable gendarme international chargé de la sécurité des gouvernements impopulaires, vomis par leur peuple. En témoignent ses intervention au Zaïre, en Mauritanie sous le couvert de « motifs strictement humanitaires », sous le slogan de « l'Afrique aux africains ».

    Sur le plan économique l'impérialisme international et les bourgeoisies réactionnaires s'acharnent à traduire dans la pratique le NOEI (Nouvel ordre économique international).

    Senghor complète le NOEl en théorisant sur le « NOCI » (Nouvel ordre culturel international). Tous ces « nouveaux ordres » visent un seul but, la consolidation des assises des bourgeoisies réactionnaires africaines et la perpétuation de l'exploitation et de l'oppression néocolonialistes des masses populaires africaines.

    Conscients de leur faiblesse face à la crise du système Capitaliste impérialiste et au développement du mouvement révolutionnaire, les pouvoirs réactionnaires africains tentent de s'unir pour trouver des solutions de replâtrage au système. Les récentes conférences régionales de la CEDEAO à Dakar, de la CEAO, du VIe sommet franco-africain à Kigali , rentrent dans ce cadre.

    Dans les pays néocoloniaux pseudo-révolutionnaires (Dahomey dit Bénin, Congo dit République populaire, Guinée dite République populaire et révolutionnaire et actuellement au Ghana, etc..), la mystification, doublée de la répression barbare est le lot quotidien des masses populaires qui, ici comme dans les [Page 10] néo-colonies  classiques, sont déterminées à combattre jusqu'à la victoire sur l'impérialisme et la réaction.

    Il est important de remarquer que toutes ces luttes se mènent sans une direction clairvoyante assurée par LES AUTHENTIQUES PARTIS MARXISTES-LENINISTES.

    Dans les ex-colonies portugaises, la petite bourgeoisie intellectuelle (qui a assuré la direction de la lutte, contre le colonialisme portugais) s'est embourgeoisée et s'est bureaucratisée. La révolution une fois de plus a été trahie par les directions nationalistes petites bourgeoises, une fois la victoire acquise sur le colonialisme portugais.

     L'Angola est devenue une néocolonie soviétique. S'agissant du Mozambique, nous estimons que ce pays est lié au social-impérialisme en général par des accords néocoloniaux, en attestent les données suivantes:

     ― le FRELIMO a signé des accords économiques et militaires, de dépendance, à l'égard du social-impérialisme soviétique.

    ― le FRELIMO conserve des liens étroits avec la clique colonialiste et fasciste de VOSTER qui reçoit les visites des représentants du FRELIMO. Dans tous les pays ex-colonies portugaises (Angola, Mozambique, Guinée Bissau, Iles du Cap Vert), la véritable révolution anti-impérialiste sous la direction d'un parti authentiquement marxiste-léniniste, reste à réaliser par les peuples de ces pays.

     Dans les néo-colonies classiques, pays politiquement indépendants, malgré les manœuvres des pouvoirs réactionnaires africains, les peuples de ces pays engagent tous les jours des luttes contre l'oppression intérieure et extérieure, au Tchad, les affrontements entre les différentes fractions tribalistes et régionalistes du FROLINAT rentrent dans le cadre de ces manœuvres. Nous retirons notre soutien au FROLINAT, soutien qui n'était pas fondé sur des bases politiques justes. En effet, nous pensons que l'indépendance politique étant acquise après la lutte anti-coloniale, l'insurrection nationale visant, « à instaurer l'indépendance politique d'une nation opprimées, c'est-à-dire à créer un état  national qui lui soit propre » (Lénine. OC., t. 23 P. 67-68), nous pensons donc que seule la RAIDP (et non RNDP) est à l'ordre du jour et seul l'authentique parti ML doit assurer, la direction de cette révolution démocratique, transition pour la révolution socialiste au Tchad. Sur cette base nous soutenons les luttes du peuple [Page 11] tchadien pour les libertés démocratiques, celles-ci étant indissolublement liées à la lutte pour la RAIDP sous la direction conséquente de la classe ouvrière, condition sine qua non pour mettre fin au génocide actuel de l'impérialisme au Tchad.

     Au Zimbabwe, la révolution coloniale gagne en ampleur et tout ceci malgré la terreur fasciste que font régner les cliques coloniales et fascistes de la place. Nous dénonçons les manœuvres sordides de l’impérialisme US et britannique en particulier qui a fomenté  les prétendues élections libres pour installer un soit disant pouvoir à la majorité noire. Mais en réalité celles-ci ont consisté purement et simplement à l'élection de quelques alliés noirs Muzorewa et autres) dans le pouvoir raciste et pro-impérialiste de Ian Smith. Nous soutenons la juste lutte du peuple zimbabwe, du front patriotique.

     En Namibie, au Sahara, en érythrée, etc., nous soutenons
les justes luttes de ces peuples et les fronts patriotiques contre les régimes annexionnistes du raciste et fasciste VOSTER en Azanie (Afrique du sud), du roi Hassan II du Maroc, tous  fidèles alliés de l’impérialisme, international, Yankee en tête, pour la conquête de leurs droits nationaux. De même, nous soutenons les justes luttes du peuple Erythréen et les fronts patriotiques FPLF et FLE contre le régime sanguinaire éthiopien de Mingus allié au social-impérialisme soviétique et son mercenaire Cuba.

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 II- LA SITUATION NATIONALE

 

     Au cours de ces derniers mois d'évolution, la situation politique, économique et sociale en Haute-Volta a été riche d'événements d'une certaine ampleur (conférences, grèves, arrestations et emprisonnements etc...). Autant d'événements qui provoquent l'ardeur des confusionnistes de tout bord, le P"CR"V
    Notamment. L'aspect dominant dans cette situation est sans conteste la lutte récente (Mai 79 du Mouvement démocratique national―MDN), les syndicats en particulier pour la défense et l'élargissement des acquis sociaux et démocratiques face à l'offensive de la bourgeoisie nationale.

    Nous ne manquerons pas de dire notre mot sur ces événements face aux confusions délibérées que certains se font le devoir de jeter dans l'esprit des militants et  des masses populaires (Cf. Bug-parga).

     En tableau d'ensemble, la situation nationale se présente comme un champ de bataille mettant aux prises d'un côté les « vestiges des forces féodales », la bourgeoisie nationale (BPB, BC) fortement épaulés par l'impérialisme international, français notamment, de l'autre côté, les masses populaires (petite bourgeoisie urbaine et rurale avec le prolétariat à leur tête).

 

1 – Du côté des forces réactionnaires

 

A)Sur le plan économique:

     L'évolution dans ce domaine se fait selon les tendances et les axes dégagés et mises en lumière par nos analyses précédentes, en particulier dans le document des camarades de la sous-section de Paris: « Les opportunistes aux abois ou la déroute complète de leur ligne opportuniste de droite ».

     L'économie voltaïque est engagée dans un processus de transformation la conduisant vers un capitalisme d'état grâce au concours financier et technologique des grandes firmes multinationales et des métropoles impérialistes. Il ne fait plus aucun doute que les entreprises d'état et les entreprises d'économie mixte vont en s'accroissant dans notre pays. Les firmes coloniales sont destinées à faire place à ces nouveaux types d'entreprises sous le contrôle étatique.

    L'exemple le plus récent est le remplacement de la CFDT (Compagnie française du développement des fibres textiles) par une société d'économie mixte dénommée SOFITEX (Société des fibres textiles) où la part de l'état est actuellement de 55% et pourrait atteindre 80% maximum selon l'accord signé entre [Page 13] l'état voltaïque et la CFDT.

    L'exportation des capitaux vers notre pays se fait à une échelle plus importante qu'auparavant. Toutes les puissances impérialistes (France, Allemagne Fédérale etc..) accroissent considérablement leur financement à l'état bourgeois voltaïque.
      Le Canada pour ne citer que cet exemple, fait passer son financement. de 800 millions en 1978 à 2 milliards 800 millions en 1979, soit plus d'un triplement en un an. Il suffit de prendre en considération le rythme de création des sociétés, les sources de financement des grands projets (Liptako-Gourma, Gare routière etc...). Parallèlement s'accroît l'importance et le rôle du capital bancaire dans notre pays (cf. décentralisation de la BCEAO, augmentation du capital de la BICIA-HV).

    Ainsi les masses populaires voltaïques se trouvent chaque jour davantage prises dans les griffes du système capitalistes international.

    La bourgeoisie voltaïque noue des liens solides et multiples avec la bourgeoisie mondiale, africaine en particulier.

    C'est ce que montrent les voyages incessants à travers le monde pour participer à la conclusion des accords économiques internationaux (sommet tripartite Togo-Haute-Volta-Niger, aménagement Liptako-Gourma, VIe conférence Franco-africaine etc...). En outre, des organismes internationaux installent leur siège dans notre pays.

     Au niveau de la campagne, le développement du capitalisme se poursuit avec notamment l'implantation de grandes exploitations capitalistes (exemples : vallée du Sourou).

    C'est le lieu ici d'indiquer notre désaccord avec l'analyse du VIIIe Congrès de l'UGEV concernant la question agraire. Nous y reviendrons dans notre critique du P"CR"V.

     Les conséquences de cette situation sont très catastrophiques pour la classe ouvrière et les masses laborieuses : exploitation intense» offensive tous azimuts contre les acquis démocratiques et sociaux par une répression accentuée. Il en est ainsi parce que la bourgeoisie voltaïque mettra tout en œuvre pour tenter de sauvegarder ses intérêts et ceux de l'impérialisme international, français en particulier, intérêts qui comme nous l'avons vu, prennent de l'essor dans notre pays. La bourgeoisie défendra vaille que vaille les perspectives offertes à elle pour accroître ses richesses. Partant d'une telle [Page 14]  compréhension, on peut mieux saisir les événements survenus sur la scène politique nationale.

 

B) Sur le Plan politique:

 

     1°) L'instauration d'un pouvoir fort, préoccupation de toujours de la  bourgeoisie voltaïque et de son représentant Lamizana.

     Nous avons montré d'ans nos documents: « Les opportunistes aux abois….», « Contri-bution... », les deux formes possibles de gouvernement dans une dictature bourgeoise. Nous avons également montré que depuis 1974 c'était la forme démocratique qui était appliquée (existence de libertés démocratiques bourgeoises), mais que cela n'avait pas empêché la bourgeoisie de développer et raffiner son appareil de répression afin d'appliquer la forme dictatoriale si les conditions l'exigeaient. Cette tendance générale a connu un développement avec les dernières élections. Il s'agissait alors pour la bourgeoisie, Lamizana en tête, de puiser une légitimité et une popularité afin de mieux poursuivre les mêmes objectifs que précédemment.

    Les abstentions et l'aiguisement des luttes des masses ont montré l'échec de cette mascarade électorale. Dans la course effrénée pour le rang de valets privilégiés, la bourgeoisie a étalé au grand jour pendant cette période électorale ses contradictions internes. Depuis lors se pose la nécessité de l'unité des différentes fractions bourgeoises pour faire face au mécontentement grandissant des masses populaires.

    2°) L'unité de la bourgeoisie :

Les récents événements apparus sur la scène politique nationale ont montré les différentes tentatives de rapprochement au sein des fractions bourgeoises pour faire face au développement des luttes. Nous n'en voulons pour preuve que le ralliement de Maurice Yaméogo à Lamizana, entraînant ainsi sa formation politique UNDD. Quant à l'UPV, une des fractions éclairées de la bourgeoisie, elle a appelé ses compères à tenir compte de l'évolution internationale et de voir la nécessité de se « rassembler ». Elle a par conséquent invité Lamizana à se servir de « l'autre main du pays ».

    Concernant cette question, la récente conférence de presse de Joseph Ouédraogo, a montré, outre l'anti-communisme viscéral qui y a été développé, outre son hostilité au gouvernement Conombo, son accord total à l'unité sous la direction de [Page 15] Lamizana.

Une des conséquences de ces différentes tentatives de rapprochement est qu'à l'Assemblée nationale, exception faite du problème distributions de postes de direction à l'Assemblée nationale, au Gouvernement, à l'Administration des départements et des communes, l'unanimité se fait sur les textes de loi passant au vote. Cette situation montre clairement que du point de vue de l'orientation politique à mettre en place (celle défendant conséquemment les intérêts de classe de la bourgeoisie) les différentes fractions bbourgeoises sont d'accord.

     Elle montre, également que le fond des contradictions inter-valets se situe principalement dans le partage du « gateau »,, fruit de l’exploitation odieuse des masses.

Enfin elle bat en brèche les points de vue opportunistes selon lesquels ce sont « des intérêts de classes  (souligné par nous) qui divisent les réactionnaires » (cf. texte d'orientation du CE pour le congrès de Noël, p.4), point de vue qui est le fondement de l'OBR que nous avons débattu depuis le début de la lutte de lignes (Cf. « Contribution… », « Les opportunistes aux abois ….» notamment).

    Ces analyses confusionnistes à la Bug-Parga font le jeu de certaines fractions la bourgeoisie en désignant celles-ci aux masses comme ayant des alternatives différentes à proposer au pays.

     Malgré les manœuvres répressives et mystificatrices développées par la bourgeoisie alliée à l'impérialisme notamment français, les masses sont demeurées vigilantes quant à la défense de leurs intérêts matériels, moraux et démocratiques en développant leurs luttes.

 

2- Au niveau des masses populaires

 

1°) Conditions de vie et luttes 

     Famine, maladie, répression et privations de toutes sortes : voilà ce qu'est le lot quotidien. Chaque jour voit s'approfondir leur misère alors que les affaires florissent comme jamais pour les classes bourgeoises compradores et d'état, les vestiges de la féodalité et l'impérialisme qui s'enrichissent du fruit du labeur de la classe ouvrière et des masses paysannes en particulier.

     Augmentation continue des prix des produits (cycles, carburant, ..ssus, etc...); parallèlement les travailleurs connaissent chômage, salaires dérisoires et quasiment bloqués par [Page 16] le pouvoir et le patronat (Cf., augmentation dérisoire de 8% en moyenne), travail dans les usines et bureaux dangereux et pénibles, sélection outrancière à l'Université et dans les lycées et écoles, pénuries des produits à cause de la spéculation des compradores (sucre, grains, notamment).

     Quant à la santé, le peuple est en proie à toutes sortes de maladies, surtout depuis la privatisation de la médecine qui a entraîné un abandon des hôpitaux et dispensaires.

 

     Mais les larges masses populaires n'ont pas croisé les bras devant cette situation causée par les exploiteurs dont l'opulence est à la mesure de la misère du peuple. Elles ont développé des luttes dans de nombreux secteurs de l’'économie. Depuis le début de l'année, notre pays connait une agitation incessante comme le montre le nombre de grèves :

  • décembre-Janvier: grève des élèves du CEG de Gaoua pour exiger le paiement de leur pécule; ils sont soutenus par les travailleurs de la région ; le pouvoir et la réaction locale, préfet en tête, répriment sévèrement élèves et travailleurs par des mutations et intimidations de toutes sortes ;

    ― 20 et 21 mars, la CSV et la CNTV déclenchent une grève générale, soutenue par les étudiants à l'appel de l'AEVO pour exiger un relèvement des salaires et des bourses, une meilleure protection sociale des travailleurs et contre la répression et la restriction des libertes démocratiques bourgeoises (saisies de journaux, mutations et affectations arbitraires, etc...).

     ― 18, 19 et 20 avril, grève d'avertissement des enseignants du supérieur et du secondaire au sein du SUVESSS. Nous avons soutenu cette juste lutte comme toute personne sensée pouvait le penser. L'organisation communiste « Le Prolétaire» l'a soutenue ; il s'est trouvé des organisations telles que l'EVO, le P"CR"V
et autres larbins pour attaquer cette grève et tenter de la boycotter; 

  • 10 et 11 avril, grève d'avertissement du CEPEC ;

    ― 4 mai, boycott des examens et concours par les enseignants
du SUVESS ;

    ― 23-31 mai, grève générale des trois centrales syndicales: CSV, CNTV, OVSL pour exiger la libération inconditionnelle de tous les militants syndicaux arrêtés et incarcérés arbitrairement par le pouvoir ;

    ― grève du SYNTSHA depuis le 26 et qui vient de prendre fin
par une victoire attestant par là que la victoire est au bout de la lutte.

[Page 17]

     ― boycott dos examens par les étudiants à l'université pour protester contre la sélection à l'université et les conditions catastrophiques d'études qui témoignent de la volonté du pouvoir de boycotter la formation des cadres voltaïques.

 

      Toutes ces grèves ont connu un succès incontestable à l'exception de celle particulière de l'AEVO, organisée et dirigée par son CE à la manière d'une émeute et à l'aide de la terreur. Le résultat est le « repli tactique » qu'ils ont décidé à leur AG du 14 septembre. Euphémisme pour dire capitulation.

     En outre, il faut souligner la tenue victorieuse des meetings dans
la môme période par les centrales syndicales.

     Outre ces luttes, il faut noter la naissance et la progression d'un courant communiste dans notre pays. En effet, depuis Septembre 1978, nous avons enregistré la parution d'un journal communiste dénommé "LE PROLETAIRE". Depuis lors, ce groupe a eu à soutenir les luttes des travailleurs par différents tracts qu'il a publiés.

     Au mois de Février 1979, nous avons également pris connaissance du « Manifeste du PCRV » qui lui aussi a soutenu certaines luttes des travailleurs.

     Concernant ces nouvelles forces politiques, nous y reviendrons. Ce qu'il faut souligner ici, c'est que toutes ces manifestations conjuguées aux luttes des travailleurs n'ont pas manqué de paniquer la bourgeoisie qui n'a pas hésité un instant à mettre en branle son appareil répressif.


2°) La répression :

     Nous avons partagé à travers nos analyses antérieures le point de vue selon lequel : (nous citons):

« si les élections ont montré que par le mouvement du 30 novembre 1975, les masses populaires ont réussi à empêcher l'instauration de la dictature d'un parti unique fascisant, il n'en demeure pas moins vrai qu’il n'y a de démocratie réelle dans notre pays que pour les couches et classes sociales réactionnaires. Et ces classes n'hésiteront pas à taire leurs contradictions internes et à faire front pour abattre une répression hystérique sur tout le mouvement révolutionnaire (ou tenu pour tel) qui tenterait de se manifester.

La répression sera d'autant plus hystérique que le pouvoir a conscience de la fragilité de son assise économique (crise, inflation, etc...), politique et sociale (chômage, famine, misère croissante des masses populaires et leur rejet de la [Page 18] politique du gouvernement) » (« Le Prolétaire » n° 0, P.12).


     Ce point de vue s'est vu confirmé entièrement par la réalité concrète. On se rappelle la chasse organisée par le pouvoir aux « meneurs » de la grève de Gaoua et les mutations et affectations arbitraires des fonctionnaires. Lors de la grève de la CSV et de la CNTV en mars dernier, le président de l'Assemblée nationale G. Kango Ouédraogo a utilisé ses sbires dans sa région, le Yatenga, pour tenter d'empêcher les travailleurs d'aller en grève, les menaçant de toutes sortes de représailles.

     A Ouaga comme à Bobo, les comités de vigilance manœuvrent  depuis longtemps déjà tels des hordes fascistes. Mais le sommet inégalé, depuis la grève des enseignante de 1973 a été atteint en mai: à l'université, le gouvernement arrête et incarcère 17 militants de l'AEVO.

     Après le meeting de l'OVSL le 18 mai, le pouvoir arrête et emprisonne Boniface Kaboré, secrétaire général de l'OVSL et Ira Abdoulaye ainsi que plusieurs autres travailleurs.

    Ces arrestations de syndicalistes dans l'exercice de leurs fonctions constituent un précédent grave. Tout comme les autres arrestations, nous devons les dénoncer et les combattre vigoureusement.

     Mais il convient d'avoir une juste compréhension de ces arrestations qui selon nous constituent pour la bourgeoisie un test quant à la combativité du MDN, sa capacité de riposte et de lutte. Ce faisant, c'est un avertissement sérieux de la part de la réaction à toutes les forces démocratiques et révolutionnaires pour mettre fin à toute agitation et propagande qui remette en cause ses intérêts de classe bourgeoise. Cette escalade répressive a démasqué aux yeux dos travailleurs les slogans mystificateurs que le pouvoir a développés pendant ses différentes tournées et meetings de « remerciement ».

      La lutte d'idées intense au sein du MDN ne fera qu'accentuer une perception du caractère réactionnaire du pouvoir.

 

3.  La situation au sein du MDN

 

     Dans notre document « Contribution.... », page 15, nous écrivions :

« La situation au niveau du mouvement démocratique exige que nous fassions une analyse sérieuse, exempte de toute euphorie et subjectivisme. Ce qui est vrai, c'est qu'au sein des masses populaires, le mouvement démocratique en particulier, les idées justes font du chemin. De ce fait la lutte de lignes se développe au sein des syndicats. La surestimation de l'ampleur de cette lutte de lignes et du rôle du mouvement syndical [Page 19] (Cf., « Front démocratique ») a créé au niveau des militants des illusions graves consistant :

-   à perdre de vue la composition essentiellement petite bourgeoise de ce mouvement, ce qui lui confère une faiblesse certaine (instabilité entre autres).

-   à identifier l'agitation au sein de ce mouvement à la prise de conscience des masses fondamentales (ouvrières et paysannes). »

 

     Cette analyse est profondément juste et nous la maintenons. De façon concrète, on a pu constater que les récentes luttes des travailleurs se sont déroulées particulièrement dans les villes où les organisations à composition essentiellement petite bourgeoise sont prédominantes à l'heure actuelle. Parallèlement on note l'inorganisation totale des masses rurales qui ne peuvent faire face efficacement aux exactions quotidiennes des forces rétrogrades. Dans ces conditions il ne s’agit pas de s'alarmer ni de se paniquer. Il s'agit par contre d'avoir une juste conception des luttes des travailleurs en liaison avec leur niveau politique. Nous devons comprendre que les luttes revendicatives des travailleurs sont partie intégrantes de la lutte pour la réalisation de la Révolution anti-impérialiste démocratique et populaire (RA-IDP) et que ces luttes iront en se radicalisant avec la prise de conscience des masses.

    Par conséquent, il s'agit de travailler à l'approfondissement et à l'élargissement de cette prise de conscience en s'appuyant sur le juste principe de l'unité d'action à la base, différent et même très différent du mot d'ordre opportuniste et putschiste de « FD » lancé par l'OCV et diffusé par l'UGEV (concernant l'analyse du mot d'ordre de « FD », nous renvoyons les camarades aux documents « Contribution.. », « Encore une fois... »), il faut quand même noter que les opportunistes de droite, à coût d'arguments, n'osent plus défendre ouvertement le « FD » et tentent de semer la confusion du genre : « FD = unité d'action à la base » (Cf. lettre circulaire n°7 du CE, P.10). Mais maintenant que le P"CR"V de façon opportuniste et mensongère (Cf. la vérité dans le n° 1 du « Prolétaire »), reconnaît que le mot d'ordre est juste dans son contenu mais erroné parce que lancé par l’UGEV (Cf. Message du P"CR"V au 9° Congrès de l'UGEV) les sectaires et national-populistes vont reprendre cela en cœur d’ici peu. Il faut comprendre que les revendications des travailleurs ne peuvent trouver pleine satisfaction que dans la réalisation [Page 20] de la RA-IDP sous la direction, du Parti du prolétariat organisé
      sur la base de la doctrine scientifique, le marxisme-léninisme.

Or aujourd'hui, à moins d'être subjectif comme les opportunistes de droite, on constate une absence de la conscience de classe (et national ajouteront certains) au sein des ouvriers voltaïques. C'est ce qu'exprime Le Prolétaire dans son N°0, P.12 et 13:

« Cependant, le prolétariat voltaïque n'a pas encore pris conscience de son idéologie et ne s'est pas encore doté de la doctrine révolutionnaire de sa libération, le marxisme-léninisme. Il n'est donc pas à même d'agir en tant que "classe pour soi" ayant des intérêts spécifiques déterminés et une mission historique objective dont l'accomplissement exige son hégémonie à travers son propre parti dans la lutte de tout le peuple pour la révolution. »

    La triste réalité aujourd'hui  dans notre pays est la domination de  la classe ouvrière par toutes sortes de préjugés bourgeois et petits-bourgeois(réformisme, nationalisme, régionalisme etc...).

    Ceci explique que la bourgeoisie ait toujours la possibilité d'introduire ses hommes de main, genre Boniface Kaboré, aux postes de directions syndicales pour dévoyer et contenir les luttes des travailleurs. C'est un tel homme que le gouvernement a arrêté, emprisonné et jugé. Les véritables révolutionnaires ont le devoir tout en luttant pour la sauvegarde des libertés syndicales de dénoncer de tels chefs syndicaux. Négliger cette tâche ou l'abandonner sous le prétexte de l'unité c'est faire œuvre  utile pour la bourgeoisie, c'est lui permettre de contrôler et d'accroître son influence sur la classe ouvrière en s'entourant de l'auréole de martyr de la classe ouvrière et de travailler à l'opposer aux masses paysannes (cf. Gaoua, Yatenga).

     Ces caractéristiques de la situation au sein du MDN laissent apparaître clairement sa faiblesse relative face à la réaction qui s'organise et se prépare à abattre avec plus de violence la répression sur les luttes populaires. Faire la politique de l'autruche devant une telle situation avec des appréciations subjectives, euphoriques, sous prétexte de « traduire son optimisme révolutionnaire », c'est fuir devant les véritables tâches, c'est nourrir des illusions quant à la possibilité de réaliser la RAIDP sous la conduite de la petite bourgeoisie.

Telle est l'attitude du P"CR"V qui montre ainsi clairement qu'il représente la petite bourgeoisie et non la classe ouvrière comme il le prétend (Cf., message du P"CR"V, P. 2).

     Dans leur vision nationaliste petite bourgeoise, il suffit qu'un syndicat dénonce deux ou trois [Page 21] fois l'impérialisme international, français en particulier pour que ce syndicat soit considéré comme anti-impérialiste.

    Ainsi n'ont-ils pas hésité à proclamer le MDN de « mouvement profondément démocratique à orientation anti-impérialiste » (souligné par nous).

 Mais avant cela il faut stigmatiser que le P"CR"V dans son message au 9è Congrès laisse tomber son masque et on voit par sa voix sa nature petite bourgeoise, lorsqu'il reconnaît que le contenu du « FD » est juste.

     Sans nous y attarder, nous aborderons à présent l'analyse des deux forces politiques qui sont apparues sur la scène politique nationale.

 

Les forces politiques nouvelles : P"CR"V et « Le Prolétaire »

 

     La naissance de nouvelles forces politiques se réclamant du marxisme-léninisme est un événement désormais historique dans la lutte du peuple voltaïque.

      En effet, pour la première fois, au mois de septembre 78, se manifestait publiquement un courant communiste par la diffusion d'un journal communiste, « Le Prolétaire ». En février 79, on apprenait l’auto-proclamation publique d'un parti communiste dénommé P"CR"V par la diffusion de son programme et de son manifeste.

Dès lors il devenait une nécessité impérieuse à l'ensemble des forces démocratique et anti-impérialistes de notre pays de pouvoir déterminer qui des deux forces se réclamant forces se réclamant de l'idéologie prolétarienne, peut conduire la lutte du peuple voltaïque jusqu'à sa victoire totale.

     Nous allons apprécier ces forces à partir des positions de principe. Comme le dit le document « 5 années de lutte », ainsi que le 8° Congrès de l’UGEV, la qualité de « clandestin » ou de « non-clandestin » de ces organisations politiques ne saurait nous guider dans notre prise de position. Les seuls critères valables sur lesquels on peut se tabler pour les apprécier sont: les statuts et le programme de ce parti, ses manifestations publiques (déclarations des leaders, propositions d'accords ou d'alliances, prises de positions sur les événements, etc...). La dénomination, pas plus que la clandestinité ne saurait non plus être un critère, car comme le dit le PTA : « la force du parti assurément, ne réside pas dans la dénomination (cela est d'autant plus évident aujourd'hui où un grand nombre de partis révisionnistes, réactionnaires s'intitulent communistes), mais dans son programme, dans ses idéaux, dans la justesse de sa ligne, dans son action révolutionnaire pratique ». (Cf. Albanie aujourd’hui, N°2 (45) 1979, p.13).

[Page 22]

     Cela nous évitera certainement de faire des caractérisations vaseuses où gratuites, sans appui matériel et sérieux.

    Quiconque a suivi attentivement nos analyses jusque-là, quiconque s'est donné la peine d'étudier ou de lire les différents documents du P"CR"V et du « Prolétaire », a pu constater le divorce total de nos positions politiques d'avec celles du P"CR"V et leur intime liaison avec celles du « Prolétaire ».


Le P"CR"V

     Avant de de passer à l'analyse proprement dite du P"CR"V, signalons que nous avons été surpris quant à sa naissance.

     Dans un pays où, comme le P"CR"V le souligne, il n'existe pas de conscience de classe au sein des ouvriers, où même la conscience trade-unioniste demeure faible, peut-on parler de fusion du mouvement ouvrier avec le socialisme, condition sine qua non de la création d'un véritable parti communiste, le parti authentique de la classe ouvrière ?

      Quant à la dialectique selon laquelle le parti une fois créé, il accomplira les tâches de propagande, d'agitation, les tâches de fusion du mouvement ouvrier et du socialisme, du marxisme-léninisme, nous la rejetons. Cette dialectique est une dialectique fausse, une dialectique malade d'infantilisme, car les conditions qui devaient présider à la naissance d'un véritable parti communisme n'ayant pas été réalisées, le parti issu de telles conditions ne saurait à son tour réaliser ces tâches (d'agitation, de propagande, de fusion du mouvement ouvrier et du socialisme), marqué qu'il est des conditions de sa naissance. Il est frappé de son péché originel qui l'étranglera. Son avenir c'est l'écroulement, car on ne peut élever les murs d'une maison, et seulement plus tard, rien que plus tard, en creuser les fondations.

      Un tel piètre maçon n'élèvera que des châteaux de sable. Ce maçon s'appelle P"CR"V.

De plus nous avons encore été sidérés en apprenant par "Le prolétaire » que depuis 1971, il existait une organisation communiste, OCV qui, au lieu de mener le combat idéologique ferme contre les diverses conceptions bourgeoises au sein du MDN, a préféré s'abriter derrière un « baoab » (l'UGEV) à partir d'où elle escomptait atteindre la bourgeoisie.

     Mais bref, revenons à notre critique proprement dite du P"CR"V.

   En effet, en ce qui concerne la question du mot d'ordre…………………………………...........[Page 23]tation de l'UGEV (Cf. plateforme) que nous avons rejeté, le P"CR"V nous encourage ardemment à persévérer dans la voie populiste (Cf. manifeste du P"CR"V); nous avons remis en cause l'orientation actuelle de l'UGEV, tout autre est le point de vue du P"CR"V. La remise en cause de l'étape en termes de RAIDP, précisément l'aspect national, a frappé de plein fouet le P"CR"V. Nous pensons qu'un parti, de surcroit communiste, qui ne détermine pas correctement l'étape de la lutte, ne peut pas par conséquent déterminer correctement les tâches de cette révolution et donc ne peut la diriger que vers une voie de garage.

      Ces quelques points fondamentaux sur les quels nous reviendrons sur la situation en notre sein, lesquels synthétisent une collusion idéologique UGEV-P"CR" nous ont amené à douter, puis à nier le caractère prolétarien de ce parti.

       Désormais, nous écrirons (nous avons déjà commencé à le faire) P"CR"V (avec les griffes accrochant le C et le R).

      Mais notre étonnement fut encore plus grand lorsque le P"CR"V sans transition et en un délai record de quelques mois, révise de fond en comble son programme (Cf., Bug-Parga n°2 et message au 9°Congrès de l'UGEV).

     La collusion idéologique P"CR"V-UGEV se traduit d'autre part par l'acceptation de la part du P"CR"V des analyses telles « faillite du néocolonialisme » (Cf. programme), de l'OBR (cf. Bug-Parga n°2).

    Pour une juste compréhension de ces points, nous renvoyons les camarades à nos documents « Contribution… », « Les opportunistes aux abois… », etc..) et à nos différents rapports. Cette collusion idéologique fait que dans le contexte de lutte de lignes, attaquer l'UGEV, c'est attaquer le P"CR"V. Celui-ci le reconnait (Cf. son message au 9° Congrès de l'UGEV-National-Populiste ―NP). Cela nous oblige à faire d'une pierre deux coups, ce qui n'est pas déplaisant dans la mesure où notre tâche est ainsi rendue plus facile. Cette collusion idéologique confirme aussi notre point de vue selon lequel le P"CR"V est un parti petit-bourgeois qui serait tout au plus anti-impérialiste.

     Nous poursuivons notre critique toujours à partir des écrits du P"CR"V.

     Le P"CR"V est un parti révisionniste.

    Dans sa DPG titrée,

« Nous vivons à l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne », nous lisons à la page 5 et6 (nous citons): « ... Cependant à l'heure actuelle, c'est en [Page 24] Asie, en Afrique et en Amérique Latine que la révolution se développe impétueusement. Ces zones du monde appelées "zones des tempêtes", sont à présent les maillons les plus faibles (souligné par nous).... C'est du développement favorable de la lutte des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine, qui constitue la majorité écrasante de la population mondiale, que dépend dans une large mesure (souligné par nous) la cause du développement et du triomphe de la révolution dans les métropoles »(fin de citation).


   Cette analyse du P"CR"V ne diffère en rien de cette thèse combattue actuellement au sein du MCI à savoir :

« C'est dans les vastes régions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine que convergent les différentes contradictions du monde contemporain, que la domination impérialiste est le plus faible elles constituent aujourd'hui la principale zone des tempêtes (souligné par nous) de la révolution mondiale qui assène des coups directs à l'impérialisme ».

    Que signifie cette thèse du P"CR"V ?

    1°- Qu'il existe des maillons faibles dans la chaine du système capitaliste mondial où celle-ci se rompra d'abord, nul n'en doute. Mais sur quelle base alors le P"CR"V les situe nécessairement en Afrique, Asie, Amérique Latine ? Cette vision métaphysique du P"CR"V ne peut se concevoir qu'en partant des considérations du genre que la paysannerie, majorité dans ces zones est plus révolutionnaire que la classe ouvrière (majorité dans les métropoles). Très logiquement le P"CR"V conseille aux ouvriers des métropoles : la chaine est trop forte chez vous, vous ne pouvez la rompre seuls, attendez que « la majorité écrasante de la population mondiale » en Asie, Afrique et en Amérique Latine vienne vous aider après avoir rompu la chaîne chez elle.

    2°- Cette thèse nie le rôle hégémonique du prolétariat dans la révolution. Elle met le prolétariat à la remorque de la paysannerie. En effet, cette thèse repose sur la différence de caractère de la lutte qui existe dans les métropoles impérialistes et dans les pays colonisés ou néo-colonisés. Comme ces derniers ont une forte majorité de paysans et peu de concentration industrielle, le point de vue du P"CR"V revient à considérer les métropoles impérialistes comme les villes mondiales et les pays colonisés et néo-colonisés comme la campagne mondiale. Une telle comparaison n'est pas grave si elle n'aboutit pas à la déduction selon laquelle la « zone des tempêtes révolutionnaires c'est l'Afrique, l'Asie [Page 25] et l’Amérique latine », comme le fait le P"CR"V; sinon cela retiendrait à privilégier la campagne sur la ville, la paysannerie sur le prolétariat, ce qui n'est ni plus ni moins que l’abandon de la question de principe de l'hégémonie du prolétariat dans la révolution. Or « l'abandon de l'idée de l'hégémonie du prolétariat dans la révolution est l'aspect le plus vulgaire du réformisme ».

 

   Le parti authentique du prolétariat travaille-t-il à développer la conscience nationale dans la classe ouvrière ?

      Selon le P"CR"V, l'inexistence sur le continent africain ou la faiblesse temporaire des partis marxistes-léninistes authentique a pour conséquence entre autres, l'absence ou la faiblesse de la conscience nationale et de la conscience de classe au niveau des masses populaires africaines, particulièrement de la classe ouvrière dans de nombreux pays d'Afrique (Cf. programme du P"CR"V, p.7).

      Déjà, le P"CR"V met la charrue avant les bœufs. C’est la  conscience de classe du prolétariat qui explique et légitime l'existence du parti et l'existence de ce dernier en retour agit sur le développement de cotte dernière. La vision du P"CR"V est métaphysique. Tout au plus que l'absence de parti marxistes-léninistes authentiques aient pour conséquence une faiblesse de la conscience de classe au niveau des ouvriers, nous sommes d'accord. Mais que cette insuffisance ait pour conséquence l’absence d'une conscience nationale au sein des ouvriers et des masses populaires, voilà notre désaccord avec le parti nationaliste qu'est le P"CR"V.

      Comme l'a si bien indiqué le groupe marxiste-léniniste « Le Prolétaire », la tâche d'un véritable parti communiste n'est pas d'introduire dans le mouvement ouvrier la conscience nationale, mais la conscience de classe. Sa tâche est d’introduire dans le mouvement ouvrier spontané des idéaux communistes bien définis. Il se doit de seconder la lutte de classe des ouvriers, de s'associer à leur mouvement et d'y apporter la lumière et non l'obscurantisme bourgeois de la conscience nationale (« Le Prolétaire n°1, page 28). Cela ne signifie nullement que le prolétariat ne doit pas lutter contre toute politique d'oppression nationale, mais il doit toujours avoir dans l'esprit le caractère  internationaliste de sa lutte.

Signalons en passant les contradictions du P"CR"V concernant cette question. En effet, en parlant de la lutte des peuples [Page 26] des ex-colonies portugaises, il écrit : « par ailleurs, les luttes victorieuse des ex-colonies portugaises (souligné par nous) ainsi que l'évolution de nombreux mouvements de libération nationale après des victoires (les indépendances politiques ― ajouté par nous) ont montré les limites objectives des organisations nationalistes... » (programme, p.8).

      Il y a contradiction entre ces deux thèses dans la mesure où la deuxième montre qu'il y a bel et bien une conscience  nationale au sein des masses populaires. D'ailleurs le P"CR"V ne dit-il pas (dans son programme, p.23) :

« toutes ces classes et couches sociales populaires qui constituent notre peuple fier, héroïque et indomptable, n'ont jamais accepté la domination de l'impérialisme français en particulier et ses valets locaux  Dans les différentes régions du pays tout entier, notre peuple a reçu à coup de fusils et de flèches les colonialistes et leur a opposé une opiniâtre résistance avec la guerre des partisans et des soulèvements populaires ; il a également toujours tenu haut levé l'étendard de la liberté et du progrès social; il a toujours encouragé, soutenu, aimé, loué et chanté les braves, les patriotes, les partisans, les résistants qui luttent pour ses droits et son bonheur et qu’il appelle " les vrais fils du pays". Les glorieuses pages de l'histoire de la résistance et de la lutte patriotique héroïque de notre peuple admirable ont été écrites avec le sang versé, la poudre des fusils et les flèches, montrant clairement que très tôt nos glorieux partisans ont compris que l'indépendance et la liberté ne se reçoivent pas en cadeau mais s’arrachent par la lutte opiniâtre et le sang versé. Contre la pénétration et l'occupation coloniale et néocoloniale française et leurs
cortèges de malheurs (recrutement forcé: 80% des "tirailleurs sénégalais" étaient voltaïques, les prestations, les travaux forcés, les impôts exorbitants, etc...) notre pays a toujours été un volcan, une poudrière sous les pieds de l'occupant et ses laquais, un foyer incandescent de patriotisme et de résistance âpre et sans pitié pour l'occupant et les traîtres...
 »

    Chers national-populistes du P"CR"V, quelle conscience animait donc les masses populaires dans leur lutte contre l'occupant colonialiste français ?

    Selon nous, il s'agissait bel et bien d'une conscience nationale. C'est d'ailleurs l'existence de cette conscience nationaliste qui a facilité la mobilisation des masses populaires par les organisations type PAIGV et RDA ainsi qu'en Haute-Volta en 1975 lors du conflit malo-voltaïque ou bien dans l'Afrique d'avant 1950, années des indépendances politiques, toutes ces situations ont montré que la bourgeoisie (petite, moyenne ou grande mais la bourgeoisie quand même) a réussi à mobi-[Page 27]liser l'ensemble des messes travailleuses dans les luttes qui l’opposent à d'autres bourgeoisies. C'était d'ailleurs dans cette idée que la sous-section de Dijon déclarait au CA-79 qu'il faut laisser la question nationale à la bourgeoisie.

     Nos opportunistes agglutinés à la direction de l'UGEV se sont précipités pour dire que nous voulons mettre la paysannerie à la remorque de la bourgeoisie par ce que selon eux, la question nationale est quant au fond une question paysanne.

    Par rapport à cette question, il faut bien comprendre que, come le dit Lénine (OC., T.20, P.20) :

« le capitalisme connaît au cours de son développement deux tendances historiques en ce qui concerne la question nationale. La première réside dans l'éveil de la vie nationale et des mouvements nationaux, la lutte contre toute oppression nationale, la création d’états nationaux.

La seconde réside dans le développement et la multiplication de relations de toutes sortes entre les nations, dans la destruction des barrières nationales et la création de l'unité internatiionale du capital, de la vie économique en général, de la politique, la science, etc... » .

 

    Dans la première phase de son développement le capitalisme détruit la féodalité qui opprimait la paysannerie. La lutte de la paysannerie pour se libérer de l'emprise féodale  est une lutte éminemment révolutionnaire. C'est seulement de ce point de vue que l'on peut dire que la question nationale est quant au fond une question paysanne.

     Dans la seconde phase, le capitalisme tend à l'expropriation de la paysannerie. La lutte de la paysannerie dans cette phase vise à sauvegarder la petite production face à la grande production. Elle joue en ce moment un rôle réactionnaire. C’est ce que Marx et Engels traduisent en disant :

« Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires mais conservatrices; bien plus elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur point de vue pour se placer à celui du prolétariat. » (Manifeste du Parti Communiste, P. 121 in  Marx & Engels : Œuvres choisies, T. I, .éditions du Progrès, Moscou, 1976, pp.100-142).

 

    C'est ce que n’ont pas compris les populistes du P"CR"V et de l'UGEV en déclarant réactionnaire le mot d'ordre bourgeois de « la terre à ceux qui peuvent la travailler" face auquel ils proposent le mot d’ordre de « la terre à ceux qui la travaillent ». Ce n'est [Page 28] ni plus ni moins que la défense de la petite production face à la grande.

 

Deux mots sur le p"cr"v  et la question agraire

 

      Le mot d'ordre de la bourgeoisie « la terre a ceux qui peuvent la travailler » permet selon le P"CR"V :

        1°)- d'exproprier les paysans ;

        2°)- d'accaparer les terres riches afin de

        3°)- bâtir de grandes propriétés capitaliste modernes ;

        4°)- d'employer de:> ouvriers agricoles ;

        5°)- la naissance des « grands propriétaires fonciers.

 

     C’est pourquoi il est antipopulaire.

Selon nous, la question agraire suppose une juste attitude à observer face à la question paysanne. Ainsi nous disons:

      ― Faut-il porter un soutier au maintien du petit paysan sur son lopin de terre ? NON.  Car nous nous rappelons de l’enseignement de Engels selon lequel :

« Votre tentative le protéger le petit paysan de sa propriété, ne protège pas sa liberté, mais seulement la forme particulière de sa servitude; elle prolonge une situation dans laquelle il  ne peut ni vivre ni mourir » (La question paysanne en France et en Allemagne)

      ― Faut-il mentir au paysan mentir au paysan afin de réaliser l’alliance ouvrier-paysan ? La réponse est claire :

« Notre intérêt n’est pas le gagner le paysan du jour au lendemain pour que du jour au lendemain il nous quitte lorsque nous ne pourrons pas tenir nos promesses.

Du paysan qui nous demande de maintenir la propriété parcellaire, nous ne pourrons jamais faire un camarade, pas plus que du petit patron qui veut rester éternellement patron.»

 

     Par ailleurs il est évident que le remplacement de la petite production paysanne par la grande production capitaliste est une injustice historique vis-à-vis du petit paysan. Mais faut-il coûte que coûta se charger de réparer toute espèce d’injustice historique ? Nous ne le pensons pas, car toutes les injustices historiques ne se ressemblent pas.

« En effet, les injustices historiques sont de  divers ordres. Il en est qui demeurent, pour ainsi dire, à l'écart du grand courant historique, sans l’entraver [Page 29] ni gêner son cours ; elles n'empêchent la lutte de classe prolétarienne de gagner en profondeur et en étendue .... Ce serait effectivement manquer d'intelligence que se charger de réparer de telles injustices historiques » (Lénine).

 

     Nous ne sommes pas surpris que le P"CR"V manque d'intelligence dans la mesure où nous le voyons épouser des points de vue de la « droite brute ». Quant à nous, nous pensons qu'il faut tenir compte de tous ces éléments afin de formuler notre soutien au petit paysan sans pour autant aboutir :

     1°)- A nous opposer au sens du développement social (en déclarant par exemple que le mot d'ordre de la bourgeoisie est réactionnaire).

     2°)- A préférer la petite production agricole paysanne à la suprématie de la grande production capitaliste (en formulant par exemple un soutien au maintien du paysan sur  a propriété parcellaire).

 

     Nous devons par contre viser deux buts essentiels qui sont:

« - d'une part abolir tous les rapports et institutions précapitalistes héritées de l'ordre social passé à la campagne ;

  - d'autre part, introduire la lutte de classe à la campagne en lui conférant un caractère plus déclaré et plus conscient »( « Le Prolétaire » n° 1, P.42).

    Une juste compréhension de dette question permet de mieux cerner le problème agraire dans notre pays.

     Pour plus de détails, nous vous conseillons le n° 1 du journal de propagande communiste « Le Prolétaire »

 

Le P"CR"V  et la bourgeoisie nationale

 

     A la page 12 de son programme, le P"CR"V écrit :

« le pays (la Haute-Volta) suit la voie de développement capitaliste mais il ne s'agit pas d'un capitalisme national indépendant. Cette voie d'un capitalisme national indépendant est dans les conditions historiques et politiques actuelles impossible. »

    Très bien ! Et plus loin, on lit à la page 22 :

« les particularités de l'évolution politique de la Haute-Volta, de sa structure économique et sociale n'ont pas permis (du moins dans l'état actuel de nos connaissances et enquêtes) la naissance et le développement d'une bourgeoisie nationale en tant que classe et force politique indépendante. C'est là un phénomène politique et  social important particulier à notre pays, que le P"CR"V doit constamment étudier afin de suivre son évolution pour ne pas tomber dans l'opportu-[Page 30]nisme ».

    Enfin, le P"CR"V peut continuer. Mais ce oui est sûr, c'est qu'il est déjà en plein clans l'opportunisme de droite. Nul doute que ces deux citations contradictoires montrent la platitude théorique du P"CR"V dont le propre est de recopier des fragments de texte et de les racoler.

    Nul cloute aussi que le P"CR"V a une méconnaissance réelle de ce qu'est l'impérialisme. Il est resté avec la conception erronée et étroite qu'il a propagé au sein du mouvement étudiant voltaïque, à savoir que l’impérialisme ne peut être cerné qu'à travers ses manifestations extérieures: agressions et sujétions des peuples et des nations par le colonialisme et le néocolonialisme. Ne seraient impérialistes selon cette conception, que les pays qui peuvent imposer militairement et économiquement leur volonté aux pays faibles et faire d'eux les colonies ou des néo-colonies.

     Cette conception étroite a conduit le mouvement étudiant africain (en général), voltaïque (en particulier) à un refus d'une juste caractérisation de l'URSS. Il fallait attendre de voir que l'URSS possède des néo-colonies, prenne part à la gestion des multinationales...

    Cette conception tend à dire que l'impérialisme, les monopoles, l'exportation des capitaux, le colonialisme, le néocolonialisme, sont des phénomènes dissociés du capitalisme et que l'on pouvait lutter contre eux sans s'attaquer au capitalisme.

    Ces idées relèvent aussi d'un nationalisme étroit qui transparaît dans la définition de l’étape en termes de RNDP. Cette méconnaissance de l'impérialisme de la part du P"CR"V s'est éloquemment illustrée à la page 7 de son programme, lorsqu'il écrit:

«…. La restauration du capitalisme en URSS et les conséquences de la crise qui obligent le rouble à sortir de ses frontières ».

    Cela est erroné ; car il faut comprendre que le rouble est sorti des frontières soviétiques non pas sous l'effet de la crise, mais par le fait que l'URSS, en tant que pays impérialiste exporte des capitaux.

     Selon nous, la juste compréhension de l'impérialisme est telle que l'a définie Lénine: « l'impérialisme, c'est le stade suprême du capitalisme ».

     Effectivement, rien ne distingue l'impérialisme du capitalisme, sinon que le premier est un stade supérieur du second c'est-à-dire que l'impérialisme survient à un moment où certains traits économiques et politiques du capitalisme deviennent dominants mais gardent quand même ses caractéristiques générales et sa nature fondamentale.

     A partir de cette juste compréhension, nous sommes [Page 31] profondément convaincus que les enquêtes et les études du P"CR"V ne le mèneront à rien, sinon à étaler sa vraie nature de parti radicaliste petit bourgeois, opportuniste par essence, car dites-vous bien qu'après la critique fulgurante que lui a faite « Le Prolétaire », nos populistes ont essayé de reculer timidement en adoptant l'appellation « bourgeoisie locale » dans son « Bug-Parga » n°2 page 6, tout en sachant bien que le caractère « local » ne traduit en rien le caractère « national » de « sa » (notion de) bourgeoisie.

 

Le P"CR"V sème la confusion sur la situation nationale:

      A la page 12 du Bug-Parga n°1, nous lisons :

« il est illusoire et même dangereux pour les révolutionnaires voltaïques de penser que chez nous le peuple pourra prendre le pouvoir de façon pacifique en général, par des élections en particulier ».

    Nous partageons ce point de vue. Seulement voyez-vous, le P"CR"V s'est fourvoyé dans un long développement sur les élections. En effet,  à la page 7 et 8 nous lisons :

« ...Comme protagonistes des élections, il y avait deux camps : la bourgeoisie voltaïque et l'impérialisme français d'une part et les masses populaires de l'autre. La bourgeoisie est bien organisée : elle a ses partis politiques (RDA, PRA, UPV/MLN, UNDD, etc...) elle contrôle l'appareil d'état. Quant aux classes laborieuses, elles étaient désarmées tant sur le plan organisationnel qu'idéologique. En effet, les classes et couches laborieuses n'avaient pas leur état-major politique, le PCRV, doté de son idéologie scientifique, le marxisme-léninisme, seule capable de les diriger victorieusement dans la lutte complexe et longue contre la bourgeoisie et l'impérialisme. D'une telle situation, il est évident que la bourgeoisie partait gagnante d'avance pour les élections qui se ramenaient en réalité à des compétitions entre les différentes fractions de cette même bourgeoisie ».


    Eh oui !!! Ne soyez pas surpris, c'est le P"CR"V qui a causé. En clair, si les masses populaires étaient dotées de leur « état-major » le P"CR"V, malgré l'organisation de la bourgeoisie, elles auraient remporté les élections. Comment appeler cela, sinon de l'électoralisme? Que pouvons-nous ajouter de plus ? Sinon souhaiter et œuvrer à ce que les masses laborieuses et le prolétariat en particulier ne puisse jamais se doter d'un état-major de la trempe du P"CR"V.

 

Le P"CR"V a une conception erronée du mouvement étudiant

 

     Un aspect de cette question, nous l'aborderons dans notre [Page 32] critique du « mot d'ordre d'intégration aux masses ». Cette critique est fondée sur le fait que le mot d'ordre d'intégration conduit à une surestimation du mouvement étudiant. Cela n'est pas de l'avis du P"CR"V qui appelle l'UGEV à persévérer dans l'intégration sans préciser sous quelle bannière.

De plus, le point de vue des marxistes-léninistes est que les mouvements de masse en général, ceux de la petite bourgeoisie en particulier (paysanne ou intellectuelle) ne peuvent jouer un rôle véritablement révolutionnaire que s'ils fondent leurs luttes dans celles du prolétariat. Tenez-vous bien ! en un tour de main, le P"CR"V dans son message à l'UGEV révise son programme et reprend à quelques mots près cette analyse. Que voulez-vous, si le ridicule pouvait tuer.

     Quant aux analyses subjectivistes et spontanéistes du P"CR"V concernant la situation nationale et internationale, nous n'allons pas nous y attarder outre mesure. Seulement nous allons conclure en disant que l'avenir du P"CR"V « parti de l'action révolutionnaire » et non de la théorie révolutionnaire est dans la poubelle de l'histoire.

 

«Le prolétaire »

 

     En ce qui concerne le groupe marxiste-léniniste « Le Prolétaire », nous n'allons pas être longs. Ce que nous voulons souligner, c'est que depuis sa parution, ce groupe dont la devise est « apprendre, propager, organiser » s'est effectivement attelé à éduquer réellement les masses dans un esprit authentiquement prolétarien et ce, en développant des conceptions réellement communistes au sein des masses y compris le mouvement étudiant.

Dans le cadre de la lutte de lignes actuelle, nous avons apprécié les prises de position fermes de la part du « Prolétaire » dans un soutien à la ligne juste que nous défendons tout en indiquant clairement la juste voie à suivre.

     Que ce soit la réorientation du mouvement étudiant ou la question de l'étape de la lutte dans notre pays, « Le Prolétaire » nous a beaucoup éclairé et a contribué à nos réflexions. Nous avons constaté que « Le Prolétaire » a déclenché une lutte idéologique intense et rigoureuse contre le parti national-populiste qu'est le P"CR"V.

     Nous sommes au regret |de constater que le P"CR"V a choisi de « baisser la culotte » dans cette lutte et se débine derrière des caractérisations gratuites, sans fondement. Mieux, il vient de faire main basse sur certaines [Page 33] analyses du « Prolétaire » en ce qui concerne la juste orientation du mouvement étudiant.

Partant de la juste compréhension de la question de la direction de la lutte, nous apporterons un soutien ferme au groupe marxiste-léniniste « Le Prolétaire » et pensons que le groupe ML « Le Prolétaire » répond par ses justes analyses à nos aspirations.

 

*        *

 

*

 

     Après avoir fait l'analyse de la situation nationale et des forces politiques présentes, il nous appartient à présent d'approfondir cette appréciation par l'analyse de deux questions importantes qui sont celles de l'indépendance politique et son corollaire, l'étape de la lutte, la nature de la Révolution prochaine.

     En montrant, sur la base des analyses du groupe marxiste-léniniste « Le Prolétaire », ce qu'il y a de différent entre la période coloniale et celle actuelle du néocolonialisme, nous montrerons en quoi il existe aujourd'hui deux façons de poser le problème de la lutte anti-impérialiste dans un pays néocolonial comme la Haute-Volta.

    Celle qui a pour fondement la lutte de classes et celle basée sur l'union de classe, la collaboration de classe et cela qu'on en ait conscience ou pas (cela n'y fait rien). Nous nous efforcerons comme par le passé de traiter soigneusement les différents problèmes relatifs à la crise du mouvement et ce d'une façon politique essentiellement. Nous avons conscience de la difficulté que cela représente dans la mesure où face aux viles calomnies qui mériteraient parfois réponse, il est difficile de toujours rester insensible.

      Mais nous sommes trop préoccupés par le véritable débat politique que nos adversaires politiques ont fui comme la peste et nous resterons d'autant plus insensibles
aux calomnies qu'il s'agit des travaux de notre congrès désormais historique (au vrai sens du mot).

 

L'INDEPENDANCE POLITIQUE ET L'ETAPE ACTUELLE

DE LA LUTTE DU PEUPLE VOLTAÏQUE.

 

      Aujourd'hui, c'est incontestablement le point auquel se cramponne désespérément le Mouvement national-populiste liquidateur (Monapol) pour tenter de sauver sa ligne opportuniste de droite, complètement en déroute. Nous allons aborder cette [Page 34]  question des indépendances politiques pour couper l’herbe sous les pieds de nos opportunistes du Monapol…………………..de terre sur lesquelles ils tenteront vainement de………………………………………………………………………………………………. équilibre.

 

1. Le  passage du colonialisme au néo-colonialisme.

      Ce  passage du colonialisme au néocolonialisme, bien que l’UGEV le caractérise  de passage à caractère stratégique, reste bien souvent incompris.

Bien que l’UGEV parle de l’avènement de « …néocolonialiste », on a pas toujours su en quoi le passage du colonialisme au néocolonialisme, même s'il ne constituait pas la fin de l’exploitation et de l'oppression des peuples africains, marque néanmoins une phase nouvelle dans la lutte des masses populaires.

      A la question de savoir si nos pays étaient indépendants, on a ¡souvenu répondu négativement dans l’'absolu et affirmé que le néocolonialisme  « n’avait en rien changé la situation de nos pays » et contradictoirement on continuait d'affirmer que ce passage revêt un caractère stratégique. Une chose est de dire que l’indépendance acquise par nos pays n'est que formelle, uniquement politique et en tout en expliquant son caractères incomplet, expliquer en quoi elle constitue néanmoins une réforme progressive. Une autre  est de nier purement et simplement cette réforme démocratique  sous l’argument de l'impossibilité de la réalisation de ce droit sous l’impérialisme.

     La seconde est erronée et conduit à obscurcir la vision politique des problèmes et à entretenir le nationalisme de la période coloniale qui, dans le contexte actuel a épuisé son contenu démocratique pour devenir désuet.

Ainsi le caractère stratégique du passage du colonialisme au néo-colonialisme exprime selon nous les aspects suivants de la question:

      a) il s'est traduit par la mise sur pied avec l’aide des puissances colonisatrices, d'un appareil d'état dans chacun des territoires coloniaux faisant passer ainsi le pouvoir d’état aux mains des classes réactionnaires autochtones (BPB, BC, forces féodales). Ces classes se chargeront dorénavant d’organiser et de gérer l’exploitation  et l’oppression des masses populaires  africaines. C’est par l’entremise de ces classes réactionnaires que la domination extérieure allait continuer de s’exercer.

       b) La lutte anti-impérialiste devient une lutte de classes [Page 35]  acharnée, ouverte et directe, à l'intérieur de chacun ces pays concernés contrairement à la période coloniale où la lutte anti-impérialiste (A-I) était une lutte nationale des peuples nationalement opprimés, la lutte de classe était masquée, cette lutte était dirigée contre l'ennemi extérieur (étranger).

       c) Il se traduit par le fait que chaque pays sera dorénavant pris comme terrain immédiat sur lequel se déroulera la lutte anti-impérialiste en même temps lutte de classe ouverte, directe, pour faire des différents états nationaux des états indépendants sous
tous les rapports.

      d) Il se traduit enfin, par le fait que les deux mouvements dans la lutte anticolonialiste qui, au cours même de la lutte se séparaient chaque jour davantage, ont fini par être deux mouvement totalement distincts et sont entrés dans un antagonisme social. Il s'agit :

      ― du mouvement national bourgeois démocratique ;

      ― du mouvement des Ouvriers et des paysans.

     Il en découle le fait que le terrain historique de la lutte  a changé. A la place du mouvement libérateur bourgeois, le mouvement libérateur à caractère prolétarien devient le mouvement décisif. La classe ouvrière devient le centre de ralliement de tous les opprimés. Une telle compréhension du passage du colonialisme au néo-colonialisme a une incidence réelle quant à la compréhension, à l'orientation révolutionnaire de la lutte de nos peuples.

      Une juste compréhension de ce passage n'est pas possible si on continue de nier dans l'absolu le caractère progressif de ce passade qui s'est traduit par l'acquisition des indépendances politiques.

Traitant de la question des néo-colonies, Enver Hoxha affirme :

« Mais la liberté, l'indépendance et la souveraineté reconnues juridiquement par les états capitalistes à leurs ex-colonies, sont demeurées jusqu'à ce jour purement formelles (souligné par nous) pour nombre de pays, car les capitalistes et les impérialistes continuent d'y régner sous de nouvelles formes » (Cf. Impérialisme et la Révolution, p.287).

     Et il poursuit :

« En traitant de ce problème, il ne faut pas penser que, puisque les pays ex-colonies n'ont pas encore conquis leur indépendance et leur souveraineté complète, leur lutte a été vaine. En aucune manière, (souligné par nous)…Bien au contraire, le PTA et l'état  Albanais ont soutenu et soutiennent sans réserve cette juste lutte révolutionnaire et de libération, et ils l'ont considérée comme une [Page 36]  victoire des peuples pour le renforcement de leur indépendance politique et pour leur affranchissement de la domination coloniale et néocoloniale, (ibid. pp.267-268).

     Il est erroné de croire que le passage « n'a en rien changé à la situation de nos pays ». Le terme de néocolonie exprime une domination indirecte de l'impérialisme international.

     A la sortie de la seconde guerre mondiale, il était risqué pour la France par exemple de continuer de maintenir les pays africains sous le joug colonial.

« La deuxième guerre mondiale suscita un changement radical dans le rapport de forces dans le monde….Par cette situation, nombre de pays colonialistes, qui ne permettaient aucune liberté ni indépendance, avait fait son temps » (Cf., L'impérialisme et la révolution, p. 12).

    Mais si les puissances impérialistes, colonialistes en vinrent à cette conclusion, ce n'est pas qu'elles étaient mues par des sentiments démocratiques ni par le désir de donner la liberté aux peuples en lutte, mais sous la pression des luttes populaires.
     Les pays impérialistes ont tout mis en œuvre pour s'adapter aux nouvelles conditions après la deuxième guerre mondiale. Quelles sont ces nouvelles conditions ?

      1°) L'essor des mouvements nationaux de libération.

      2°) La Révolution d'Octobre en URSS et la consolidation du premier état socialiste.

      3°) Les guerres d'Indochine et d'Algérie au cours desquelles l'impérialisme français a subi des cuisantes défaites.

      4°) L'action des pays socialistes.

      5°) La lutte de la classe ouvrière et du peuple français.

C'est donc sous les faits de ces différents facteurs, que la France a été contrainte à concéder cette indépendance politique aux pays africains.

 

(voir la suite)



09/11/2011
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