Parcours

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Le Prolétaire N° 9 (7 novembre 1987)

 


"Le Prolétaire"

 

Journal de l’ULC-R

 

Date :7 novembre 1987, Numéro 9

 


 

 

EDITORIAL

 

    Aujourd'hui sous la direction du « Front Populaire »: un processus de rectification a été engagé.     

     Toutes les Organisations politiques et de masses ont été conviées à participer à ce processus de rectification.

    Jusqu'à présent notre Organisation ne s'est pas prononcée sur la signification et la portée des événements du 15 Octobre 1987 et l'avènement du Front Populaire. Mais cela ne saurait tarder. Le « Front Populaire » s'est engagé à instaurer la démocratie nécessaire à un débat politique sur toutes les questions relatives au Processus révolutionnaire engagé dans notre pays depuis le 4 Août 1983. Nous espérons participer à ces débats pour donner notre, compréhension.

       D’ores et déjà il convient que nous nous élevons contre des écrits de certains Plumitifs qui cherchent à falsifier l'histoire de notre Révolution et de notre participation au Processus révolutionnaire. Outre cette intervention que nous publions aujourd'hui et que nous avons faits lors de la rencontre du Mercredi 27 Mai 1987 entre les Organisations politiques membres du CNR, rencontre présidée par le Président du CNR, il nous faut rappeler à la connaissance de tout un chacun ce qui suit :

     1°) Les premiers, nous avons été ceux-là qui ont tiré la sonnette d'alarme quant au fait que notre révolution est entrain de dévier (Cf. la réunion du CC du CNR suite à la dissolution « bureaucratique du Bureau national des étudiants et du Comité d'Université au mois de Septembre 1986.

 

      2°) Les premiers avec le PAI, nous nous sommes toujours élevés contre la dissolution des organisations politiques au sein du CNR. Nous avons toujours en tout temps et en tout lieu défendu qu‘une organisation marxiste-léniniste ne peut se dissoudre qu’au profit d'une autre structure marxiste-léniniste. Et  conséquemment nous avons proposé (bien avant même le CNR ne s'élargisse à d'autres organisations) que les discussions d'unification des organisations m-l en vue de la création d'un parti unique se mènent en dehors du CNR. Ces discussions devant aboutir à l’élaboration d’un Programme m-l adopté par tous. La constitution d'un Comité d'Organisation pour le parti sur la base du programme m-l. Et seulement après pourrait intervenir la dissolution des Organisations politiques au profit de ce cadre unique marxiste-léniniste.

 

 

[p.2]

    Dès les premiers jours de la Révolution, nous avons affirmé et soutenu que notre processus avait besoin des trois (3) piliers fondamentaux que sont le Parti, le Front et l'Armée Populaire.


      3°) Nous avons fourni au CNR, un bilan partiel de notre participation à cette instance, dans lequel nous n'avons pas hésité à poser les termes des critiques essentielles que nous formulons contre la marche du processus.


      4°) La parution du n° 8 du « Prolétaire » au mois de Mai 1987 fut un acte de courage politique et de loyauté militante.

    Chacun se souvient de la levée de bouclier qui s'en est suivie. Que l'on lise et relise cette publication dont le contenu est plus qu'actuel.


     5°) Lors de l'arrestation de Soumane TOURE, seuls, nous fûmes ceux qui avons oser aller à contre-courant du mouvement qui exigeait sa mise à mort, en demandant sa libération pure et simple. Il nous a fallu essuyé les foudres de guerre pour cette alliance avec l’ « anarcho-syndicalisme ».


      6°) Nous nous sommes élevés contre le mouvement putschiste orchestré contre les différentes directions syndicales.


       7°) etc., etc..

 

    Tout comme aujourd'hui, nous sommes disposés à publier tous les documents écrits pour les porter à la connaissance de notre Peuple afin de l'aguerrir contre les falsificateurs à bon marché qui au mépris de la vérité veulent faire prendre des vessies pour des lanternes. Dans la présente publication, nous faisons paraître notre intervention (intervention pour laquelle nous avons été traités de véritables « hors-la-loi » par un camarade qui participe au « Front Populaire »), à la rencontre des organisations politiques autour de la questiond'unité. En annexe, nous publions aussi :

  • « Le Projet d'une esquisse de programme pour le CNR », esquisse demandée par lettre officielle du Président du CNR à un de nos camarades. En tant que membre du CNR, nous n’avons trouvé aucun inconvénient que notre camarade s'exécute à la tâche.
  • Notre point de vue sur l'arrestation de Soumane TOURE.

[p.3]

     Quel que soit le stade des discussions atteint sur la question d’unification des Organisations Politiques, il n'en est pas moins vrai que le CNR était une donnée que tous reconnaissaient en y maintenant leur adhésion. Alors à chacun de juger en quoi cette esquisse peut être assimilé au « Programme d'une organisation fantoche qui n’allait jamais voir le jour ».

     Nous, nous n'avons pas attendu les événements du 15 Octobre 1987 pour oser dire ce avec quoi nous n’étions pas d’accord». Et ce ne sont pas les anciens membres du CNR qui pourront nous contredire.

      L'ironie du sort cherche à nous faire assumer le rôle que certains ont toujours joué et qui aujourd'hui de façon très admirable tentent vainement de l'attribuer à autrui.

      Nous n’avons pas été, nous ne sommes pas et nous ne serons jamais des larbins de qui que ce soit, dussions-nous pour cela, mourir. Nous avons une conviction, line éthique et une morale. On ne dira jamais que nous tronquons nos convictions au gré du moment. Cela est le propre des opportunistes.

 

 

 

*

 

*      *

[P.4]

ANNEXE I

  

LES QUESTIONS ESSENTIELLES DE LA  REVOLUTION DANS LA SITUATION ACTUELLE : LE POINT DE VUE DE L’ULC (R).

                                                (Intervention à la rencontre du mercredi 27 mai 1987

entre les Organisations politiques membres du C.N.R») 

 

 

     La question essentielle de la Révolution dans la situation actuelle pour nous militants de l'ULC (R) se situe au niveau de notre participation au processus actuel. L’ULC (R) peut-elle continuer à se considérer comme partie intégrante du processus révolutionnaire? C'est une question à laquelle nous militants de l'ULC(R) devons répondre. C'est une question à laquelle les Organisations politiques membres du CNR avec l’ULC(R) doivent répondre.

 

     I.  - Des attaques contre l’ULC (R) et de l’appréciation qu’en font les Organisations politiques membres du CNR.

 

    Suite à l'analyse faite par notre Organisation sur l'opportunisme et le danger qu’il fait planer sur la Révolution, nous n'avons jusqu’à nos jours enregistré aucune réaction ouverte de la part des Organisations politiques aux cotés desquelles nous participons au présent processus. Cependant, nous assistons à des attaques voilées et ouvertes contre notre Organisation et ses militants. Ainsi, que ce soit au cours des Conférences organisées à dessein, que ce sait au niveau de la presse de l'État  ( « Sidwaya », Radio Nationale) qu’à travers des discours officiels, nous avons pu noter des attaques qui nous sont adressées.

    Face à toute cette campagne orchestrée, nous sommes en droit légitimement de nous interroger. Qu'avons nous bien pu écrire dans le numéro 8 du « Prolétaire » qui suscite tant de courroux et de haine vis-à-vis de notre Organisation et ses militants ? Que les réactionnaires et les opportunistes conscients mal intentionnés vis-à-vis de la Révolution, soient pris de rage, à cela il n’y a rien d’étonnant. Mais de la part de militants qui se disent révolutionnaires, et qui devraient lutter chaque jour pour s’aguerrir des travers opportunistes qui tous les jours nous guettent tous autant que nous sommes, la même attitude devient incompréhensible. Si les réactionnaires, les opportunistes conscients et indécrottables nous attaquent, nous injurient et nous calomnient, cela nous honore et nous réconforte. Avec eux, nous ne nous asseyons pas autour d’une [p.5] même table .

     Mais  il nous importe beaucoup de nous situer clairement lorsque certaines attaques proviennent de milieux que nous considérons comme révolutionnaire. Il nous importe de savoir ce que pensent les Organisations politiques membres du CNR et leurs militants, lorsqu'ils entendent au cours d'une conférence, à la Radio, lisent dans « Sidwaya » et à travers des écrits anonymes que l'on diffuse dans les lieux sensés être au-dessus de tout soupçon, que notre Organisation est une Organisation opportuniste, sans principe, une Organisation qui a cessé d'être communiste pour se transformer en une « secte hétéroclite », une Organisation « néo-putschiste » ayant un seul but « le Pouvoir d'État ». Que pensent les Organisations politiques membres du CNR, lorsque nous sommes identifié comme les pires ennemis de la Révolution qu’il faut abattre et faire « consommer » par les militants de la RDP? 

Il nous importe de savoir le point de vue de ces Organisations politiques là. Car nous pensons quant à nous que le jour où nous arriverons à de telles appréciations vis-à-vis de l'une de ces Organisations, nous refuserons de nous asseoir ensemble avec elle pour soit disant œuvrer à la consolidation de la Révolution.    

    Si un jour, nous parvenons à une telle appréciation de toutes les  Organisations membres du CMR, notre présence au sein de cette instance n’a plus sa raison d'être. C'est pourquoi, il nous importe de savoir clairement l'appréciation de nos « partenaires » au sein du CNR, de même qu'il nous importe de savoir quelle appréciation nous avons d'elles. Sans une appréciation positive que les Organisations ont les unes des autres, il n'y a point d'Unité. Tout le reste n'est que farce et duperie.

 

I - II.1.- L'ULC (R) peut-elle continuer de participer au présent processus ?

 

 

    La réponse à une telle question dépend en partie de l'appréciation des Organisations politiques membres du CNR et qui sont parties prenantes du processus révolutionnaire en cours dans notre pays. Quant à nous, le maintien de notre participation au présent processus, eu égard aux derniers développements, devra être assorti de certaines conditions nécessaires.

     L'analyse de la situation présente qui va suivre et les propositions qui vont en découler s'inscrivent dans ce sens.

 

 

II.2- Brève analyse de la situation actuelle.

    

Après quatre (4) ans de Révolution, nous faisons le constat suivant : un état de démobilisation générale:

 

 

[p.6]

 

 a)     Au niveau des masses :

    Le mécontentement et l’indignation va grandissants ; et pourtant toutes les mesures, les décisions, sont prises dans l'intérêt des masses. Pourquoi donc ne requièrent-elles pas leur adhésion?

    Il y a la posée, la question de la direction des masses, de la méthode de savoir appliquer une ligne de masse. Toute chose contraire à cette ligne, tel le spontanéisme, est à bannir.

    Le seul principe sacré de la Révolution, à partir duquel découlent tous les autres, réside en ceci : Elle (la Révolution) est le mouvement de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. En dehors de ce principe, toute théorisation, toute pratique, quel que soit le nom qu’on lui colle est loin de la Révolution, comme l'est le ciel de la terre. Les transformations révolutionnaires doivent être entreprises pour les masses et par les masses. Et beaucoup de nos mesure pèchent en ce qu'elles s'appliquent sans les masses et contre leur entendement du moment. Il ne suffit pas qu'une mesure soit juste pour qu'elle soit prise. Il lui faut pour son application réussie, l'adhésion des masses. Et c'est là que doit intervenir le travail patient d'explication, de conscientisation et de mobilisation par la persuasion. Travail que seuls peuvent accomplir des militants révolutionnaires organisés sous une direction unique reconnue de tous et répondant à une discipline consciente et librement consentie.

 

b)   Au niveau des organisations révolutionnaires et des militants révolutionnaires

    Au début de la Révolution, les Organisations politiques étaient actives, dynamiques et combatifs. Aujourd'hui, la plupart est tombée dans la torpeur, le découragement. Et cela est dû à l'instauration d'un climat de suspicion, de méfiance, les amenant ainsi à perdre confiance. Les militants de ces organisations en arrivent à perdre leur combativité et se laissent aller au découragement. En tout cas, cela est vrai pour l'ULC (R).

      Quelques faits à la  base d'une telle situation :

      1/ Les nominations discriminatoires des militants appartenant aux organisations membres du CNR.

      2/ Le relèvement massif de militants aux postes de responsabilité sans mêmes les prévenir ;

      3/ La mise à l'écart de certains militants lors de la restructuration des commissions du CNR.

      4/ La politique d'encouragement à l'arrivisme et au larbinisme ;

      5/ L'encouragement d'éléments réactionnaires, en leur confiant des postes de responsabilités ;


[p.7]

    

      6/ La poursuite et le traquage des militants révolutionnaires (cas des étudiants de l'Université)

      7/ La rivalité malsaine entretenue entre les organisations politiques.  

 

     Il y a aussi un facteur important qui contribue à accroitre la démobilisation, c'est l'indifférence de nombreux militants de la LIPAD/PAI mis à l'écart depuis la crise de mai 1984.

 

II- Quelques propositions de solution à la situation de crise de confiance

   

Il ne fait plus de doute que la situation présente se caractérise par une  crise de confiance. :

       -  une crise de confiance entre les Organisations politiques membres du CNR ;

       -  une crise de confiance entre Organisations politiques et instances dirigeantes ;

      -  une crise de confiance des militants et des masses révolutionnaires en les instances dirigeantes de la Révolution et par conséquent en la Révolution.

 

     La première tâche est donc d'œuvrer ensemble à réinstaurer le climat de confiance qui sécurise chacun en lui créant les conditions favorables lui permettant de donner le meilleur de lui-même pour la consolidation et l'approfondissement de la Révolution. Réinstaurer la confiance à tous ces divers niveaux est la tâche de l’heure, la tâche primordiale.

 

a)Travailler à réinstaurer la confiance au sein du CNR

     Au sein du CNR, les Organisations politiques membres doivent apprendre à se respecter mutuellement, à collaborer dans la franchise et dans la sincérité tout en travaillant à créer la confiance nécessaire pour une unité supérieure.

     Le point de vue de notre Organisation a toujours été que notre Révolution a besoin de trois piliers fondamentaux pour aller de l'avant : 1lArmée populaire, le Front et le Parti.

     Dans cette vision des choses, nous avons toujours considéré le CNR comme un front constitué autour d'une orientation politique anti-impérialiste contenue dans le DOP du 2 Octobre 1983. L’Unité dont nous parlons et dont nous sommes partisans, ne consiste pas à demander aux Organisations de se dissoudre dans le CNR, mais il s'agit d’une unité entre Organisations qui se veulent marxiste-[p.8]léninistes. Ce programme, une fois élaboré devra recueillir l’adhésion des Organisations politiques à s’unir et c’est sur cette base qu'elles devront être invitées à s’auto-dissoudre au profit d'une structure unique, à savoir un Comité provisoire chargé de l’édification du Parti à créer. Il reste à clarifier les modalités de mise sur pied d’un tel Comité.

     Conscient du fait que la Révolution a besoin du concours du plus grand nombre et qu’il ne faut pas favoriser la constitution de plusieurs centres de résistance, notre Organisation a toujours pensé qu'il faut tout mettre en œuvre pour réintégrer le PAI au sein du CNR et l’associer au processus d’unification des Organisations pour la création d’un parti unique. Seule une telle orientation peut garantir à la présente Révolution, toutes les conditions favorables de succès et c’est dans cette direction qu’il nous faudra travailler sérieusement et sincèrement. Plus on s’écarte de cette vision, plus on hypothèque sérieusement l’avenir de notre Révolution. Travailler dans cette direction, c'est d'abord rassurer les Organisations présentement membres du CNR sur les intentions véritables ; c’est les traiter équitablement en respectant scrupuleusement les principes organisationnels (statuts et règlement intérieur du CNR); c’est éviter de mettre certaines Organisations devant le fait accompli par les décisions qui sont prises (élargissement du CNR, etc...).

 

b) Travailler à réinstaurer la confiance au niveau des militants et des masses révolutionnaires

   Il nous faut réfléchir sérieusement sur nos méthodes de direction des masses en vue de définir la méthode correcte oui s’inspire de la ligne des masses. Aujourd'hui, il est mille fois préférable d’axer nos efforts à reconquérir l’adhésion des masses que de nous obstiner à réaliser des transformations économiques et sociales pour lesquelles l’état d'esprit des masses n’est pas préparé. Cela peut paraître à première vue comme une perte de temps, mais c'est un travail indispensable pour la longue marche nue nous ayons entreprise. Parce que nous sommes pressés qu’il nous faut marcher lentement mais surement. Nous sommes des révolutionnaires, c’est pourquoi nous préférons au succès du moment, œuvrer pour l’éternité. Donnons-nous par conséquent les moyens pour que notre œuvre ne soit pas éphémère, qu'elle ne nous survive pas.

 

Le CC de l’ULC (R)

 


[p.9]

 

 

 ANNEXE II

 

PROJET D'UNE ESQUISSE DE PROGRAMME POUR
LE. CONSEIL NATIONAL DE LA  REVOLUTION (C N R)

 

PRÉSENTATION

 

     Un programme pour le CNR, ne peut consister en un exposé de thèses, de brèves propositions à des fins de propagande et d'agitation» Ce genre de programme convient aux organisations en lutte pour la conquête du pouvoir d’État pour réaliser leurs objectifs finaux. Le programme de telles organisations est une formulation de propositions revendicatives réalisables dans le cadre même de l'ordre établi qu'elles remettent en causes. Ces revendications sont formulées en vue de rallier les masses à la lutte de ces organisations.      

      Le programme du CNR, « Organisation » au pouvoir, qui assume la direction et la gestion de toute la production sociale et par suite de la répartition, se doit d'être des propositions de transformations sociales.

      Sa formulation faisant suite à l'élaboration du Discours d'orientation politique (DOP), il n'est nul besoin de réserver une place pour une partie théorique. Tout son contenu devrait être essentiellement pratique, surtout que les propositions ne dépassent pas le cadre théorique de la Révolution démocratique et  populaire telle que définie par le DOP.

     En outre il n'est nul besoin de présenter le programme du CNR à l'instar d'autres programmes, en partie minimale et en partie maximale. Mais on peut seulement retenir pour mémoire que les transformations que ce programme sera amené à formuler au niveau de la campagne sont des propositions maximales. Car il s'agit de renverser les assises socio-économiques de la domination des forces sociales issues des structures « moyenâgeuses » ou de type féodal. Et cela est possible sans pour autant sortir des limites de l'ordre social bourgeois actuel.

     Quant aux transformations visant la suppression des assises de la domination impérialiste et des forces sociales qui lui sont liées, ce sont là des propositions minimales. À ce niveau, l'on doit se garder de certaines transformations qui nécessitent le passage d'une étape à une autre. Car seule la Révolution socialiste est à même de supprimer complètement la base économique de la domination bourgeoise.

     Le programme du CNR, dans ses propositions de remise en cause des assises des classes sociales issues du système capitaliste-impérialiste, doit tout en se limitant, ouvrir des perspectives pour des transformations éventuelles à mener, selon les impératifs imposés par les considérations d’étapes.

 

[p.10]

 

 

 Introduction (Préambule)

 

 

    Il s’agira dans cette introduction d’affirmer :

      1- La Révolution d’aout, est une étape de la lutte de notre peuple pour son émancipation pleine et entière, qui tient compte des particularités de la société burkinabè, des spécificités de la lutte de son peuple.

       2- Les caractéristiques de la société burkinabè et la singularité de la Révolution d’aout (bref rappel).

     « Notre Révolution est une Révolution qui se déroule dans un pays agricole arriéré, où le poids des traditions et de l’idéologie secrétées par une organisation sociale de type féodal, pèse énormément sur les masses populaires.

    Elle est une révolution dans un pays qui, à cause de la domination et de l’exploitation que l’impérialisme exerce sur notre peuple, a évolué de la situation coloniale à celle néocoloniale.

Elle est une révolution qui se produit dans un pays caractérisé encore par l’inexistence d’une classe ouvrière consciente de sa mission historique et organisé par organisée conséquent, ne possédant aucune tradition de lutte révolutionnaire.

    C’est une révolution qui se produit dans un petit pays continental, au moment où sur le plan international, le mouvement révolutionnaire s’effrite de jour en jour sans l’espoir visible de voir se constituer un bloc homogène à même d’impulser et de soutenir pratiquement les mouvements révolutionnaires naissants.

Cet ensemble de circonstances historiques, géographiques et sociologiques donne une empreinte singulière à notre Révolution » (DOP)

 

       3. Les caractères de la Révolution d’aout (bref rappel)

 

Les taches primordiales :

      1)   La liquidation de la domination et de l’exploitation impérialiste ;

     2) L’épuration de la campagne de toutes les entraves sociales, économiques et culturelles qui la maintiennent dans un état d’arriération.

 

4. De l’accomplissement de ces taches primordiales, la Révolution d’aout tire son caractère démocratique.

    La Révolution d’aout est le mouvement de l’immense majorité au profit de l’immense majorité consciente de la nécessité d’édifier un nouvel État en lieu et place de l’ancien et à même de garantir l’exercice démocratique du pouvoir par le peuple et pour le peuple. D’où son caractère populaire.


[p.11]


5.- Bref rappel de l’analyse des classes

    L’attitude des différentes classes et groupes sociaux vis-à-vis de la Révolution démocratique et populaire.

      1)   La grande bourgeoisie et les forces sociales de type féodal.

            - Attitude générale hostile ;

        - Mais avec la consolidation du processus révolutionnaire, certains éléments de cette catégorie peuvent être utilisés ;

 

       2) Les intellectuels bourgeois et petits bourgeois

             - sous l'emprise de l'éducation bourgeoise et impérialiste;

            - ont pris des habitudes néfastes en servant le capital-impérialiste. Pour ces raisons sont hostiles à l'approfondissement du pouvoir.

     Tout en faisant preuve de fermeté révolutionnaire vis-à-vis des éléments hostiles, c'est une nécessité d’avoir recours à la technicité de ce groupe social pour l'œuvre d'édification de la soci6té démocratique et populaire.

     S'efforcer de conquérir à la Révolution les intellectuels-techniciens.

 

       3) La petite-bourgeoisie citadine (petits commerçants, artisans, etc.. )

 

- Position instable: passe constamment de la sympathie à la Révolution, à une attitude hostile ;

- Doit à défaut d’être conquise entièrement à la Révolution, être neutralisée.

Pour ce faire:

- préserver sa petite propriété ;

- lui offrir une certaine liberté pour les transactions économiques ;

- la protéger contre l'exploitation impérialiste.

 

         4) La Paysannerie

• Procéder à une étude en vue d’établir l'existence de différentes couches sociales au sein de cette paysannerie et leurs attitudes pratiques à court et à long terme vis-à-vis de la Révolution.

• Sur cette base établir une politique d'alliance avec elle en veillant à ce que la tendance petite-bourgeoise ne l'emporte pas.

 

         5) Le Prolétariat

     Avoir conscience que seul le prolétariat conscient et organisé est à même d’accomplir la tache fondamentale de refonte totale de la base économique de la société bourgeoise et édifier une société qui sera débarrassée de l’exploitation de l’homme par l'homme.

 

[p.12]

 

5. – Bref rapport des succès enregistrés sous la Révolution et indication des faiblesses :

      a) Sur le plan politique

- Le mouvement révolutionnaire s'est étendu et a su drainer derrière lui des masses innombrables.

- Processus de refonte de l'appareil d’État très avancé ;

- Anéantissement de la base sociale des classés réactionnaires ;

- Éclosion au sein des masses d'une nouvelle conscience ;

- Organisation des masses pour une participation plus consciente (UFB, UNAB, UNPB, Pionniers, etc..

- Exercice du pouvoir par les masses (CDR, PRP, CAM, CCP, ect..)

 

      b) Sur le plan économique

- Formulation de la réforme agraire et application ;

- Nationalisation des terres afin d'ébranler le fondement économique de la formation sociale et économique néocoloniale et de type féodal ;

- Réalisations dans l’habitat ;

- Efforts d'orientation de l'industrie nationale pour satisfaire en premier lieu les besoins des masses fondamentales ;

- Mise en place et réalisation du PPD.

- Élaboration et mise en application du plan quinquennal.

 

      c)   Sur le plan social.

- Établissement de l'esprit de solidarité national (action en faveur des sinistrés, des indigents, des mendiants, des prostituées) ;

- Accroissement des services sanitaires pour les masses (actions de vaccination, création de PSP, etc..)

 

      d)   Sur le plan culturel

Affirmation de l'identité culturelle de l'homme burkinabé (par le port de la tenue Faso-Dan-fani, l'encouragement à produire et à consommer burkinabé, essor de la musique et de la danse burkinabé).

 

NB : À chaque volet on pourrait signaler les insuffisances et l’effort qui reste à être fourni. On pourrait aussi réserver un paragraphe entier sur les insuffisances constatées dans le processus.

 

 

[p.13]

 

6.- Nécessité pour le CNR de se doter d’un programme

    Consolider un programme pour  :

-   Consolider les victoires acquises ;

-   Impulser le processus révolutionnaire à aller de l’avant ;

-   Donner une assise solide à l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie ;

-   Consolider l'union de toutes les forces anti-impérialistes et anti-réactionnaires autour (au sein) du CNR.

-  Ouvrir des perspectives nouvelles, pour la marche vers le progrès et l'émancipation complète du peuple burkinabé.

 

PROGRAMME DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
(PROGRAMME DE LA REVOLUTION DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE)


SECTION I : OBJECTIF DU PROGRAMME

 

     1. - La liquidation de la domination et de l’exploitation impérialiste. L'abolition à la campagne de toutes les entraves sociales, économiques et culturelles lires aux structures socio-économiques de type féodal qui oppriment les paysans.

     2-Édification d’une société démocratique et populaire  dont les fondements assureront une transition pour l’instauration d’une société nouvelle débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme.

      3- Établir la souveraineté du peuple dans l’exercice du pouvoir révolutionnaire.

    L'organisation authentique du peuple dans l‘exercice du pouvoir révolutionnaire ce sont les CDR.

Œuvrer  dans l’avenir, à constituer une assemblée populaire composée de représentants du peuple élus démocratiquement.

 

 

 

SECTION II : CONTENU DU PROGRAMME

 

     4  - Édification d’une économie indépendante, autosuffisante et planifiée.

    La Révolution consiste dans la libération politique du système de rapports de production qui sont sous la domination des structures de production impérialiste et de type féodal, et dans l’essor des forces productives pour un développement économique accéléré afin d’élever le  niveau des masses révolutionnaires.

 

[P.14]

   L’édification d'une économie indépendante, autosuffisante et planifiée au Burkina Faso, suppose un plan de développement équilibré qui prenne l'agriculture pour point d'appui du développement de l'industrie en général, et en utilisant les ressources naturelles du pays, jeter les bases d'une industrie lourde en particulier.

 

4.1. Agriculture

 

a) Veiller à l'application intégrale de la réforme agraire ;

b) Actions vigoureuses d’ensemble, de la part de l’État  pour accroître les forces productives, de l’agriculture.

- Électrification des campagnes ;

- création d'unités de fabrication de charrues et de tracteurs
adaptés aux besoins de nos sols ;

- utilisation efficients d’engrais naturels et production et vulgarisation des engrais chimiques et de semences sélectionnées.

- élevage intensif du bétail de race dans les UPA ;

- organisation de crédit agricole pour l’amélioration des terrains
de cultures ;

- propagande systématique de la coopération paysanne (coopérative
de production, de vente, d’approvisionnement, de crédit) ;

- soutien-financier de l’État à la coopération agricole et à toute forme de production collective dans les campagnes ;

- encouragement au passage à la grande production agraire.

 

NB : La coopération agricole des paysans (coopérative de vente, d’achat, de crédit, de production) ;

   « Peut et doit - si elle est bien dirigée, si elle combat systématiquement les éléments capitalistes et s'assure la participation effective de la grande masse des paysans travailleurs appuyant le prolétariat - devenir l'une des formes d’organisations fondamentales reliant la ville et la campagne. Les sociétés coopératives formées par les paysans et qui - dans la mesure où elles sont viables- se transforment fatalement, pour la plupart, dans les conditions capitalistes, en entreposes capitalistes (placées sous la dépendance de l'industrie capitaliste, des banques capitalistes, du milieu économique capitaliste en général, et dirigée par des réformistes, par la bourgeoisie rurale, et parfois par des propriétaires fonciers) - se transforment, en régime de dictature prolétarienne dans un tout autre sens ; si elles dépendent de l'industrie prolétarienne, des banques prolétariennes, etc... Si le prolétariat suit une politique juste, si les éléments capitalistes sont systématiquement combattus dans la coopération agricole devient l’un des principaux leviers de la transformation socialiste des campagnes et de la collectivisation de l’agriculture.

[p.15]

   Les coopératives de consommation et, plus particulièrement, les coopératives agricole dirigées par la bourgeoisie et par ses agents social-démocrates, peuvent être néanmoins au début, dans certains pays, des foyers d'activité contre-révolutionnaire et de sabotage de l'édification économique de la Révolution ouvrière » (Programme de 1'Internationale Communiste - 1933 -Paris, p. 47)

 

 

c)  Création de fermes d'État (UPA) dans différentes régions agricoles.

d) Travailler à la stabilisation des éleveurs nomades en mettant à leur disposition des services vétérinaires, des conseillers d'élevage et une assistance financière pour qu'ils adoptent des techniques modernes d'élevage et améliorent leurs moyens d'existence.

e) Améliorer les conditions économiques et le niveau de vie à la campagne pour l'effacement progressif de la différence entre les citadins et les paysans.

f)  Orienter l'UNPB de telle sorte, qu'elle se charge de politiser et d’armer les paysans d'une vision révolutionnaire claire pour qu'ils participent consciemment à la lutte générale contre l'oppression et l'exploitation et pour une autogestion de leurs affaires.

 

4.2.    Industrie  

 

N.B : A propos de la nationalisation

   « La nationalisation de la production ne doit pas s'étendre, en règle générale, aux petites et moyennes entreprises (de paysans, d'artisans, de petits et moyens commerçants, etc..). Premièrement, parce que le prolétariat doit établir une distinction rigoureuse entre la propriété du simple producteur de marchandises, fondée sur son travail même et où il est possible et nécessaire de faire entrer peu à peu dans la voie de l'édification socialiste, et la propriété du capitaliste, exploiteur d'autrui, dont la liquidation est la condition indispensable de toute édification du socialisme.

    Deuxièmement, parce que le prolétariat, arrivé au pouvoir, n'a pas assez de force organisatrices, surtout pendant les premières phases de la dictature, pour détruire le capitalisme et organiser en même temps la liaison des unités individuelles de production - petites et moyennes - sur une nouvelle base socialiste ces petites exploitations individuelles (les exploitations paysannes avant tout) ne seront entraînées que peu à peu dans la voie de l'organisation socialiste générale de la production et de la répartition, grâce à l'appui systématique et puissant que l'État prolétarien prêtera à toutes les forces de leur collectivisation. Tout essai de transformation de leur régime économique par contrainte, toute collectivisation forcée ne donneraient que des résultats négatifs (Programme de l'I.C., b.e, PP. 40 - 4l)

[p.16]

    « L'existence d'un grand nombre de petites unités de production (en premier lieu, d’exploitations paysannes, de fermes, d'ateliers d'artisans, de fonds de petits commerçants, etc...), non seulement dans les colonies, les semi-colonies et les pays économiquement arriérés où les masses petites-bourgeoises forment l'énorme majorité de la population, mais encore dans les centres de l'économie capitaliste mondiale (les États-Unis, l'Allemagne et jusqu'à un certains point, l’Angleterre) rendent dans une certaine mesure, nécessaire au premier degré du développement le maintien du marché comme forme de liaison économique, le maintien du système monétaire, etc. La diversité des types économiques (de la grande industrie socialiste à la petite production artisanale et paysanne) qui ne peut manquer d'être accompagnée de leur lutte, la diversité des classes et des groupements de classe qui leur correspondent, qui ont des stimulants économiques différents dans leur activité et qui luttent pour leurs intérêts économiques, enfin l'existence, dans tous les domaines de la vie économique, de coutumes et de traditions héritées de la société bourgeoise qui ne peuvent disparaitre d'emblée, exigent que la direction économique du prolétariat combine dans de justes proportions, sur la base du marché, la grande industrie socialiste et la petite exploitation des simples producteurs de marchandises, réalisé, en d'autres termes, une combinaison susceptible d'assurer en même temps le rôle de dirigeant de l'industrie socialiste et l'essor maximum de la masse principale des exploitations paysannes. Plus est grande dans l'ensemble de l'économie nationale l’importance du travail des petits paysans disséminés, plus aussi est grand le rôle du marché, moindre est l'importance de la gestion directe d'après un plan établi, plus le plan d'ensemble de l'économie dépend de la prévision des rapports économiques spontanés. Inversement, moindre est le poids de la petite économie dans l'économie nationale, plus importante la part du travail socialiste, plus puissante la masse des moyens de production concentrés et socialisés et moindre est l'étendue du marché, plus s'accroit l'importance du plan d'ensemble à d’égard du jeu spontané des lois de l'échange, et plus les méthodes de gestion directe de la production et de la répartition conformément à un plan établi sont importantes et universellement applicables »(idem, pp. 41 - 42)

    « La nécessité peut s'imposer d'une politique communiste économique de guerre ("communisme de guerre") qui n’est autre que l'organisation rationnelle de la consommation en vue de la défense, accompagnée d'une pression accrue sur les éléments capitalistes (confiscation, réquisitions, etc.), d'une abrogation, plus ou moins complète de la liberté du commerce et des rapports du marché et d’un bouleversement profond des stimulants individuels de la petite production toutes choses liées à une baisse des forces productives du pays.

[p.17] Cette politique de "communisme de guerre", (.. .) ne peut être considérée comme un système "normal"' de politique économique de la dictature du prolétariat » (idem, p.43.)

 

Au niveau de l'industrie, entreprendre les tâches suivantes i

    a) la nationalisation de toutes les entreprises impérialistes.

    La nationalisation n’étant pas à confondre avec une étatisation à outrance. Il s'agit d'amener l'Etat et les privés nationaux à contrôler à 100% les capitaux des entreprises impérialistes.

Partout où l’investissement des privés nationaux est à même de réaliser ce contrôle, l'État doit s'abstenir toute intervention. Exception faite cependant des secteurs d'une importance vitale et d'utilité sociale (communication, grandes compagnies de transport, énergie électricité, eau, banques, assurances, etc.) où l'État doit s’assurer le contrôle de 51% des capitaux.

    b) Introduire la pratique de la gestion ouvrière à l'intérieur des indus-
tries.

   c) Réorienter l’activité industrielle pour l'adapter aux besoins des masses fondamentales. Les unités industrielles doivent cesser de produire pour la consommation des anciennes classes, et sous le poids de la pression extérieure.

    d)   Créer partout où c'est possible des unités de production pour les produits qui font l'objet de grande consommation de masse.

   e)  Encourager la création d’unités industrielles qui favorisent l'essor de l'agriculture afin d'établir la liaison avec l’économie rurale.

    f)  Lancer un appel à tous les nationaux désireux et capables d’investir dans l’industrie à le faire.

Éduquer les « opérateurs économiques » à convertir leurs capitaux pour un investissement plus accru dans l’industrie. C’est le meilleur moyen pour eux de contribuer au développement du pays tout en poursuivant la réalisation de leurs bénéfices personnels.

   g)   Jeter dès à présent les bases pour le développement d'une industrie lourde.

 

4.3 - REGIME FINANCIER ET FISCAL

a) Nationalisation de toutes les compagnies d’assurances et les banques.

b) Afin de faire face à l'éventualité devenue inévitable du fait de la crise qui secoue les zones monétaires, soutenir avec les États Africains de l'UMOA, la création d’une monnaie africaine décrochée du franc français.


[p.18]

 

     Nous préparer à la création et au fonctionnement d'une Banque Centrale d'État  et créer une monnaie nationale indépendante.

c) Établir un impôt à taux progressif sur les revenus.

 

4. 4. Commerce

a)  Nationaliser toutes les grandes entreprises commerciales étrangères.

b)  Établir le monopole de l'État pour l'importation des produits de première nécessité (riz, huile, etc..)

c)  Contrôler toute importation et exportation.

Limiter l'importation des produits de luxe.

d) Organiser les coopératives de vente et d'achat pour répondre aux besoins des masses fondamentales.

e) Exempter les produits de première nécessité de droits de douane et ·. surtaxer les produits de luxe.

 

4·5. Habitat et embellissement du cadre de vie

a) Encourager la construction de maisons modernes en utilisant les matériaux locaux.

b) Assainissement des villes et villages

- lotissement ;

- creusement et entretien des égouts ;

- développement des services de nettoyage et de ramassage des ordures

 

5. - Culture, Enseignement, Technologie

 

5.1. La culture

a) Développer une campagne de lutte contre le mimétisme pour la culture étrangère. Éviter de verser dans l'ethnocentrisme, mais développer l'identité culturelle de l'homme burkinabè.

b) Lutter pour la suppression des aspects décadents de notre culture et développer son contenu progressiste.

Enrayer les coutumes sociales rétrogrades. Introduire dans les nouveaux programmes scolaires, la connaissance et le respect de l'histoire de notre peuple, de l'histoire de sa lutte contre le colonialisme, le néo-colonialisme pour l’indépendance et l'émancipation sociale.

c) Recenser et diffuser le patrimoine culturel national, faire connaitre et aimer ses traditions glorieuses et son riche folklore.

d) Éduquer l’homme burkinabè en élevant son niveau politique, économique afin de l'armer pour faire face à l'agression culturelle impérialiste dans ses aspects réactionnaires.

e) Développer l'art, la musique, la littérature.

f) Ouvrir notre culture à l'extérieur, sans perdre notre identité.

……….. [illisible]……………………………………………………………………………………..

[p.19]

      Emprunter les éléments positifs des cultures étrangères pour enrichir l'identité nationale.

 

5.2. Enseignement et technologie

a) Lutter contre l'analphabétisme afin de libérer le peuplé burkinabé de l'ignorance.

b) Développer les langues nationales, tout en conservant la langue française, devenue une langue historique, et qui est dans le présent le trait d'union des diverses nationalités et une ouverture sur le monde extérieur.

c) Rendre l'instruction obligatoire et universelle jusqu'à l'âge de 16 ans (niveau secondaire).

d) Formuler le programme d'enseignement pour une formation pratique et utilitaire dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie, de la technologie et des arts.

e) Établir la liaison entre éducation et production.

f) Redéfinir les écoles supérieures d'enseignements afin qu'elles se transforment en Instituts Universitaires de Technologie où seront dispensés des enseignements pratiques de courtes et de moyennes durées.

g) Encourager la recherche dans le domaine de la technologie en sachant allier les techniques de pointes aux pratiques artisanales.

h)  Soutenir et aider l'esprit inventif du peuple en fournissant toute l'assistance matérielle et financière nécessaire.    

 

6. – Amélioration des conditions physiques et morales de la vie des masses '

6.1.   Santé du peuple   ;

6.2.   Sport et loisir

6.3.   Solidarité et sécurité sociale     .

 

7- Développer la conscience des devoirs sociaux et sauvegarder les droits sociaux

7.1. La conscience des devoirs sociaux

-  Moralité de l'homme burkinabé ;

-  Éthique de l'homme burkinabé ;

-  Le respect d’autrui, le respect de la chose du peuple

7.2. La sauvegarde des droits sociaux

a) Droits des travailleurs

- Promulguer un code de travail qui protégera les droits des travailleurs ;

- Autoriser leur organisation en syndicats. Mais des syndicats qui mobilisent les travailleurs dans l’œuvre de gestion et d'édification de la société démocratique.

[p.20]

Des syndicats agissant de concert avec l’État révolutionnaire, se prononçant, et participant à toutes ses entreprises en veillant aux intérêts permanents et immédiats des travailleurs et en combattant toutes les déformations et tous les actes arbitraires du patronat et de l'employeur.

- Créer une sécurité de l'emploi en interdisant les licenciements injustifiés et tous les actes arbitraires du patronat et de l’employeur.

-  Lutter contre le chômage en créant des emplois nouveaux.

 

b) Droits des femmes

-   Soutenir l’UFB, en tant qu'organisation par le truchement de laquelle les femmes pourront participer à la lutte contre les 3 formes d'oppression dont elles sont l'objet : oppression de la part de l'impérialisme, oppression du père, oppression du mari.

       -   Établir l’égalité sociale des sexes devant la loi et dans les mœurs.

      -   Transformation radicale de la législation du mariage et de la famille en promulguant les lois matrimoniales et familiales progressistes. Des lois qui reconnaissent la maternité comme une fonction sociale, qui protègent la maternité et l'enfonce. Dans le domaine de la culture générale, lutter contre l'idéologie et les traditions qui asservissent la femme.

   Élaboration d'un plan d'action visant à accroitre le nombre et à améliorer la qualité des femmes à même d’occuper des fonctions de directions dans les secteurs les plus diversifiés.

      - Élaborer un programme de lutte contre la prostitution en ayant en vue que cette question n’aura sa résolution définitive qu'avec la suppression au sein de la société de l'exploitation de l’homme par l'homme.

      - Élaborer un plan d’organisation de la société de telle sorte à parvenir à l'élimination progressive du travail domestique (par l'institution de restaurants, de lavoirs publics, de garderie d'enfants, etc..)


c) Droits des enfants

-  Affirmer la, responsabilité des parents lorsqu'ils conçoivent un enfant.

-  Prendre des mesures tendant à l'entretien et à l'éducation des enfants et de la, jeunesse par la société, entière (garderies populaires, etc...).

b) Familles des martyrs de la Révolution et autres ayant besoin d'assistance sociale.

-  Fournir de l'assistance matérielle et morale à tout combattant et autre citoyen qui au cours de la Révolution a subi, des sévices, des blessures dans la lutte.

[p.21]

-  Fournir une assistance aux familles des martyrs de la Révolution.

-  Fournir une assistance aux orphelins, aux personnes âgées et aux personnes handicapées...   

 

8. – Édification d’une nation unie sur la base de l’égalité des nationalités et de leur harmonieuse intégration

- Développer et renforcer l'unité et la fraternité de toutes les nationalités.

- Lutter contre le chauvinisme national.       

- Offrir les mêmes chances aux différentes, nationalités pour leur émancipation vers le progrès, en leur accordant les mêmes droits et devoirs.

- Garantir à toutes les nationalités le droit de préserver et de développer leur langue.                       

- Mener une lutte farouche contre les diviseurs du peuple qui sur la base de la poursuite des intérêts égoïstes sèment la discorde entre les nationalités  en les opposant les unes aux autres, en entravant ainsi l'unité nécessaire du peuple pour la marche triomphale de la Révolution.       

 

9. – Édification d’une armée populaire

  • Une armée populaire :

-  politiquement, consciente et engagée dans la lutte révolutionnaire aux cotés des autres composantes du peuple ;

débarrassée de l'esprit de caste réactionnaires et de l’idéologie militariste, de l'esprit de supériorité du corps sur tout autre corps social ;

-  pétrie; de l'esprit de camaraderie militante et soudée par la discipline révolutionnaire.

  • Une armée populaire, dont la tâche primordiale est d'assurer la défense de la Révolution, la sauvegarde des intérêts du peuple, et du pays tout entier.
  • Une armée populaire qui en temps de paix participe aux activités de production aux côtés des masses travailleuses.
  • Une armée populaire qui assure la formation, et l'armement des masses populaires afin qu'elles puissent elles-mêmes défendre leurs intérêts contre
    leurs ennemis.     

 

10.-Pratiquer une politique anti-impérialiste et anti-réactionnaire pour la paix entre les peuples et l’entente entre pays.


a) Établir des relations diplomatiques avec tous les pays sans égard à leur système politique et économique sur la base des cinq principes suivants :


[p.22]


- Le respect réciproque de la volonté de chacun d’affirmer son indépendance, de sauvegarder l’intégrité de son territoire et sa souveraineté nationale ;

- la non-intervention dans les affaires intérieures ;

- la non-agression mutuelle ;

- l'égalité et l’avantage réciproque;

- l’entente entre pays même à système socio-politique différents.

 

b) Travailler à créer, à préserver de bonnes relations amicales et de coopération avec tous les pays voisins.


c) Accepter l’aide de tout pays ou de toute organisation pourvu qu’ils respectent notre volonté d’indépendance et notre souveraineté nationale et pourvu que cette aide ne contredise en rien notre politique de développement indépendant.

 

[p.23]

 

ANNEXE 3

  

Union  de lutte communiste-reconstruite
(ULC-R)

Au camarade Président du Conseil national de la révolution (CNR),

Président du Faso

Ouagadougou

 

 

Objet : A propos de l’arrestation du camarade Soumane Touré et autres.

 

         Camarade Président,


    Oser aller à contre-courant est un principe révolutionnaire. C’est pourquoi, sans méconnaître toute l'incompréhension que notre attitude présente va susciter à cause de l’atmosphère de tension qui prévaut, nous sommes dans l’obligation révolutionnaire d'aller à contre-courant, en osant nous élever contre l’arrestation du Camarade Touré Soumane et nombre de ses Camarades.

    Nous nous élevons contre cette mesure au regard des méthodes utilisées d'une part, et d'autre part quant à son opportunité.

 

Du point de vue des méthodes utilisées


    Notre Organisation estime que l'acte posé par les CDR du Secteur 29 est une action anarchique qui déresponsabilise les instances supérieures de notre Révolution que sont le Conseil national de la révolution (CNR) et le Gouvernement révolutionnaire. L’initiative d'une telle action devait revenir essentiellement à ces instances dirigeantes, qui en assumeront la responsabilité entière. Cautionner et encourager une telle action, c’est ouvrir la voie aux activités les plus spontanéistes, sous le couvert de l’action des masses.

    C’est instaurer un climat d'insécurité pour tous les citoyens et même les militants révolutionnaires qui prennent part au présent processus. C’est annoncer la possibilité pour les uns de procéder à des règlements de compte à propos de tout et à tout propos. L'action des masses est nécessaire, mais elle doit se faire sous la direction et le contrôle des instances dirigeantes.

 

[p.24]

 

Du point  de vue de l'opportunité


    Cette arrestation vient accroître les motifs de démobilisation générale. Elle ne fait que accréditer sur le plan international les attaques formulées par le camarade TOURE Soumane contré certains aspects des transformations révolutionnaire en cours dans notre pays. Elle consacre la démission des militants de la RDP face la lutte politique conséquente qu’ils doivent mener contre toute attaque dirigée contre la politique de transformations du CNR et de son Gouvernement révolutionnaire.        

    Les causes d'une telle démission réside dans le fait que les forces révolutionnaires engagées dans le présent processus se sont laissés divertir par des luttes intestines, faisant passer au premier plan ce qui constitue des contradiction secondaires. D'où leur incapacité a organiser une réplique conséquente à la hauteur des attaques formulées contre la politique du CNR. La mesure d'arrestation prise à l’endroit de ces camarades se révèle être donc comme  une solution de facilité au regard de la tâché révolutionnaire de réfutation à l'aide d'arguments politiques convaincants en vue de rallier les masses à notre cause.

    Cependant, on a pu assister parallèlement, à l’organisation d'une campagne réglée contre notre Organisation parce que celle-ci a osé formuler dans le n° 8 du « Prolétaire », des critiques constructives en se situant en tant que partie prenante du présent processus. Des plumitifs de toute sorte, des conférenciers de nouvelle mouture, des journalistes d'un engagement demeuré insoupçonné jusqu’alors, ont à cette occasion étalé leurs talents de militant engagés dans la défense de la Révolution contre l’ « opportunisme ».

    Mais lorsqu'il s'est agi d'assumer une lutte conséquente en vue de défendre véritablement la Révolution, c’est la désertion totale.

    L’état d’esprit des masses qui prévaut aujourd'hui dans notre pays ne se prête pas à une telle mesure d’arrestation. Celle-ci ne réussira qu'à faire du camarade Touré Soumane un martyr. Et les divers communiqués à travers les masses médias n’y pourront rien changer.

    Aussi, le point de vue de notre Organisation est que le Conseil national de la Révolution doit prendre ses responsabilités en procédant à la libération du Camarade Touré Soumane et autres, et organiser une lutte conséquente pour se rallier le point de vue des masses. L'adhésion des nasses à la politique du CNR importe beaucoup plus que la vie d’un quelconque individu.

 

[p.25]

 

    Nous sommes conscients que le point de vue que nous exprimons ainsi amènera certains parmi les camarades membres du CNR à procéder à des amalgames afin d'accomplir les sombres desseins qu'ils nourrissent depuis contre notre Organisation et ses militants. D'ailleurs, ils n'auront pas attendu l’expression d'un tel point de vue pour procéder à un amalgame (cf. les déclarations et recommandations des CDR des secteurs, du Comité de Garnison et du Comité de l’Université, etc..). Mais, nous osons compter sur l’esprit de compréhension et la maturité des membres du CNR pour situer correctement l'appréciation que  nous faisons de la situation présente.

    C'est en tant que membre du Conseil national de la révolution,  convaincue d'œuvrer dans l'intérêt de la Révolution que notre Organisation vous fait part de son point de vue, en souhaitant qu’il soit pris en considération.

     Toutes nos considérations militantes et révolutionnaires.

 

 

Ouagadougou le 3 juin 1987

Le CC de l’ULC (R)

 



14/07/2012
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