Deux conceptions dans la question nationale qui décident de tout
[suite de l'extrait du "Prolétaire" n° 2 de Juin 1979: "Deux voies, deux perspectives dans la question de la Révolution en Haute-Volta]
III
DEUX CONCEPTIONS DANS LA QUESTION NATIONALE
QUI DECIDENT DE TOUT
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La lutte de libération nationale a débouché sur la constitution d'un état « national » indépendant. Dans ce cadre, la question qui nous importe plus que toute autre question, c'est celle de la libre disposition du prolétariat à l'intérieur de l'état « national » voltaïque.
Dans la lutte de libération nationale, il était de l'intérêt de la classe ouvrière de participer à la lutte nationale. Sa participation avait pour but, comme le dit Lénine, « d'assurer à la lutte de classe l'ambiance la plus favorable », c'est-à-dire que son attitude était déterminée, non pas en fonction de ce que pouvait penser et dire la bourgeoisie dans son ensemble ou telle fraction de la bourgeoisie, mais en fonction des intérêts de la classe des prolétaires.
Aussi est-ce sous l'angle des intérêts du prolétariat, que nous devons poser la question nationale.
La question nationale dans la période du colonialisme ne peut être identique à la question nationale dans la situation actuelle.
Le Marxisme—Léninisme nous enseigne, lorsque nous analysons une question sociale, à la situer dans un cadre historique déterminé, dans un pays donné, en tenant compte des particularités concrètes qui distinguent ce pays des autres.
La question sociale que nous nous proposons d'étudier, c'est la question nationale d'un pays nationalement opprimé.
La question nationale que nous nous proposons d'examiner n'est pas la question nationale de la situation coloniale, mais celle de la situation actuelle (néocoloniale), où la Haute-Volta a acquis son indépendance politique, où elle s'est séparée de la France.
La question nationale dans la Haute-Volta actuelle, nous nous proposons de l'examiner en nous situant sur un tout autre terrain Historique que celui de la période passée. Le mouvement national dans la période coloniale était quant au fond un mouvement libérateur bourgeois, ayant un contenu démocratique général. Il s'est déroulé sur le terrain de la bourgeoisie et sous l'étendard de l'idéologique nationaliste bourgeoise. Le terrain historique sur lequel nous nous situons en ce moment est non le terrain de lutte nationale en générale, mais celui de la lutte de classes, de la lutte de classe des ouvriers alliés à la paysannerie contre la bourgeoisie voltaïque alliée à l'impérialisme. Sur ce terrain, la question sociale vitale, c'est la question ouvrière, celle de son alliance révolutionnaire et démocratique à la paysannerie, en vue du renversement de l'alliance antirévolutionnaire et anti-démocratique de la bourgeoisie voltaïque et de l'impérialisme. C'est ce en quoi se ramène aujourd'hui la question sociale.
La question nationale (la question sociale de la période passée) comporte des tâches différentes selon les moments du processus historique, la politique des communistes ne peut pas et ne doit pas rester immuable, mais se modifier conformément à ces éléments.
Outre cela, la question nationale, tant pour la bourgeoisie que pour le prolétariat, se ramène toujours à une question de classe, en une question de défense des intérêts de classe.
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Intérêt national pour la bourgeoisie signifie la mise en avant du nationalisme bourgeois.
Intérêt national pour le prolétariat veut dire, reléguer à un second plan l'élément national et placer en avant la fraternisation internationale des ouvriers du monde.
Aussi est-ce sous l'angle de ses intérêts de classe que chaque classe comprend à sa façon la question nationale.
Dans cette question, comme dans toutes les autres questions, il y a en somme deux conceptions, deux lignes, et elles décident de tout.
La conception de la bourgeoisie aboutit au nationalisme bourgeois.
La conception opposée, la conception du prolétariat conscient, c'est l'arme éprouvée de l'internationalisme.
La petite bourgeoisie, quant à elle, développe son nationalisme petit-bourgeois, qui se situe à mi-chemin entre l'internationalisme prolétarien et le nationalisme bourgeois. Lors du mouvement national de lutte anticolonialiste en Afrique, de façon générale, et en Haute-Volta de façon particulière, la petite bourgeoisie a réussi à entraîner le prolétariat et la paysannerie sous le pavillon du nationalisme bourgeois.
Du fait qu'elle ne constituait pas une force politique indépendante, à cause de son inexpérience, de son inorganisation et de sa faible conscience politique, la classe ouvrière n'a pas su lever son propre drapeau, celui de l'internationalisme prolétarien.
Ce mouvement est pour cela resté, quant au fond, un mouvement libérateur bourgeois sous le programme d'indépendance politique de la bourgeoisie, revêtant en apparence (de par la participation active des ouvriers et des paysans) un caractère populaire. Elle a été avant tout avantageuse à la bourgeoisie. La politique de la bourgeoisie a consisté à accentuer le mouvement national, à faire perdre de vue les autres questions sociales, pour prôner l'harmonie des intérêts. La bourgeoisie a réussi ainsi à duper les masses paysannes et ouvrières et les a amenées à soutenir ses propres intérêts égoïstes, au nom de l'intérêt national.
A propos de ces mouvements nationaux dans les pays nationalement opprimés, la IIIe Internationale communiste à son 2e congrès avait déjà fait remarquer ceci:
« Il existe, dans les pays opprimés deux mouvements qui chaque jour, se séparent de plus en plus: le premier est le mouvement bourgeois démocratique nationaliste, qui a un programme d'indépendance politique (souligné par nous) et d'ordre bourgeois; l'autre est celui des paysans et des ouvriers ignorants et pauvres pour leur émancipation de toute espèce d'exploitation.
Le premier tente de diriger le second et y a souvent réussi dans une certaine mesure »(« Thèses supplémentaires sur la question nationale et coloniale »).
Ce mouvement bourgeois démocratique, lui-même se divise en deux tendances : une tendance national-réformiste, encline aux compromis et conciliatrice, et une tendance national-révolutionnaire. C'est l'existence de ces deux tendances qui a conduit l'Internationale Communiste à substituer à l'expression « mouvement démocratique bourgeois » celui de « mouvement national-révolutionnaire ». Car tout mouvement national d'un peuple nationalement opprimé est un mouvement démocratique bourgeois, alors que tout mouvement démocratique bourgeois n'est pas nécessairement un mouvement national.
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Et ce qui fait le caractère bourgeois de tout mouvement national, c'est outre les revendications nationales sous lesquelles il se mène, la participation à ce mouvement de la grande masse de la population, qui dans les pays arriérés est composée de paysans « qui représentent les rapports bourgeois et capitalistes ».
Le mouvement démocratique bourgeois comporte donc, dans la lutte contre l'oppression nationale étrangère, un mouvement réformiste et un mouvement révolutionnaire.
C'est donc pour marquer la différence entre ces deux tendances du mouvement que l'expression « démocratique bourgeois » a été remplacée par celle de « national-révolutionnaire », qui exprime le mouvement bourgeois démocratique révolutionnaire.
« Le sens de cette substitution, explique Lénine, est que, en tant que communistes, nous ne devons soutenir et nous ne soutiendrons les mouvements bourgeois de libération des pays coloniaux que dans le cas où ces mouvements seront réellement révolutionnaires, où leurs représentants ne s'opposeront pas à ce que nous formions et organisions dans un esprit révolutionnaire la paysannerie et les larges masses d'exploités. » (Lénine. O.C., T. 31, p 245.)
Cela décrit l'attitude des communistes, face au mouvement bourgeois de libération nationale. Le prolétariat, en tant que force sociale la plus démocratique, se doit de soutenir et de participer au mouvement national, lorsque celui-ci vise à secouer tout joug, toute oppression nationale. Mais il ne saurait aider le nationalisme bourgeois au-delà de ce cadre strictement limité.
La politique du prolétariat conscient dans ces moments historiques, se fixe pour but la suppression de la politique d'oppression du pays. Elle consiste dans sa participation active au mouvement national, en cherchant non à l'accentuer comme le fait la bourgeoisie, mais à réduire la lutte nationale au minimum, à la saper à la racine, à la rendre au maximum inoffensive pour toute sa classe. Elle y participe en accentuant la lutte de classe que la bourgeoisie cherche à atténuer, en cherchant à l'approfondir au maximum, à la mettre en avant, à la rendre au maximum offensive à l'endroit de toute la classe de la bourgeoisie.
L'attitude des communistes en cette question consiste dans l'indication suivante, faite par Lénine :
« Pour autant que la bourgeoisie d'une nation opprimée lutte contre la nation qui opprime, nous sommes toujours pour, en tout état de cause et plus résolument que quiconque, car nous sommes l'ennemi le plus hardi et le plus conséquent de l'oppression.
Pour autant que la bourgeoisie opprimée est pour son propre nationalisme bourgeois, nous sommes contre. Lutte contre les privilèges et les violences de la nation qui opprime; aucune tolérance pour la recherche de privilège de la part de la nation opprimée » (Lénine. Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes. T 20, p 435)
Et plus loin, Lénine explique que
« Dans tout nationalisme bourgeois d'une nation opprimée, il existe un contenu démocratique général dirigé contre l'oppression; et c'est ce contenu que nous appuyons sans restrictions ... ».
Nous ne soutenons pas le nationalisme de la bourgeoisie. Ce que nous soutenons, c'est son contenu démocratique. C'est là une nuance d'importance qui nous distingue des petits-bourgeois nationalistes révolutionnaires.
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Dans la situation actuelle, le mouvement bourgeois démocratique nationaliste a réalisé son programme d'indépendance politique. A ce programme qui a failli, les ouvriers et les paysans opposent le leur. Et c'est pour empêcher les ouvriers et les paysans de proposer un programme résolu et révolutionnaire, seul capable de faire progresser la révolution que la petite bourgeoisie nationaliste, prenant le relais de la bourgeoisie se précipite pour proposer son programme nationaliste populiste.
Sachant saisir vers où penche la balance, ces petits bourgeois prennent soin de présenter cette camelote national-populiste sous le drapeau du communisme. En somme ils se livrent à l a contrebande. C'est dire que la Haute-Volta vit actuellement dans une période de transition. Le présent démontre et l'avenir promet un approfondissement aigu, encore plus révolutionnaire et de la lutte de classes au sein de la société voltaïque.
L’abolition de la domination coloniale et l'avènement au pouvoir de la bourgeoisie nationale n'a point amené la suppression de la domination et de l’exploitation étrangère. L’ancienne domination dans sa forme brutale a cédé la place à une nouvelle forme de domination indirecte et plus subtile et sous les « couleurs nationales ». Les rapports de domination sont dorénavant médiatisés par l'entremise de la bourgeoisie voltaïque. Dans ces nouvelles conditions la lutte des masses populaires contre la domination impérialiste ne peut se concevoir sans la rupture économique avec l’impérialisme, sans le renversement de leur « propre » bourgeoisie et sans la prise du pouvoir par ces masses elles-mêmes.
Dans ces nouvelles conditions mettre en avant la lutte nationale revient à détourner l'attention des larges masses d'exploités des questions sociales du moment, vers la question sociale du passé, vers la lutte nationale du passé, vers des « questions communes » au prolétariat et à la bourgeoisie. Alors que la séparation des deux mouvements, débutée lors de la lutte anticoloniale, est aujourd’hui achevée. Cela revient à briser l’alliance en train de se consolider entre les ouvriers et les paysans, sur la base d’un programme révolutionnaire démocratique et à établir une alliance plus étendue entre toutes les classes sociales de la population, en vue soi-disant de la lutte contre l'ennemi extérieur.
Dans ces nouvelles conditions, grossir à l’excès l'importance de la question nationale, l'exagérer, conduit à ne pas voir derrière la partie, le tout, derrière l’arbre, la forêt, derrière la forme, le contenu, derrière la question nationale, la question sociale du moment, la question du pouvoir des ouvriers en alliance avec la paysannerie. C’est substituer à la lutte de classe des ouvriers et paysans contre la bourgeoisie voltaïque et les forces sociales « moyenâgeuses », la lutte nationale basée sur une communauté d'intérêts dits « nationaux ».
Dans ces nouvelles conditions, la bourgeoisie, secondée par la petite-bourgeoisie, pour éviter cette lutte de classes, essaye de tirer « sur les cordes sensibles nationales » pour les faire « vibrer sur le ton voulu », celui de l’harmonie des intérêts.
Les communistes pour qui la question ouvrière constitue la base de tout travail, ne peuvent qu’opposer au nationalisme bourgeois et petit-bourgeois, l'arme éprouvée de l’internationalisme prolétarien.
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« Le nationalisme bourgeois et l'internationalisme prolétarien, indique Lénine, sont deux mots d'ordre irréductiblement opposés qui correspondent aux deux grands camps de classe du monde capitaliste et qui traduisent deux politiques (plus encore : deux conceptions du monde) dans la question nationale »(Lénine. Notes critiques sur la question nationale. T.20, p 19.)
Dans la question nationale, la politique de la classe ouvrière s'oppose irrémédiablement à la politique de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie :
« Les tâches nationales d'abord, les tâches prolétariennes ensuite disent les nationalistes bourgeois ». (Lénine) « Les tâches prolétariennes avant tout disons-nous, car elles répondent, non seulement aux intérêts durables, vitaux du travail et de l'humanité, également à ceux de la démocratie.» (ibid.)
Entre ces deux attitudes irréconciliables, il se trouvera une variété de nationalismes bourgeois, dont les tenants se recrutent dans la petite-bourgeoisie radicalisée, pour tenter la conciliation: « Ni d'abord l'une, ni d'abord l'autre, disent-ils, mais les deux d'abord (à la fois): tâches nationales et tâches prolétariennes toutes ensembles et à la fois ».
Ce genre d'éléments relève de la catégorie de ces petits bourgeois « révolutionnaires » de la phrase que Lénine a flétri en ces termes:
« Le petit bourgeois qui s'en tient à ce verbiage creux, inoffensif et débonnaire, ne fait en réalité (souligné par Lénine) que se traîner, impuissant, à la remorque (idem) de la bourgeoisie, "sympathisant" en paroles et sur certains points avec le prolétariat, mais restant en fait dans la dépendance de la bourgeoisie, ne sachant pas ou ne voulant pas comprendre quelle est la voie qui mène à l'abolition du joug capitaliste et peut seule affranchir l'humanité de l'impérialisme. » (Lénine. O. C. T. 24, P 25.)
Une telle attitude de la part de la petite bourgeoisie relève du « centrisme ». Or mieux que quiconque, Lénine tenait en horreur le « centre ». A ce sujet, il a écrit que:
« Le centre, c'est le règne de la phrase petite bourgeoise bourrée de bonnes intentions de l'internationalisme en parole, de l'opportunisme pusillanime et de la complaisance pour les social-chauvins en fait.
Le fond de la question, c'est que le "centre" n'est pas convaincu de la nécessité d'une révolution contre son propre gouvernement, ne le préconise pas, ne poursuit pas une lutte révolutionnaire intransigeante, invente pour s'y soustraire des faux-fuyants (souligné par Lénine) les plus plats, bien qu'à résonance archi-marxiste. » (Lénine. O. C. T. 24, p 69.)
En effet, le centre ne fait qu'opposer au chauvinisme bourgeois le chauvinisme révolutionnaire qui « a pour base la situation de classe de la petite bourgeoisie; celle-ci oscille toujours entre le chauvinisme (qui l'empêche d'être révolutionnaire d'une façon consciente même dans le sens de la révolution démocratique) et l'internationalisme prolétarien ».
Le point de vue du prolétariat révolutionnaire, la doctrine du Marxisme-Léninisme, tient en étroite liaison la question nationale et l'évolution socialo-politique du pays, tout en subordonnant la première à la seconde. Dans la période de transition actuelle de la Haute-Volta, les communistes voltaïques, tout en étant les héritiers authentiques de la tradition patriotique de la lutte anticolonialiste, ne sauraient la situer sur le terrain du nationalisme bourgeois, mais sur celui de l'internationalisme prolétarien. La position nationale du prolétariat conscient de ses intérêts spécifiques de classe, dans un tel contexte, est sans aucun doute une position de lutte de classe.
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Il ne saurait sacrifier ses revendications propres, inspirées par l'esprit du démocratisme conséquent, au nom d'un certain intérêt national qui se situerait au-dessus des classes.
C'est pourquoi, dans une telle situation, considérer comme essentiel, comme primordial, l'aspect national de la lutte ou le mettre au même niveau que l'aspect lutte de classe, c'est faire preuve d'un nationalisme subtil, présenté sous des couleurs séduisantes. Un tel nationalisme, qui se maintient et se poursuit sous le socialisme, au nom de la lutte contre l'ennemi extérieur, est des plus néfastes pour le développement de la conscience de classe des ouvriers.
Dans la mesure où la question de l'indépendance nationale n'est garantie et résolue que par la révolution socialiste, la lutte pour l'indépendance complète devient la lutte pour le socialisme. Or on ne saurait marcher vers le socialisme sous la houlette de l'idéologie nationaliste, qui pervertit la conscience de classe prolétarienne. Tout au contraire, c'est en développant la lutte de classe au sein de la société, en développant la conscience de classe du prolétariat, et non sa conscience nationale, que l'on marchera victorieusement au socialisme.
Le Marxisme-Léninisme « est inconciliable avec le nationalisme fut-il le plus "juste", le plus "pur", le plus fin et le plus civilisé. A la place de tout nationalisme, le Marxisme met l'internationalisme, la fusion de toutes les nations dans une unité suprême qui se développe sous nos yeux avec chaque nouvelle verste de chemin de fer, chaque nouveau trust international, chaque association ouvrière (internationale par son activité économique et aussi par ses idées, par ses aspirations). Le principe de nationalité est historiquement inéluctable dans la société bourgeoise, et, compte tenu de cette soci6té, le Marxiste reconnaît pleinement la légitimité historique des mouvements nationaux. Mais pour que cette reconnaissance ne tourne pas à l'apologie du nationalisme, elle doit se borner très strictement, à ce qu'il y a de progressif dans ces mouvements, afin que cette reconnaissance ne conduise pas à obscurcir la conscience prolétarienne par l'idéologie bourgeoise. Le réveil des masses sortant de la torpeur féodale est progressif, de même que leur lutte contre toute oppression nationale, pour la souveraineté du peuple, pour la souveraineté de la nation. De là, le devoir absolu pour le Marxiste de défendre le démocratisme le plus résolu et le plus conséquent, dans tous les aspects du problème national. C'est là une tâche surtout négative. Le prolétariat ne peut aller au-delà quant au soutien du nationalisme, car plus loin commence l'activité "positive" de la bourgeoisie qui vise à renforcer le nationalisme. »(Lénine. O.C., T. 20, p 27-28).
Tels sont les fondements de la politique du prolétariat conscient, dans la question nationale, politique définie en tenant compte du cadre, du contexte historique, et surtout sous l'angle des intérêts de la classe ouvrière. Adopter une autre politique dans cette question, c'est trahir le prolétariat et marcher main dans la main avec la bourgeoisie. Telle se doit être la politique d'un parti véritablement communiste, interprète conscient du prolétariat luttant pour secouer le joug de la bourgeoisie. Tout parti politique qui tourne le dos à une telle politique ne peut être cet interprète conscient du prolétariat révolutionnaire voltaïque et ce, quelque puisse être sa prétention.
Il a beau se proclamer parti communiste, il n'en demeure pas moins étranger au communisme. Il a beau se proclamer révolutionnaire, il ne demeure pas moins à la traîne de la bourgeoisie.
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L'attitude des communistes face à la question nationale, telle que nous l'avons examinée, est contraire à l'internationalisme des démocrates petit-bourgeois à la Proudhon et qui vise à nier le principe de toute nationalité et des nations.
En son temps, Marx avait raillé le Proudhonisme français, en établissant sa collusion politique et idéologique avec le chauvinisme bourgeois.
En effet, sur la question de la libre disposition des nations, cette collusion politique et idéologique des « internationalistes » démocrates petit-bourgeois et du chauvinisme est manifeste. Les premiers, sous le couvert de lutte pour les objectifs immédiats de la révolution sociale (cf. positions et analyses trotskystes), nient le principe des droits des nations opprimées à disposer d'elles-mêmes, pour en arriver à la négation complète de la question nationale et de la lutte dans un cadre national donné. Les seconds, sous le couvert du « particularisme national », de la défense des « intérêts nationaux », nient le même principe pour en arriver à l'exagération de la question nationale.
La première attitude aboutit à la négation du fait que, dans la question de la révolution sociale, le prolétariat de chaque nation doit d'abord s'ériger en « classe nationale » et en finir d'abord avec « sa propre bourgeoisie ». On en arrive à prôner une révolution mondiale, sans aucune attache. C'est l'incompréhension du fait que la révolution mondiale passe par la révolution sociale à l'intérieur des divers cadres nationaux.
La seconde attitude, c'est le nationalisme étriqué, qui ne peut voir plus loin que le clocher de son village. C'est l'incompréhension du fait que la révolution sociale dans un cadre national ne peut vaincre que si elle est soutenue par la révolution dans les autres pays du monde.
Du point de vue du Marxisme-Léninisme, le nihilisme national est tout aussi mauvais que le chauvinisme et le social-chauvinisme.
Le Marxisme-Léninisme examine la question nationale en corrélation dialectique avec la question ouvrière, la révolution dans un pays donné en interdépendance dialectique avec la révolution mondiale. Quel est le rapport entre la question ouvrière et la question nationale? Laquelle des deux doit avoir une position subordonnée? Se posant une telle question, les communistes répondent résolument en faveur de la question ouvrière, à côté de laquelle la question nationale, quoiqu’importante, reste subordonnée.
Dire que la question nationale n'a qu'une importance subordonnée à côté de la question ouvrière ne signifie nullement qu'elle n'existe pas, où qu'elle ne joue pas un rôle important. Les communistes savent depuis fort longtemps avec Marx et Engels que:
« La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu'elle ne soit pas quant au fond (souligné par nous) une lutte nationale, en revêt cependant tout d'abord la forme. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie ».
Marx et Engels, explicitant cette idée, affirment:
« Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe nationale, devenir lui-même la nation, il est encore par-là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot » (Manifeste Communiste)
En effet, être national au sens bourgeois du mot revient tout simplement à sauvegarder et défendre les intérêts d'une bourgeoisie d'un pays donné, à maintenir la domination et l'exploitation de cette bourgeoisie sur le prolétariat de ce pays, et ce sous le slogan de la « communauté intérêt national », de « la reconstruction nationale », faisant ainsi primer les revendications nationales sur les revendications sociales propres au prolétariat « national ».
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Dire que le prolétariat voltaïque est « national », quoique nullement au sens bourgeois du mot, signifie tout simplement que la classe ouvrière, dont la vocation est internationale, prendra le cadre national comme « le théâtre immédiat de sa lutte ». Il ne saurait sacrifier le fond à la forme, l'avenir de son mouvement au présent, son objectif final à ses objectifs immédiats. Une des implications de l'indépendance politique acquise par notre pays, c'est la libre disposition de la classe ouvrière voltaïque. Du point de vue des social-chauvins qui nient la séparation politique de la Haute-Volta d'avec la France, ils devraient, pour être logiques avec eux-mêmes, s'insurger contre l'idée d'organiser le prolétariat voltaïque indépendamment du prolétariat français. A moins que, bien entendu, ils ne soient en train de lutter pour arracher à leurs semblables du PCF, PCMLF et autres, ce droit de l'organisation autonome du prolétariat voltaïque. Ce serait ce qu'on appelle un combat d'arrière-garde.
Mais les social-chauvins de notre pays sont dans une position ridicule. Ils ressemblent fort bien à ces gens qui s'obstinent à nier l'existence d'un arbre, tout en ayant son fruit succulent dans la bouche. Tout au moins, ils auraient dû observer la maxime suivante : « Mange et tais-toi ». Car on ne parle pas quand on a la bouche pleine, c'est indécent!
Enfin! ...
Poursuivons pour dire que le prolétariat n'est pas étranger au patriotisme, à tout sentiment patriotique. Seuls des « internationalistes » petit-bourgeois peuvent soutenir l'idée contraire.
Le patriotisme du prolétariat n'est pas le nationalisme et le chauvinisme bourgeois et petit-bourgeois. Il est un patriotisme conséquent, et en tant que patriotisme véritable, il conduit à l'internationalisme prolétarien.
Mais affirmer le patriotisme de la classe ouvrière, ne revient-il pas à aller à l’encontre de la thèse célèbre formulée par Marx dans le « Manifeste Communiste » et selon laquelle « les ouvriers n'ont pas de patrie »?
Non! Ce n'est pas aller à l'encontre de cette thèse, que d'affirmer cela, car il y a patriotisme et patriotisme. être patriote au sens bourgeois aboutit au nationalisme. être patriote au sens prolétarien aboutit à l'internationalisme prolétarien.
Il y a patrie et patrie. La patrie, la nation, sont des notions historiques.
« La patrie est une chose, affirme Lénine, à une époque, ou plus exactement, au moment (souligné par Lénine) de la lutte pour renverser le joug national. Autre chose quand les mouvements nationaux sont depuis longtemps dépassés ». (Lettre à Inessa du 3o novembre 1916)
Comment donc faut—il concevoir la thèse, selon laquelle les ouvrier n'ont pas de patrie? Lénine nous en donne la juste compréhension :
« Le Manifeste Communiste dit que les ouvriers n'ont pas de patrie. C'est juste. Mais il ne dit pas uniquement cela. Il dit aussi qu'au moment de la formation des états nationaux, le rôle du prolétariat est quelque peu particulier. Si vous prenez la première thèse (les ouvriers n'ont pas de patrie) et oubliez ses liens avec la seconde (les ouvriers se constituent nationalement en tant que classe, mais pas dans le même sens que la bourgeoisie), ce sera archifaux. »(ibid.)
« "L'ouvrier n'a pas de patrie", cela veut dire que :
a) sa situation économique (le salariat) n'est pas nationale, mais internationale?
b) son ennemi de classe est international?
c) les conditions de son émancipation le sont aussi;
d) l'unité internationale des travailleurs est plus importante (souligné par Lénine) que l'unité nationale. » (Lettre à Inessa, 20 novembre 1916)
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Ainsi, le Marxisme-Léninisme, la doctrine scientifique du prolétariat, est à l'extrême opposé, tant de l'idéologie nationaliste bourgeoise et ses variantes petite-bourgeoise et social-chauvine, que de l'idéologie nihiliste de « l’'internationalisme » des démocrates petits-bourgeois à la Proudhon.
L'intérêt pratique des questions abordées, c'est de nous donner les moyens nécessaires permettant de répondre aux questions suivantes :
1°) Dans le moment historique actuel de la Haute-Volta, avons-nous à faire à un mouvement national bourgeois, ou à un mouvement social dont le rôle dirigeant devrait être assuré par la classe ouvrière?
Dans la situation actuelle de la Haute-Volta, l'oppression de l'extérieur n'est rendu possible que par l'existence d'une force d'oppression interne.
La(les) contradiction(s) nationale(s) externe(s) ne se développe(nt) que sur la base des contradictions internes de classes. De ce fait, le caractéristique du moment actuel consiste en ceci que la lutte contre l'impérialisme, contre le joug étranger, la lutte pour l'indépendance nationale totale, est une lutte contre les forces bourgeoises et les forces rétrogrades de la société précapitaliste alliées à l'impérialisme.
Le mouvement libérateur dans cette situation historique n'est pas le mouvement libérateur bourgeois, c'est-à-dire le mouvement national, mais le mouvement libérateur prolétarien, c'est-à-dire le mouvement social dirigé par la classe ouvrière. Le mot d'ordre concernant ce moment historique, se formule-t-il en termes de « souveraineté nationale » ou de « souveraineté du peuple » (des ouvriers et paysans)?
2°) Dans le moment historique actuel, le prolétariat renoncera-t-il à son propre drapeau pour se ranger sous celui de la bourgeoisie?
Autrement dit, la question se pose pour les révolutionnaires en termes de :
- continuer de marcher sous le drapeau de la bourgeoisie, comme cela s'est vu lors de la lutte anticoloniale?
- lever et le drapeau de la bourgeoisie et le drapeau du prolétariat; c'est-à-dire prôner haut et le nationalisme et l'internationalisme comme nous le proposent les petits-bourgeois du « centre », regroupés dans la formation nationale radicale petite-bourgeoise qu'est le P"CR"V, qui se fixe comme tache de développer et la conscience nationale et la conscience de classe du prolétariat voltaïque?
- lever le drapeau de la seule classe ouvrière, le drapeau du démocratisme conséquent, de l'internationalisme prolétarien, et réunir autour de ce drapeau les autres couches sociales opprimées de la population, comme nous le proposent les communistes véritables, qui s'en tiennent aux enseignements fondamentaux du Marxisme-Léninisme?
3°) Dans le moment historique actuel, s'agit-il d'une « révolution nationale » d'un peuple nationalement opprimé en lutte pour la souveraineté nationale, sous les mots d'ordre du programme d'indépendance politique de la bourgeoisie, où d'une révolution démocratique bourgeoise à caractère prolétarien d'un peuple qui lutte pour son émancipation sociale, pour sa souveraineté, sous les mots d'ordre du programme d'indépendance nationale totale du prolétariat?
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S’agit-il d’une révolution qui repose sur le mouvement national-révolutionnaire prolétarien? Révolution «nationale » bourgeoise ou révolution démocratique prolétarienne?
Telle est la question à laquelle nous devons répondre. Et selon que nous sommes animés par la conception bourgeoise ou la conception prolétarienne dans la question nationale, nous aboutirons à des solutions différentes.
IV
DEUX REVOLUTIONS, DEUX DICTATURES
Le mot de révolution à lui seul est insuffisant aujourd’hui, dans le contexte actuel, pour distinguer les véritables révolutionnaires des pseudo-révolutionnaires. Ce qui distingue les uns des autres est « la définition claire et sans équivoque, logique et résolue du contenu même de la révolution ».
Des deux mots d'ordre stratégiques avancés, l'un par les communistes du « Prolétaire », l'autre par les « socialistes-révolutionnaires » du P"CR"V, un seul est à même de nous offrir cette définition qui exprime avec exactitude, sans équivoque, de façon logique et résolue, le contenu même de la prochaine révolution en Haute-Volta.
C'est dire que toute personne qui s'intéresse à la question de la révolution en Haute-Volta, dans son étape actuelle de son développement, ne saurait rester indifférente face à cette question épineuse, car il y va de la réussite de la révolution, et surtout de son développement future vers l'étape suivante, l'étape socialiste.
Pour quelle révolution sommes- nous pour ? Est-ce la RA-IDP ou RNDP?
Voilà sous quel angle se pose aujourd'hui concrètement, dans la Haute-Volta actuelle, la question de la révolution.
Pour quelle dictature sommes-nous pour, et sous l'hégémonie de quelle classe ? Est-ce la dictature démocratique révolutionnaire des ouvriers et de la paysannerie sous l'hégémonie idéologique et politique du prolétariat, ou est-ce celle conjointe des 4 classes (ouvriers, paysans, petite-bourgeoisie et bourgeoisie révolutionnaire) sous l'hégémonie idéologique et politique de la petite bourgeoisie ? Voilà sous quel angle se pose aujourd'hui la question de l’avenir de la révolution, celle de sa victoire décisive à même de frayer la voie pour la révolution socialiste.
Pour quelle démocratie sommes-nous pour ? Est-ce la démocratie nouvelle, la démocratie conséquente qui n'est rien d'autre que l'internationalisme prolétarien, ou est-ce la démocratie ancienne, la démocratie bourgeoise sous le drapeau du nationalisme bourgeois et petit-bourgeois ? Voilà sous quel angle se pose aujourd'hui la question de la démocratie.
Telle est la seule façon décisive dont il nous faut examiner la question des mots d’'ordre stratégiques si nous voulons que la révolution démocratique à venir soit le prélude immédiat de la révolution socialiste, si nous voulons éviter qu'elle ne demeure à ce stade et se transforme en une contre-révolution de consolidation du capitalisme.
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On ne saurait répondre correctement à ces questions si l'on ne considère la révolution en Haute-Volta comme un processus à travers divers étapes transitoires. En effet, comme l’indique Lénine, « sans une série de transitions, d’étapes transitoires, il est impossible dans un pays arriéré de la (révolution) transformer en révolution socialiste » (Lénine. O.C., T.28, p 315).
Marchant vers le socialisme, nous devons avoir une idée claire du chemin qui y mène. Quelles sont les étapes transitoires que la révolution a déjà traversées, à quelle étape transitoire sommes-nous, et quelle étape reste une question d'avenir? Qu'est-ce qui différencie ces diverses étapes transitoires et qu’est-ce qui les unit? Si on comprend ces questions, on comprendra sans difficulté ce qui fait l'originalité de l'étape actuelle dans ses rapports dialectiques avec les autres.
1 . L' étape de la révolution « coloniale »
« …le mouvement national-colonial a revêtu le caractère d'un mouvement libérateur bourgeois. Il s'agissait de se libérer du colonialisme, cause essentielle de l'oppression nationale, et de créer des états « nationaux » bourgeois.
La lutte anticolonialiste en Afrique avait été accomplie par l’effort des ouvriers et des paysans. Cependant, elle eut ce résultat que le pouvoir ne passa pas aux ouvriers et aux paysans, mais à l a bourgeoisie.
La lutte de libération anticoloniale était de ce fait une émancipation bourgeoise, faite par les ouvriers et les paysans au profit des exploiteurs nationaux. Le terrain historique de cette révolution coloniale était le terrain du nationalisme bourgeois. La force dirigeante était la petite bourgeoisie (intellectuelle surtout). Le fer de lance de cette révolution manquée était dirigé principalement contre l'impérialisme étranger. Compte tenu de toute ses caractéristiques, cette révolution coloniale est restée inachevée dans presque tous les pays africains ex-colonies. Cette lutte est restée inachevée sous ses deux aspects (contre l’impérialisme colonialiste et contre les vestiges de la société précapitaliste). Les mouvements nationaux des colonies africaines ont revêtu un sens démocratique général, c'est-à-dire démocratique bourgeois. »
C’est ce que nous écrivions dans le numéro 1 de notre journal « Le Prolétaire » à la page 32 ( « Lettre ouverte à tous les communistes, etc. »)
Cela fait ressortir les traits essentiels de cette révolution qui sont:
- Du point de vue de la disposition des forces:
1°) L’ennemi à abattre était l’ennemi étranger, à savoir l’impérialisme colonialiste français.
La contradiction principale dans cette Haute-Volta coloniale était celle qui opposait d'une part la bourgeoisie colonialiste française, aidée de quelques traîtres locaux, à l’ensemble du « peuple-nation », c’est-à-dire regroupant indifféremment toutes les classes et couches sociales de la population, d'autre part.
2°) Les forces motrices de cette révolution étaient constituées par les ouvriers, les paysans, la, petite bourgeoisie citadine (à défaut d’une bourgeoisie effective).
3) La force principale était constituée par la paysannerie.
4) Le rôle dirigeant a été joué par cette petite bourgeoisie à travers sa fraction intellectuelle. La paysannerie a joué le rôle de réserve principale à la petite-bourgeoisie.
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- Du point de vue des tâches fondamentales :
1°) Cette révolution visait à la suppression de l'oppression nationale étrangère et à la constitution d'un état national indépendant
2°) Cette révolution visait à la suppression des entraves économiques et sociales précapitalistes. La paysannerie ne pouvait se mettre en mouvement sans mettre en avant cette revendication.
-Du point de vue de l’importance des facteurs économiques et politiques :
Lors de cette révolution, les facteurs politiques ont joué un rôle déterminant. C'est surtout sous le mot d’ordre de souveraineté nationale, d'indépendance nationale, que les masses innombrables ont été amenées à la lutte. Cela ne signifie nullement que les facteurs économiques ont été négligeables dans cette lutte.
La question nationale (dans le sens de question coloniale), plus que toute autre question, a joué un rôle primordial. La lutte anti- colonialiste a été une insurrection nationale.
- Du point de vue de la question du pouvoir :
Cette révolution a vu l'avènement au pouvoir de la petite-bourgeoisie qui au cours de cette lutte s'est muée en une véritable bourgeoisie bureaucratique, et de sa dictature anti-démocratique sur les masses populaire.
Ces quelques aspects de la révolution coloniale que nous venons de faire ressortir ne relèvent pas du domaine du subjectif (c’est-à-dire de l’attitude désirable et souhaitable envers ces faits), mais du domaine de l'objectif (c'est-à-dire de l'attitude commandée historiquement par les faits eux-mêmes).
Il ressort aussi de ces caractéristiques de la révolution coloniale que celle-ci relève de la catégorie des révolutions démocratiques bourgeoises. Mais c’est une révolution qu’il serait erroné de considérer comme populaire. La révolution populaire, contrairement à l'entendement de la petite bourgeoisie (c'est le cas des socialistes-révolutionnaires du P"CR"V), n'est pas seulement une révolution qui est faite par le peuple. C'est en se situant sur un tel point de vue que l'on peut être amené à considérer la révolution coloniale comme étant une révolution populaire, parce qu’ayant été faite par les ouvriers et les paysans.
Une révolution n'est populaire que lorsqu’elle est « faite par les masses populaires elles-mêmes, avec leurs mots d’ordre et leurs aspirations »(Lénine, souligné par nous) Or la révolution coloniale a été faite, certes, par les masses populaires, mais sous les mots d'ordre de la bourgeoisie (petite bourgeoisie en mutation) qui les a entraînés à soutenir ses propres aspirations.
Ou encore, selon Marx, la révolution populaire consiste non « à faire passer la machine bureaucratique militaire en d'autres mains, comme ce fut le cas jusqu'ici, mais à la détruire. C'est la condition première de toute révolution véritablement populaire sur le continent » (Marx. Lettres à Kugelmann. éd. Anthropos, p 162).
Mais avant de poursuivre, il convient de réfuter une objection éventuel, consistant à voir un non-sens dans le fait de parler d'une « révolution inachevée ». Le bon sens qui anime de tels objecteurs aboutit à la considération selon laquelle, dans la mesure où elle demeure inachevée, on ne saurait donc parler de révolution. Mais la vérité est souvent à côté du bon sens.
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II ne fait pas de doute que la lutte anticoloniale soit une révolution. Elle est une révolution qui n'a pas été menée jusqu'au bout, et qui ne pouvait l'être de par sa direction petite-bourgeoise.
En effet, le « peuple-nation » a conquis la liberté politique (l'indépendance politique) d'un caractère résolument démocratique, mais la domination effective n'a pas passée dans ses mains, elle a passée aux mains de la bourgeoisie bureaucratique alliée à l'impérialisme français.
Cette bourgeoisie bureaucratique, par crainte du peuple constitué essentiellement des ouvriers et des paysans, a conclu avec la puissance impérialiste une « alliance défensive et offensive ».
Lénine dans « Deux tactiques de la Social-Démocratie », commentant une phrase de Marx sur la victoire des ouvriers berlinois du 18 mars 1848, en déduit l'idée selon laquelle une révolution « inachevée », une révolution « qui n'est pas menée jusqu'au bout est possible ».
Il se pose ensuite la question suivante : « De quoi dépend donc l'achèvement de la révolution? »
Et y répond : Lorsque la domination effective passe des mains de la bourgeoisie antirévolutionnaire aux mains du peuple.
Pour le cas qui nous intéresse, nous affirmons que la révolution coloniale était une révolution démocratique bourgeoise inachevée, qui ne saurait être considéré comme une révolution populaire; elle n'en avait que l'apparence.
Il nous reste à examiner son caractère national. C'est le cas typique des révolutions nationales qui ont été menées par le « peuple-nation » (c'est-à-dire que toute la nation à l'exception de quelques éléments de certaines classes constituait le peuple), et qui ont abouti à la constitution d'un état national indépendant. Cette révolution nationale est un des exemples de mouvements où une majorité, s'insurge contre une minorité. Cette majorité ici est la nation, et l'insurrection est une insurrection nationale.
Dans d'autres révolutions, la majorité est le peuple qui, par une insurrection populaire, renverse une minorité de la population. Nous avons indiqué auparavant que, bien que nationale, les communistes se doivent de participer à cette révolution.
« Deux tâches confondues en une seule incombent aux partis communistes- coloniaux et semi-coloniaux d'une part, ils luttent pour une solution radicale des problèmes de la révolution démocratique bourgeoise, ayant pour objectif la conquête de l'indépendance politique; d'autre part, ils organisent les masses ouvrières et paysannes pour leur permettre de lutter pour les intérêts particuliers de leur classe et utilisent à cet effet toutes les contradictions du régime nationaliste démocratique bourgeois. »
Lorsque des partis communistes sont amenés à diriger de telles révolutions nationales, ils ne sauraient, se limiter au seul objectif de la conquête de l'indépendance politique, mais étendent la lutte pour l’'indépendance à la lutte pour le socialisme. Dans ces conditions, le contenu et le caractère de cette révolution nationale, à ses débuts se modifient conformément au degré de développement de cette révolution, conformément à l'ampleur et à la profondeur de la marque que le prolétariat imprime à cette révolution. Continuer d'appeler ces révolutions, « révolutions nationales », c'est ne pas faire concorder la forme au contenu (qui s'est modifié), l'appellation (le mot d'ordre) à la, nature de la révolution qui a cessé de mettre en avant la question nationale, mais la question ouvrière.
Si un parti communiste dirige une telle révolution et ne sait pas saisir ces modifications qui surviennent au fur et à mesure de l'approfondissement de la révolution, ce parti ne saurait être l'interprète conscient du prolétariat, luttant pour secouer le joug de la bourgeoisie, sachant formuler des mots d'ordre autour desquels il développe sa propagande idéologique et politique.
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Un tel parti, qui se situe à la traîne des événements, qui est incapable de développer une activité politique en faveur du démocratisme conséquent, de l'internationalisme prolétarien, alors que l'approfondissement de la révolution l'exige; un tel parti donc, même si à ces débuts il était véritablement communiste, se transformera inévitablement en un parti nationaliste, social-chauvin.
La révolution nationale a été entreprise dans les pays africains de façon générale, en Haute-Volta de façon particulière, en l'absence de parti véritablement communiste. Ce qui fait que soule la, tâche de la conquête de l'indépendance politique a été mise en avant et réalisée par la bourgeoisie.
C'est aujourd'hui que des organisations communistes (groupes et partis) s'occupent d’organiser les masses ouvrières et paysannes, en vue de leur permettre de lutter pour les intérêts particuliers de leur classe et utilisent à cet effet toutes les contradictions du régime nationaliste démocratique bourgeois. De ce fait, cette tâche se pose dans des conditions différentes de la période coloniale, où elle était confondue avec la tâche de la conquête de l'indépendance politique. Elle se pose naturellement comme la seule tâche des organisations communistes.
Ceci dit, tout en ayant en tête ces caractéristiques essentielles de la révolution coloniale inachevée et sa portée politique, confrontons la avec le contenu du mot d'ordre de « Révolution Nationale Démocratique et Populaire », que nous proposent les nationalistes petits-bourgeois du P"CR"V à l'étape actuelle de la lutte de notre peuple. Apparemment, il ressort de la confrontation que la seule différence réside en l'aspect populaire du mot d'ordre du P"CR"V. Bien entendu cela n'est qu'apparent, car en effet, comme nous le verrons par la suite, la « RNDP » du P"CR"V est identique sous tous les rapports à la révolution coloniale passée, tant dans (les caractéristiques que de par sa portée politique. L'un s'adapte adéquatement et l'autre. La révolution coloniale s'adapte adéquatement au mot d'ordre stratégique du P"CR"V. Le mot d'ordre stratégique du P"CR"V définit sans équivoque, de façon logique et résolue le contenu même de la révolution coloniale inachevée. Est-ce la révolution coloniale qui était en avance sur le mot d'ordre stratégique de « RNDP » (il est vrai qu'on ce moment le P"CR"V n'existait pas!), ou est-ce celui-ci qui retarde sur la vie (il est vrai que le P"CR"V nie l'indépendance politique de la Haute-Volta et de ce fait considère la Haute-Volta toujours comme une colonie)?
Il y a lieu de penser que c'est le mot d'ordre du P"CR"V qui retarde sur la vie.
Ainsi:
1°) De même que la révolution coloniale, la « RNDP », selon le P"CR"V, dirigera principalement son fer de lance contre l'ennemi étranger, à savoir l'impérialisme français, et après seulement contre les ennemis intérieurs, les piliers locaux de la domination.
2°) De même que lors de la révolution coloniale, où les forces motrices étaient constituées par le « peuple-nation », c'est-à-dire les quatre classes (en y comptant la bourgeoisie nationale comme « combattant de la RNDP »), et dont l'aboutissement a conduit à la dictature de la bourgeoisie bureaucratique; de même la « RNDP », telle que la conçoit le P"CR"V, aboutira à la dictature conjointe des quatre classes. Et le P"CR"V, pour être conséquent, devrait compter dans les forces motrices ces 4 classes et autres « combattants de la RNDP ».
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3°) De même que le rôle dirigeant avait été assumé par la petite bourgeoisie lors de la révolution coloniale, le P"CR"V, en tant que représentant avancé de la petite bourgeoisie, se réserve de jouer le rôle dirigeant dans la "RNDP".
4°) De même que la révolution coloniale s'était fixée les tâches fondamentales suivantes?
- suppression de l'oppression nationale et constitution d'un état,
- suppression des entraves de l'ordre social précapitaliste : la P"CR"V s'assigne dans la « RNDP » cette double tâche en termes identiques, puisque selon lui l'indépendance politique de la Haute-Volta reste à conquérir, et que c'est tenir des « propos contrerévolutionnaires qui visent à désarmer et désorienter la classe ouvrière et le peuple, à endormir leur vigilance révolutionnaire » que d'oser affirmer cela comme un acquis (cf. organe politique du P"CR"V, n° 2, juin 1979, P. 10.)
En fait, il faut comprendre cette déclamation du P"CR"V dans le sens suivants : Affirmer l'indépendance politique de la Haute-Volta, c'est tenir un propos révolutionnaire, visant à désarmer et désorienter les nationalistes bourgeois et petits-bourgeois, à enrayer (et non endormir) l'idéologie nationaliste de cette période, qui marque de son empreinte profonde la petite bourgeoisie révolutionnaire (intellectuelle surtout) et une partie des ouvriers.
Or cela le P"CR"V ne le désire pas, il compte porter haut levé aussi bien le drapeau de la bourgeoisie que le drapeau du prolétariat, en développant en même temps aussi bien la conscience nationale que la conscience de classe du prolétariat voltaïque (cf. programme du P"CR"V et les « gloses marginales » à ce programme, contenu dans le n°1 du « Prolétaire » du mois d'avril 1979.)
5°) De même que lors de la révolution coloniale, la question nationale comme question primordiale était mise en avant, la « RNDP » tient pour inchangée et égale à elle-même cette question et continue de la mettre en avant.
Par conséquent, il n'y aura rien d'étonnant que la « RNDP », si elle se produit (mieux aurait valu dire: « si elle se reproduit »), demeure une révolution inachevée, tout comme la révolution coloniale. En effet, il n'y aura rien de surprenant qu'elle ait comme résultat pratique la substitution de la petite bourgeoisie actuelle, regroupée au sein de la formation nationale radicale petite-bourgeoise qu'est le P"CR"V, à la petite bourgeoisie du temps colonial aujourd'hui au pouvoir.
En ce sens, le caractère populaire de la « RNDP » ne l'est qu'en apparence. Ce serait une révolution qui sera l'œuvre des masses innombrables, mais au profit d'une minorité, tout comme la révolution coloniale.
Il ressort de cela que, dans la situation actuelle de la Haute-Volta, il se trouve des gens pour venir nous proposer une solution qui a déjà fait son temps.
De deux choses l'une, ou ces gens ne savent pas ce qu'ils disent par ignorance politique, aussi nous les convions à se très sérieusement à l'école du Marxisme-Léninisme. Et pour ce faire, la modestie veut qu'ils se débarrassent de toute prétention excessive et de toute vanité subjective, dont ils sont les premières victimes.
Victimes, parce qu'en les prenant au mot, on serait obligé de les traiter de vils contre-révolutionnaires révisionnistes. Mais ce serait, pour les gens du P"CR"V, leur faire trop d'honneur, car on ne révise que ce qu'on connaît.
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Les révisionnistes de la trempe de Berstein, Kautsky, Tito, Khroutchev, Brejnev, Hua et autres Teng, sont des gens qui connaissent les principes fondamentaux du marxisme- Léninisme et qui s’amusent à en arrondir les angles les plus tranchants pour les rendre convenables à la bourgeoisie et à la petite bourgeoisie.
Nos révisionnistes du P"CR"V sont d'une toute autre trempe. Ils ignorent jusqu'à l'ABC du Marxisme-Léninisme, et cette ignorance les conduit à l a collusion idéologique et politique avec les diverses variantes du révisionnisme moderne. C'est pris dans ce sens (du rattachement avec les courants du révisionnisme moderne) que nous les considérons comme des révisionnistes. Sinon dans les faits, ils ne sont rien d'autre que des national- populistes. étant des petits-bourgeois qui se complaisent dans cette situation, ils sont animés, pourrait-on dire, spontanément par l'idéologie de la petite bourgeoisie, le populisme.
Ou bien ces gens savent ce qu'ils disent, et alors ils ne seront pas fâchés si on les taxe d’être des nostalgiques du passé, de faire preuve d'anachronisme sur l'évolution socio-politique du pays.
Aveuglés par le nationalisme, ils n'ont pas remarqué que depuis fort longtemps (20 ans aujourd'hui) la Haute-Volta a cessé d'être une colonie et que depuis lors le prolétariat est entré en antagonisme de classe avec la bourgeoisie voltaïque qui détient le pouvoir d'état.
« Les pays coloniaux n'ont aucune tradition social-démocrate, mais ils n'ont aussi aucune tradition marxiste. Nos jeunes partis doivent se débarrasser des survivances de l'idéologie nationaliste petite-bourgeoise en cours de la lutte et de la formation du parti, pour trouver la voie de la bolchévisation. »
Ceci avait été dit par l'Internationale Communiste lors de son VIe congrès, et mérite d’être redit avec force aux vues de certaines formations nationalistes arborant le drapeau du communisme.
Il y a, lieu aussi de rappeler ce que Staline n'a cessé de son vivant d’enseigner. Il disait que :
« il faut se rappeler que nos organisations communistes de la périphérie dans les républiques et les régions, ne peuvent se développer et se mettre debout, devenir de véritables cadres marxistes internationalistes, que si elles ont raison du nationalisme. Le nationalisme est le principal obstacle idéologique dans la voie de formation des cadres marxistes, de l'avant-garde marxiste à la périphérie. »
« Le nationalisme, disait-il, joue pour ces organisations le même rôle que le menchevisme jouait dans le passé pour le parti bolchevik. Ce n’est que sous le couvert du nationalisme que peuvent pénétrer dans nos organisations périphériques des influences bourgeoises de toutes sortes, y compris l'influence menchevik »
C'est la conscience aigu d’un tel phénomène qui nous a amené à écrire dans le n°0 de notre journal qu’« il nous faudra mener une lutte acharnée contre l’opportunisme, le réformisme, le nationalisme pour les (les ouvriers) conquérir au Marxisme-Léninisme ».
C’est ce à quoi nous nous attelons.
A propos de la révolution coloniale, nous écrivions dans le n°1 du « Prolétaire » que, n'ayant pas pu (et ne pouvant pas résoudre) la double tâche qui était de renverser l'impérialisme étranger et de supprimer les entraves économiques et politiques de l'ordre social passé, elle a laissé la réalisation de cette tâche en héritage à la prochaine révolution, définie par nous comme étant la RA-IDP, ou tout simplement la RDP (Révolution Démocratique et Populaire).
« Elle n'a fait que donner l'élan initial aux masses révolutionnaires contre l'impérialisme pour ensuite arrêter sa course et transmettre cette œuvre à l'avenir. »
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2. L’étape actuelle de la révolution en Haute-Volta ou la Révolution Anti-Impérialiste, Démocratique et Populaire (RA-IDP)
Ce qu’il ya d’originale dans la situation actuelle en Haute-Volta, c’est la transition de la première étape de la révolution, étape au cours de laquelle la bourgeoisie voltaïque a accédé au pouvoir, pendant que la classe ouvrière n'était pas une force politique indépendante de par son degré de conscience et d’organisation, à la seconde étape qui verra le pouvoir passer des mains de la bourgeoisie aux mains du prolétariat allié à la paysannerie.
Dans le moment historique actuel, les facteurs économiques et sociaux (misères, pauvretés, crises économiques, etc.) jouent le rôle déterminant, tandis que les facteurs politiques (absence de libertés politiques, etc.) jouent un rôle auxiliaire, étant entendu que facteurs économiques et facteurs politiques ne se présentent jamais isolés, dissociés l'un de l'autre.
A l’étape actuelle, la révolution vise à achever la révolution bourgeoise de l'étape précédente.
La révolution coloniale a abouti aux résultats suivants:
- la bourgeoisie a trahi non seulement la démocratie en général, mais encore la paysannerie en particulier. .
- elle (la révolution) n'a pas su créer une classe de paysans libres de tout asservissement économique et social de l'ordre pré-capita liste.
Elle a eu comme autres résultats, une disposition nouvelle des classes sociales et une modification dans les alliances de classes.
Ainsi:
1°) L’ennemi à renverser, contrairement à l'étape précédente, n'est plus l'ennemi étranger en général, mais l'ennemi concret immédiat, c’est-à-dire la bourgeoisie voltaïque réactionnaire et les forces sociales rétrogrades de la société antérieure, qui détiennent le pouvoir d'état. Car l'oppression extérieure n’est rendue possible que par l’entremise d'une force d'oppression à l'intérieur.
La contradiction principale interne est dorénavant celle qui oppose ces forces d'oppressions internes aux masses populaires.
2°) La force motrice n’est plus comme à l’étape précédente le « peuple-nation », mais elle est dorénavant constituée par les ouvriers et la paysannerie.
3°) La force principale demeure la paysannerie.
4°) La force dirigeante n'est plus la petite bourgeoisie, mais la classe ouvrière. La classe ouvrière cesse de jouer le rôle d'auxiliaire de la petite-bourgeoisie pour marquer la révolution de son empreinte.
Elle est « la classe d’avant-garde de tous les opprimés, le foyer et le centre de toutes les aspirations des opprimés de toute catégorie et de tout ordre, à l'affranchissement » (Lénine)
5°) La paysannerie cesse d’être la réserve fondamentale de la bourgeoisie pour devenir l'alliée la plus proche, la plus sûre de la classe ouvrière.
Du point de vue des tâches fondamentales, la révolution à l'étape actuelle vise à la destruction de l'appareil d’état actuel et à instaurer une république démocratique et populaire. C’est une lutte pour assurer la souveraineté populaire et non la souveraineté nationale comme l'étape précédente.
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Elle assumera en outre la tâche d'épuration complète de la campagne de toutes les entraves de l'ordre social précapitaliste. En un mot, elle vise à la démocratisation de la campagne.
Les caractères de cette révolution:
1°) Elle demeure une révolution bourgeoise de par son contenu économique et social. Cela signifie qu’elle ne vise pas à une remise en cause de la bourgeoisie en tant que classe et qu’elle ne sort pas du cadre du régime économique et social bourgeois.
Ce qui fait en outre de cette révolution une révolution bourgeoise, c'est l’alliance du prolétariat avec la paysannerie dans son ensemble, c’est-à-dire y compris la paysannerie moyenne. Car contrairement à l’affirmation des social-populistes, selon laquelle « elle (la paysannerie) n'est pas porteuse d’un mode de production spécifique…. » (cf. programme du P"CR"V, p. 20), la paysannerie dans son ensemble se compose de petits producteurs placés sur le terrain de la production marchande. La paysannerie sous le capitalisme incarne les rapports bourgeois de production. De ce fait, tant que nous marcherons avec la paysannerie dans son ensemble, notre révolution demeurera bourgeoise.
La paysannerie, selon Lénine, est la « dernière classe capita liste » et Staline explique:
« cela veut dire d'abord que la paysannerie est une classe à pat, édifiant son économie sur la base de la propriété privée des instruments et moyens de production; qu'elle se distingue, par suite, de la classe des prolétaires édifiant leur économie sur la base de la propriété collective des instruments et moyens de production » (Staline. Sur le front du blé. In Les questions du Léninisme. édition "Naim Frashëri", p 271.)
Bien qu'étant bourgeoise, cette révolution n'en aura pas moins, une portée immense pour le développement ultérieur de la révolution à son étape socialiste.
« Plus elle (la révolution bourgeoise) sera complète et décisive, plus elle sera conséquente et mieux sera assurée la possibilité pour le prolétariat de lutter pour le socialisme contre la bourgeoisie ». (Lénine: Deux tactiques dans la social-démocratie. O.C., T. 9, P 45.)
C'est pourquoi le prolétariat, loin de s'en écarter, y participe effectivement en assurant sa direction, la rendant ainsi plus avantageuse aux ouvriers et aux paysans.
2°) C'est une révolution démocratique bourgeoise. Elle prend sur elle la résolution conséquente des tâches démocratiques dont la révolution coloniale inachevée n'a pas pu s’en acquitter:
- tâches anti-impérialistes,
- tâches anti-précapitalistes.
Dans l'accomplissement des tâches, elle procédera à la destruction de l'appareil d'état actuelle. De la république actuelle, elle retiendra la forme et, à la place du contenu dictatorial bourgeoise, elle instaurera la dictature démocratique révolutionnaire des ouvriers et paysans.
C’est en cela que réside le caractère démocratique bourgeois de cette révolution. « Mais, il y a démocratie bourgeoise et démocratie bourgeoise. »
Il y a l'ancienne, démocratie bourgeoise et la démocratie nouvelle.
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Le prolétariat, en participant énergiquement à la révolution démocratique bourgeoise et en assumant sa direction, fait que cette révolution bourgeoise (démocratique bourgeoise) cesse de relever de la catégorie des révolutions bourgeoises anciennes, pour devenir une révolution démocratique à caractère prolétarien.
L'ancienne démocratie bourgeoise, c'était le drapeau du nationalisme sous la direction idéologique et politique de la bourgeoisie.
La démocratie nouvelle à caractère prolétarien, elle se réalise noue le drapeau de l’internationalisme, sous la direction idéologique et politique du prolétariat.
Il ressort de ce qui vient d’être dit, qu'en aucun cas, de quelque côté que l’on aborde la question, la prochaine révolution ne saurait être une révolution nationale.
Elle ne saurait être nationale du simple fait seulement qu'elle se déroule sur le théâtre du cadre national. Toutes les révolutions, y comprises les révolutions socialistes, ont pour théâtre immédiat de leur réalisation, le terrain national.
« Il va sans dire, disait Marx, que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie ». « Le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe nationale, devenir lui-même la nation, il est encore par-là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. »
Elle ne saurait être nationale, parce qu'elle est [par le simple fait qu’elle soit] dirigée contre l'oppression étrangère. Car, comme cela a déjà été indiqué, cette oppression étrangère n'est rendue possible que par l'entremise d'une force d'oppression interne. C'est l'une des implications de la libre disposition politique de notre pays.
A l'étape précédente, la révolution coloniale pouvait être conçue comme une révolution nationale, la révolution d'un peuple nationalement opprimé en lutte pour le droit à sa libre disposition politique. Cette révolution s'est déroulée sous les mots d'ordre de revendications nationales de souveraineté nationale, et a atteint ses objectifs limités, la constitution d'un État « national ». Dorénavant, c’est dans le cadre de cet état « national » que les révolutions à caractère social se dérouleront.
Elle ne saura être nationale du simple fait que c'est la lutte d’une majorité contre une minorité c’est le principe de toute révolution.
Ce qui distingue les révolutions, c'est que certaines révolutions (bourgeoises, coloniales) ont été le mouvement de l'immense majorité au profit d'une minorité, alors eue d'autres (révolutions populaires et révolutions socialistes) ont été et sont le mouvement de l’immense majorité au profit de l'immense majorité.
Partir de ce principe propre à toute révolution pour affirmer la révolution nationale, c'est formuler un truisme, une plate banalité.
Lénine, à propos de l'expression courante de révolution « nationale » (les griffes sont de Lénine) donnait l'appréciation Suivante :
« A vrai dire on ne peut tirer de cette notion (révolution "nationale") aucune autre conclusion. Si ce n'est le truisme déjà cité (seule une énorme majorité peut vaincre face à une minorité organisée en possession du pouvoir). C'est pourquoi, son application comme formule générale, comme critère tactique comme modèle est foncièrement erronée et profondément anti-marxiste (souligné par nous). La notion de "révolution nationale" doit montrer au marxiste la, nécessité d'une analyse précise des divers intérêts de classes différentes oui s'unissent pour certaines tâches communes bien définies encore que limitées.
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En aucun cas, cette notion ne peut servir à éclipser, à ignorer l’étude de la lutte de classe en cours de telle ou telle révolution. Pareil emploi de la notion de « révolution nationale » est un abandon total du Marxisme et un retour à la phrase vulgaire des démocrates ou socialistes petits-bourgeois » (Lénine. A propos de la révolution nationale. O.C., T 12, p 406).
Comment les national-populistes du P"CR"V, conçoivent-ils eux leur « révolution nationale »?
« Elle (la révolution) est nationale parce qu'elle vise à chasser de notre pays l'impérialisme français et à renverser les classes et couches sociales qui lui servent de base d'appui en Haute-Volta ». (Programme du P"CR"V, p. 26.)
Autrement dit, ils la conçoivent dans tout ce qu'il y a de foncièrement erroné et profondément anti-marxiste-léniniste. Ils la conçoivent « comme formule générale, comme critère tactique, comme modèle ».
L'entendement dans le sens duquel des Marxistes-Léninistes peuvent abonder, c'est le truisme qui exprime l’idée de la nécessite d’une union de la majorité de la population en vue de rendre victorieuse la révolution. Or cet aspect de la question est largement exprimé par le caractère populaire de la révolution.
Dans la situation actuelle, la lutte contre l'impérialisme n'est pas une lutte nationale, une insurrection nationale, mais une lutte de classes mettant en prise les couches et classes sociales constituant le peuple contre les couches et classes sociales constituant les forces internes d'oppression et d'exploitation : c’est une insurrection populaire.
Parmi les deux tâches fondamentales ci-dessus énumérées, la primordiale, c'est la tâche anti-impérialiste.
Considérer qu'une tâche est primordiale par rapport aux autres ne revient pas à sous-estimer les autres et à s'occuper rien que de la résolution d de cette tâche primordiale. Cela veut dire que c’est la tâche essentielle dont la résolution correcte permettra et facilitera la résolution des autres tâches.
Il est pratiquement impossible de s'occuper de la tâche primordiale en négligeant les autres tâches, car elles sont en étroite liaison dialectique.
Pour une définition plus claire et plus précise de la prochaine révolution, nous dirons que c’est une Révolution Anti-Impérialiste Démocratique.
3°) C'est une Révolution Anti-Impérialiste Démocratique et Populaire.
Le caractère populaire de cette révolution repose sur la participation des larges masses populaires autour des mots d'ordre démocratiques et révolutionnaires qui expriment leurs intérêts propres, opposés à ceux des classes détentrices du pouvoir d'état. Pour être véritablement populaire, elle devra, comme premier acte, détruire la machine d'état actuel, et organiser une nouvelle machine capable de garantir la souveraineté du peuple.
Entre les deux mots d'ordre stratégiques proposés, entre la RA-IDP et la RNDP, seule la RA-IDP définit clairement et sans équivoque aucune, de façon logique et résolue le contenu même de la prochaine révolution.
La « RNDP », quant à elle, définit tout aussi clairement et sans équivoque aucune, de façon logique et résolue le contenu même de la, révolution passée.
Nous qui avons formulé le mot d’ordre stratégique de RA-IDP, nous avons le regard fixé sur l’avenir.
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Les national-populistes, eux, avec leur mot d'ordre de « RNDP », ont le regard axé sur le passé.
« ... Le parti de la classe ouvrière dirige la révolution pour faire avancer la roue de l'histoire, le P"CR"V lui cherche à diriger la révolution pour faire rétrograder la roue de l'histoire. »
C'est ce que nous écrivions dans le n° 1 du « Prolétaire » à propos du programme agraire du P"CR"V. Ainsi chacun peut se convaincre que nationalisme et populisme se marie bien, et cette liaison nous l'avons appelée national-populiste.
Il n'est nul besoin d'indiquer que « RNDP », « RNDPA » (Révolution Nationale Démocratique Populaire Anti-impérialiste), « RPLN » (Révolution Populaire de Libération Nationale) sont toutes aussi anachroniques qu'inadaptées au moment historique actuel que traverse la Haute-Volta de façon particulière, et bien de pays africains de façon générale.
Notre analyse a mis en relief la place et le rôle de la question nationale dans la révolution, ce qui est pour les Marxistes-Léninistes d'une importance capitale, « non seulement parce qu'il définit le contenu idéologique de toute notre propagande et de notre agitation dans la question nationale en soulignant ce qui les différencie de la propagande bourgeoise.. » (Lénine. O.C., T 20, p 26.)
Nous avons déjà écrit, dans les pages de notre journal que;
« Du point de vue de la cause prolétarienne, la révolution à l'étape actuelle de la lutte de notre peuple, comporte un caractère national qui se mêle au caractère social (plus exactement, il convient de parler d'élément national qui se mêle à l'élément social), tous les deux étant dirigés contre l'impérialisme et ses piliers locaux.
Ce faisant, le prolétariat voltaïque, pour ne pas tomber dans le nationalisme, ce qui reviendrait à se mettre à la remorque de la bourgeoisie, doit mettre en avant et faire valoir « les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat ». « L'aspect national, du point de vue de la lutte du prolétariat, ne doit pas restreindre l’internationalisme, car se serait mettre en avant de l'internationalisme prolétarien l'égoïsme national. Ce faisant, c'est se battre sur le terrain de la bourgeoisie. Jamais le prolétariat ne doit subordonner les intérêts de sa lutte dans le monde à l'intérêt de cette lutte dans le cadre étroit d'un pays donné. » (« Le Prolétaire » n° 0 de septembre 1978, p 10 et 11.)
En effet, mettre en avant l'aspect national dans le moment actuel de transition où se trouve la Haute-Volta, c'est faire de la propagande et de l'agitation pour l'idéologie nationaliste bourgeoise au détriment et contre l'idéologie internationaliste prolétarienne.
Mettre au second plan l'aspect national et au premier plan l'aspect social (l'aspect lutte de classes au sein de la « nation »), c'est faire de la propagande et de l'agitation pour l'idéologie internationaliste prolétarienne au détriment et contre l'idéologie nationaliste bourgeoise.
Ainsi, REVOLUTION ANTI-IMPERIALISTE, DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE, comme seul mot d'ordre stratégique juste pour l'étape actuelle de la lutte de notre peuple.
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3. La dictature démocratique révolutionnaire des ouvriers et paysans
Le thème essentiel du mot d'ordre stratégique, avons-nous dit en nous référant à Staline, est la question de savoir quelle classe on renverse et aux mains de quelle classe passe le pouvoir. La question qui reste à examiner, c'est celle de savoir aux mains de quelle classe passera le pouvoir; c'est celle de savoir comment ce pouvoir sera exercé.
La révolution vise à faire passer le pouvoir des mains de la « bourgeoisie voltaïque alliée à l'impérialisme aux mains des ouvriers alliés à la paysannerie.
La dictature démocratique révolutionnaire est le fondement, la base solide de ce pouvoir. Sans cette base solide, il n'y aura pas de pouvoir des ouvriers et des paysans.
Face à l'alliance contre-révolutionnaire de la bourgeoisie voltaïque et de l'impérialisme, il faut opposer l'alliance révolutionnaire des ouvriers et des paysans.
La dictature démocratique révolutionnaire est une forme particulière de cette alliance de classe qui se consolide dans des conditions particulières, à savoir les conditions où les antagonismes sociaux sont des plus aigus. Elle n'exprime qu'un rapport, une collaboration entre les ouvriers et les paysans en vue de l'exercice du pouvoir, dans l'intérêt commun des uns et des autres.
Cette alliance de classe, ayant pour objectif le renversement du pouvoir néocolonial, est dirigée contre l'alliance des forces d'oppressions internes et externes. Elle a pour but l'écrasement complet de la résistance de la bourgeoisie dans ses tentatives de reconquête des royaumes perdus, par la violence.
« Une révolution est à coup sûr la chose la plus autoritaire qui soit, un acte par lequel une partie de la population impose à l'autre partie sa volonté à coups de fusils, de baïonnettes et de canons; moyens autoritaires s'il en fut. Force est au parti vainqueur de maintenir sa domination par la crainte que ses armes inspirent aux réactionnaires » (Marx)
Cette dictature ne se réduit pas à la seule violence. Elle est la domination de la majorité (ouvriers et paysans) sur la minorité exploiteuse et oppresseuse : elle est une dictature démocratique.
La force dirigeante de cette alliance, c'est le prolétariat : elle est une dictature démocratique révolutionnaire.
Cette alliance démocratique révolutionnaire vise:
- à assurer à la classe ouvrière le rôle dirigeant et à renforcer sa position ;
- à préserver la paysannerie de l'influence néfaste de la bourgeoisie ;
- à instaurer une république démocratique et populaire, préparant les prémisses matérielles, idéologiques et politiques du passage au socialisme.
Sans s'appuyer sur la paysannerie, le prolétariat ne peut conserver le pouvoir. De même, sans s'allier aux ouvriers, les paysans ne peuvent s'émanciper des entraves de l'ordre précapitaliste.
La dictature démocratique révolutionnaire réside dans l'inévitable coïncidence de leurs intérêts pour l'étape de transformations démocratiques.
Cependant, la dictature démocratique n'est pas encore une dictature socialiste, car, comme l'indique Staline:
« Dans les conditions de la dictature du prolétariat, l'alliance du prolétariat et de la paysannerie n'est pas une alliance avec l'ensemble de la paysannerie ».
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« L'alliance du prolétariat et de la paysannerie est une alliance de la classe ouvrière avec les masses travailleuses de la paysannerie. »
Dans les conditions actuelles, l'alliance du prolétariat et de la paysannerie dans son ensemble est possible et même nécessaire, parce qu'il y a une communauté d'intérêts. Ici nous nous situons encore sur le terrain des transformations démocratiques bourgeoises.
Dès que nous évoluons vers la société socialiste, cette unité se rompt, et une nouvelle alliance sur la base d'une communauté d'intérêts de loin supérieure se noue.
La dictature du prolétariat repose sur l'alliance des ouvriers et des paysans pauvres.
Le mot d'ordre de dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie définit précisément les classes qui précisément doivent construire la nouvelle société et comment elles doivent la construire.
Car la dictature, outre la violence visant à briser la résistance des forces réactionnaires et faire échouer leurs tentatives de la contrerévolution, est une organisation du travail, de l'activité économique et sociale supérieure à l'organisation antérieure. Là réside son essence, dans l'esprit d'organisation et de discipline du prolétariat, qui en est la force dirigeante.
Elle indique en outre, le « caractère historique limité de la révolution actuelle et la nécessité d'une lutte nouvelle sur le terrain d'un nouvel ordre des choses, pour la libération complète de la classe ouvrière de toute oppression et toute exploitation »(Lénine)
« Notre révolution est bourgeoise, affirme Lénine, tant que nous marchons avec la paysannerie dans son ensemble ». Nous communistes voltaïques, nous marchons vers le socialisme, vers l'instauration d'une société communiste qui est notre but final. Pour ce faire, nous marcherons tout d’abord avec toute la paysannerie contre la forme néocoloniale d'existence de l'ordre bourgeois, et contre toutes les entraves précapitalistes do l'ordre social antérieur. Ensuite, nous marcherons, selon l'indication de Lénine, « avec la paysannerie pauvre, avec le semi-prolétaire, avec tous les exploités, contre le capitalisme, y compris les paysans riches, les koulaks, les spéculateurs et la révolution devient par là socialiste »
Ces deux étapes ne se séparent l'une de l'autre, « autrement que par le degré de préparation du prolétariat et le degré de son union avec les paysans pauvres ».
« Vouloir dresser artificiellement une muraille de Chine entre l'une et l'autre », c'est, selon Lénine, « dénaturer monstrueusement la Marxisme, l'avilir, lui substituer le libéralisme ». (Lénine. O.C., T. 28, p 310»)
C'est là une idée éminemment importante. L'Internationale Communiste à son VIe congrès avait formulé l'indication suivante:
« La marche du mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans, ses succès ou ses défaites dans la lutte contre les impérialistes, les féodaux et la bourgeoisie, détermineront dans quelle mesure la révolution démocratique-bourgeoise pourra réaliser pratiquement toutes ses tâches fondamentales, et la partie d'entre elles qui ne pourra être réalisée que par la révolution socialiste ».
Voilà pour ce qui concerne le développement de la, révolution de l'étape démocratique bourgeoise à l'étape socialiste.
D'une manière générale, les différentes étapes du processus révolutionnaire ne sont pas séparées par une « muraille de Chine », mais se succèdent dans une interaction, une interpénétration dialectique.
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Ainsi, des tâches propres à une étape donnée pourront être entreprises déjà à l'étape précédente, et des tâches d'une étape donnée peuvent rester inachevées à l’étape correspondante, et leur résolution sera confiée à l'étape suivante.
Ce qu'il y a lieu d'avoir en vue à chaque étape, c'est la tâche centrale qui la caractérise.
Par conséquent, ce n'est pas en formant une alliance avec la bourgeoisie (dictature conjointe des 4 classes et autres « combattants de la "RNDP" ») que la classe ouvrière parviendra, à ses fins.
Pour que la révolution démocratique bourgeoise soit le prélude immédiat de la révolution socialiste, c'est la dictature démocratique des ouvriers et paysans qu'il faut.
L'alternative que nous proposent les socialistes-révolutionnaires du P"CR"V est une alternative opportuniste qui vise à ce que la révolution ne dépasse jamais l'étape démocratique. C'est cela l'aspiration profonde de tous les démocrates petit-bourgeois.
La dictature conjointe des 4 classes et autres « combattants de la "RNDP" », c'est le pouvoir à la petite bourgeoisie, « c'est-à-dire la coalition (l'alliance, l'entente) de celle-ci avec la bourgeoisie, car la petite bourgeoisie ne veut, ni ne peut prendre seule et d'une façon indépendante le pouvoir, ainsi que l'a prouvé l'expérience de toutes les révolutions, ainsi que l'a prouvé également la science économique, qui enseigne qu'en pays capitaliste on peut être soit pour le capital, soit pour le travail, mais qu'on ne saurait être les deux ». (Lénine cité par Staline dans « Les questions du Léninisme », op. cit., p 275)
CONCLUSION
Cependant que les masses innombrables croupissent sous le poids de l'oppression et de l'exploitation conjuguées des forces externes et interne et avancent des exigeantes, des revendications qui, pour parler comme Lénine, sont des revendications « purement de civilisation[1] » et que « les revendications prolétariennes elles-mêmes se réduisent pour la plupart à des réformes parfaitement réalisables dans les limites du capitalisme », en ce sens que le prolétariat voltaïque exige à l'heure actuelle « non pas ce qui porte atteinte au capitalisme, mais ce qui l'épure, le fortifie et en hâte le développement », restant par là même dans les limites de son programme minimum et non dans celles de son programme maximum, qu'avons-nous à faire?
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Ce qui nous distingue d'avec les éléments radicaux populistes de toute sorte, c'est le fait que, sans verser dans l'aventurisme, nous prêchons aux masses ignorantes la nécessité de la révolution qui mûrit, en démontrant son avènement inéluctable et en les y préparant dans la seule voie conséquente, celle de la Révolution Anti-Impérialiste, Démocratique et Populaire.
Il est impossible d'en finir avec la domination impérialiste, d'épurer la campagne voltaïque des entraves précapitalistes (réalisant ainsi ce qui constituent les « fins dernières » de la paysannerie qui « ne sortent pas des limites du capitalisme »; son « programme maximum »), de créer les prémisses indispensables pour une transition vers le socialisme, sans avoir liquidé le national-populisme dans le mouvement ouvrier et au sein du Mouvement Démocratique National.
La classe ouvrière ne peut atteindre ses objectifs supérieurs, sans en avoir fini avec le nationalisme bourgeois et petit-bourgeois, sans avoir soutenu une lutte implacable contre les courant s populistes de toute sorte, les renégats de tout acabit, et toutes ces vieilleries dignes d'être reléguées dans le mussé des curiosités prérévolutionnaires; qui ont plongés dans toutes les sauces et qui ont contribués grandement à fourvoyer le jeune mouvement révolutionnaire en Haute-Volta.
Ainsi deux voies, deux perspectives, deux dictatures dans la question de la révolution qui mûrit en Haute-Volta.
La lutte théorique et idéologique que se livrent les différents courants se résume en ceci: l'éclectisme petit-bourgeois à prédominance populiste contre le Marxisme-Léninisme; le pragmatisme contre, la méthode léniniste; le nationalisme bourgeois et petit-bourgeois contre l'internationalisme prolétarien.
Telles sont les deux voies qui s'offrent à tous les révolutionnaires voltaïques. Et nous sommes convaincus que tôt ou tard, mais nécessairement, les partisans de la révolution se rangeront résolument:
— du côté du Marxisme-Léninisme contre l'éclectisme petit-bourgeois à dominante populiste;
— sous le drapeau de l'internationalisme prolétarien contre le nationalisme bourgeois et petit-bourgeois;
— en éprouvant la force et la justesse de la méthode du Léninisme contre le pragmatisme;
— en reconnaissant les communistes du « Prolétaire » comme les véritables interprètes conscients du mouvement ouvrier voltaïque contre les national-populistes du P"CR"V et autres dérivées affublés du manteau du communisme.
[1] . « Je veux dire que ce ne sont pas spécifiquement des revendications de classe, que ce sont des revendications juridiques élémentaires qui, loin de détruire le capitalisme, le font entrer dans la voie de civilisation européenne, le dégagent de la barbarie, de la sauvagerie, de la corruption et autres survivances "russes" du régime féodal »(Lénine)
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