Le Ghana de Nkrumah était prêt à sacrifier sa souveraineté individuelle à la souveraineté générale de l’Afrique
Le Ghana de Nkrumah était prêt à sacrifier sa souveraineté individuelle à la souveraineté générale de l’Afrique.
[Extraits de Nkrumah: L'Afrique doit s'unir. Ed. Présence Africaine.1994, pp.109-110 ]
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[p.109]
« (…)
Les changements constitutionnels que j'ai définis et expliqués jusqu'ici étaient destinés à créer un milieu dans lequel le Ghana pût s'adonner de façon plus positive à la reconstruction nationale. Mais, de même que je me suis toujours soucié de l'indépendance et du développement du Ghana, en tant qu'élément de la libération et reconstruction totale de l'Afrique, et que j'en ai fait l'un des principes de ma politique étrangère, j'ai toujours eu le senti- ment que notre constitution devait donner une preuve positive du fait que le Ghana est prêt à sacrifier, s'il le faut, sa souveraineté individuelle à la souveraineté générale de l'Afrique. En fait, nos relations avec le reste de l'Afrique ont été plus qu'un argument secondaire dans notre décision de rompre avec la Couronne d'Angleterre et de faire de notre [p.110] État une république. Mais nous estimâmes qu'il fallait faire figurer dans le document sur lequel s'appuierait la politique du pays une preuve plus révolution-flaire de notre attachement à la cause de l'unité africaine. C'est pourquoi, dans le Préambule de notre constitution, il est dit que :
Nous, peuple du Ghana,... dans l'espoir que, par nos actes d'aujourd'hui, nous pourrons contribuer à faire avancer l'évolution vers une Union des état africains..., nous donnons cette Constitution...
Tandis que la Déclaration de principes comprend ces conditions expresses :
« Que l'Union africaine sera poursuivie par tous les moyens légaux et quand elle aura été atteinte, sera fidèlement maintenue; et : Que l'indépendance du Ghana ne sera abandonnée ni diminuée pour d'autres raisons que la poursuite de l'unité africaine. »
C'est, me semble-t-il, la première fois qu'un État indépendant et souverain offre spontanément de sacrifier sa souveraineté à la cause de l'unité [1]. C'est notre contribution, libre, publique et sincère, au rassemblement d'États qui sont frères et voisins, comme étant le meilleur moyen d'améliorer la condition des peuples de l'ensemble du continent. C'est notre fervent espoir que d'autres États africains suivront, et que nous n'aurons pas à attendre jusqu'à ce que le continent entier ait vu se lever l'aurore de la fraternité. Pour commencer, il suffit que deux, trois ou quatre États seulement acceptent d'entrer dans une union souveraine.
Le Ghana, la Guinée, le Mali et quelques autres États africains de création récente ont donné le signal en faisant figurer cet idéal dans leurs constitutions. C'est aux autres d'arroser cette semence d'avenir pour qu'elle s'épanouisse, arbre merveilleux de l'union et de la fraternité, parmi les peuples de l'Afrique.
[1] . Les constitutions de la Guinée, de la Tunisie, du Mali et de la R.A.U. comportent, elles aussi, une clause de ce genre.
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