Islamisme et dérives terroristes (Suite et fin)
4.2. De Ben Laden à G. W. Bush : quid du fondamentalisme ?
La « civilisation » est en guerre contre la « barbarie », proclame le président Bush.
« Le monde s’est scindé en deux camps, rétorque M. Oussama Ben Laden, un sous la bannière de la croix, comme l’a dit le chef des mécréants Bush, et l’autre sous la bannière de l’islam. »
Déjà à l’époque (1910), l’on projetait la formation des « États-Unis d’Europe occidentale» (sans la Russie) en vue d’actions communes contre « les Noirs d’Afrique », contre le « grand mouvement islamique », pour l’entretien « d’une armée et d’une flotte puissantes » contre la coalition sino-japonaise », etc.
Dès ce moment donc, le péril « grand mouvement islamique » comme le « péril jaune » était à l’horizon. Aujourd’hui, c’est le péril islamique qui est à l’ordre du jour.
Demain à qui le tour ?
4. 2.1. Ben Laden
Ben Laden, le « Che Guevara de l'islam », fils de la doctrine wahhabite saoudienne, l’homme qui a lancé contre le « Grand Satan » (les USA) et le « Petit Satan » (Israël). une « fatwa ».
Satan, d’après le Coran est le Tentateur « qui suggère de mauvaises pensées et se dérobe, qui souffle le mal dans le cœur des hommes » (Coran, CXIV, 4-5)
Les États-Unis, sont vis-à-vis de Ben Laden, dans la posture, du magicien, impuissant devant les forces infernales qu’ils ont eux-mêmes déclenchées.
4.2.2. Georges W. Bush
Quelques extraits du film de William Karel présenté par Jean-François Lepetit en collaboration avec Eric Laurent auteur de « La guerre des Bush » et « Le monde secret de Bush » aux éditions Plon.
A une autre occasion, il proclama :
Et, à propos de la guerre en Somalie contre les chefs de guerre musulmans :
C’est le même général qui s’est illustré tristement en « exportant » le système carcéral mis en place à Guantanamo vers l’Irak, avec les résultats que l’on connaît en matière de torture.
Tout cela se passe de commentaire. Aux lecteurs d’en juger : De Ben Laden et de Bush, qui est fondamentaliste qui ne l’est pas.
5. Le risque de l’avènement du terrorisme en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso
L’Afrique sera-t-elle épargnée par les dérives des fondamentalismes religieux?
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
La pauvreté sévit en Afrique plus qu’ailleurs. Le désœuvrement jette les jeunes dans la rue sans espoir d’un lendemain meilleur.
Nous sommes à une époque où l’on peut parler de la fin des « utopies mobilisatrices ». Il n’y a pratiquement pas de solution alternative, dans le court et moyen terme, contre les méfaits du libéralisme économique triomphant, source de tant de misères.
C’est au sein des Églises, des temples et des mosquées, que tous ceux qui sont déçus de la marche de notre monde, les victimes de la politique de marginalisation, et même ceux qui vivent avec une mauvaise conscience, trouvent un refuge réconfortant.
En outre, il y a un fait dont il faut tenir compte, notre pays est à dominante musulmane.
Les velléités d’institution d’un État théocratique ne sont pas écartées, avec la radicalisation de certaines sectes.
En outre, il y a à redouter que les islamistes traqués au Moyen Orient ne se replient sur le continent afin d’y trouver une base arrière pour leur opérations.
Déjà au Nigeria, le Nord musulman connaît, une poussé islamiste. Une secte regroupant les déshérités et dirigée par un marabout camerounais, Maitatsine, ravage plusieurs grandes villes du Nord : Kano en décembre 1980, Yola en 1984 et Gombe en avril 1985
Dans le Nord, l’explosion d’un intégrisme islamiste jointe à l'instauration de la charia (loi islamique) dans l'État de Zamfara ont fait resurgir le spectre de la guerre civile qui avait déchiré le pays. Cela a créé au niveau de nombreux commerçants ibo chrétiens (originaires des régions constituant l’ancien Biafra) établis dans le Nord et victimes de l'intégrisme fondamentaliste, des relents d’indépendantismes.
Tout juste à côté, chez nos voisins ivoiriens, parmi les facteurs qui ont plongé le pays dans le chaos, le facteur religieux n’est pas à mésestimer.
Ce qui se passe en Côte d’Ivoire montre aussi, que le risque de guerres civiles, n’est pas à imputer aux seuls fondamentalistes islamistes. Là, dans ce pays, se développe un fondamentalisme chrétien, dont les plus autorités politiques en sont les vecteurs.
Le président Laurent Gagbo a été adepte d’une secte protestante pentecôtiste dénommée « baptisma » évangélique. Il avait comme « Gourou », un pasteur prophète », connu sous le nom de « Papa Nouveau » (Dagri Najva, de son vrai nom) qui lui avait prédit, un mois avant sa mort (septembre 2001), un avenir présidentiel.
« Papa Nouveau a aussi « prophétisé » en se disant détenteur d’un message que Dieu lui a délivré qui « demande aux ivoiriens de ne pas confier la direction de leur Côte d’Ivoire à une autre communauté ».
L’ « autre communauté » ne pouvait que faire allusion à la communauté musulmane.
Tout comme G.W. Bush, les pasteurs ont droit de cité dans les bureaux présidentiel de Gbagbo, devenu l’« élu de Dieu », où ils se livrent à des longues séances de prières.
Aujourd’hui le Président Gagbo et sa truculente épouse ont adhéré à l’ « Église évangélique Foursquare », d’origine américaine, implantée en Côte d’Ivoire par un certain Kacou Sévérin, qui se faisait passer pour le « prophète des nations », mort en avril 2001, et qui prèdisait, la « résurrection » (« born again ») de la Côte d’Ivoire après Houphouët-Boigny (premier président chrétien)
Le nouveau « Gourou » du Président Gagbo, le pasteur Moïse Koré, dans une interview dans le quotidien du parti au pouvoir,« Notre voie » du 13 septembre 2003, déclare qu’il a une mission divine auprès du président du « peuple de Dieu en Côte d’Ivoire » :
« La responsabilité qui m’a été confiée par l’Éternel est de veiller sur la bonne santé spirituelle du chef de l’État. En tant que son pasteur, il est ma brebis. Et je lui indique comment il doit marcher, selon ce que Dieu m’a enseigné, c’est tout. »
C’est dire qu’en Côte d’Ivoire, la dérive fondamentaliste « pentecôtiste », menace l’unité nationale. (Cf. Stephen Smith. 2003. Négrologie. Hachette, pp.174-177).
Le danger de guerre civile en Afrique provoquée par la montée des fondamentalismes intégristes (musulmans ou chrétiens) existe bel et bien.
Mais l’Afrique est riche de sa tradition culturelle religieuse. Elle est ouverte à tout les souffles de courant religieux. Mais elle a su les domestiquer à ses valeurs fondamentales qui sont la tolérance, le dialogue de culture, et la co-existence pacifique entre diverses croyances religieuses.
Il faut espérer qu’elle saura contenir tous ces courants fondamentalistes intégristes qui sont porteuses de divisions, de luttes fratricides et de violences terroristes.
Comme cela n’arrive pas qu’aux autres, il faudra qu’au Burkina Faso, les plus hautes l’autorité de l’État, préviennent l’avènement de ces dérives dans notre pays, par une analyse prospective et des mesures énergiques de prévention.
Les communautés religieuses (musulmanes, protestantes, catholiques, etc.. ) ont aussi une grande responsabilité dans les enseignements qu’elles dispensent à leur membres, pour les amener dans un vouloir vivre ensemble, dans la paix et le respect des croyances des uns et des autres.
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