10e thèse : Les partis politiques dans notre pays vis-à-vis de la question sociale essentielle
10 thèse : Les partis politiques dans notre pays vis-à-vis de la question sociale essentielle
Tous les adversaires du capitalisme, en Afrique ou tous ceux qui se veulent tels, dans leurs projets sociaux, ambitionnent de changer le cours actuel du développement du capitalisme dans notre pays en proposant, pour les uns d’en faire l’économie par des raccourcis menant tout droit au socialisme, d’inventer pour les autres, une « troisième voie » différente des systèmes connus (capitalisme et socialisme) en prenant comme élément de renaissance sociale les institutions et les valeurs de nos communautés rurales traditionnelles.
Autour de cette pomme de discorde, on peut regrouper les partis politiques existants en deux grandes catégories principales (comptant chacune des tendances divergentes) en fonction de leurs orientations idéologiques et de leurs pratiques politiques :
1°- ceux qui pensent qu’il faut activer le bouleversement, la destruction en cours de nos structures traditionnelles et des valeurs qui y sont attachées, considérées comme des entraves, pour nous engager résolument dans la voie de modernisation dans laquelle nous avons été entraînés à notre corps défendant. Ils insistent sur la nécessité d’abolir toutes les entraves surannées qui gênent l’essor d’une vie économique moderne. Les défenseurs d’un tel point de vue se distinguent en deux grandes tendances traversées elles aussi par des courants divergents:
a) la tendance libérale qui opte pour le développement libéral. Elle se distingue en deux courants :
- les partisans du libéralisme conservateur qui font reposer leur conviction sur l’inviolabilité de la propriété privée et qui consciemment œuvrent au développement du capitalisme dans notre pays. Ce courant est représenté par l’Alliance pour la démocratie et la fédération- rassemblement démocratique africain (ADF-RDA).
- les partisans de la démocratie-sociale (ou du libéralisme-social) qui, à défaut de mieux, comptent mettre au profit du développement de notre pays les vertus du capitalisme en atténuant autant que faire se peut ses inconvénients. Ils se sont regroupés au sein de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS).
b) la tendance socialiste qui voit dans le développement conséquent du capitalisme la possibilité d’une transformation socialiste. Elle aussi est représentée par deux grands courants :
- les sociaux-démocrates partisans d’un « socialisme démocratique » qui pensent réformer le capitalisme sans chercher à remettre en cause ses fondements véritables. Le parti qui les représente est le Parti pour la démocratie et le progrès/parti socialiste ( PDP/PS). Il faut noter que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir se veut aussi être social-démocrate.
- les communistes, qui prônent le socialisme scientifique et sa réalisation par la révolution radicale. Le parti qui se bat sous le drapeau du communisme véritable dans notre pays est le Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV). Quant au Parti africain de l’indépendance (PAI) on ne sait plus où le ranger.
2°- ceux qui pensent qu’il faut retourner à nos structures et à nos valeurs traditionnelles pour les revivifier afin de se frayer une « troisième voie » qui soit différente et du capitalisme et du socialisme (les deux avatars du développement occidental). La représentation nationale de cette tendance est le Parti de la renaissance nationale (PAREN) avec son « tercérisme » fondé sur le « capitalisme populaire ».
Les autres courants politiques, n’ayant pas de doctrine affichée, s’en tenant à des discours circonstanciels, ne peuvent se rattacher dans la pratique, qu’à l’une ou l’autre de ces cinq grandes familles de pensée.
Les divergences entre les diverses utopies (car, dans une certaine mesure, toutes les doctrines sont des utopies) dans notre pays, ne résident pas seulement dans une divergence théorique, doctrinale, mais aussi dans la solution pratique des problèmes liés au devenir de nos communautés rurales.
Chaque utopie pense que les autres utopies fondent tous leurs vœux sur des idées abstraites, et non sur les intérêts réels des masses. Mais le caractère de leurs plans différent totalement parce qu’ils envisagent le développement économique moderne, d’un point de vue diamétralement opposé.
C’est donc en fonction de ces cinq grandes familles de pensée que les Burkinabè conscients devront se déterminer pour choisir une voie de développement.
Mais pour un tel choix, il faut être armé d’une vision claire de la marche des sociétés. Et cela, on ne le peut sans des connaissances théoriques solides et sans s’être instruit au préalable de l’expérience pratique de notre peuple et des autres peuples.
C’est le lieu de ne pas méconnaître le danger de l’islamisme qui, ces derniers temps, défraye la chronique. D’ores et déjà, il faut prémunir notre peuple contre ce nouveau danger imminent.
L’islamisme, qui se développe dans les pays à dominance musulmane, se présente comme la voie de salut pour les masses qui chaque jour constatent leur misère croissante en même temps que leur divorce d'avec les classes dirigeantes de moins en moins aptes à répondre à leurs attentes. Animant cette espérance, les fondamentalistes invitent les fidèles à retourner aux sources par une étude et une application rigoureuses des principes du Coran qui, selon eux, renferme toutes les solutions des problèmes de la vie.
Le fanatisme devient une force qui fédère tous les frustrés qui, finalement las de ce monde, s’anéantissent dans des actions suicidaires pour espérer le salut dans l’autre monde.
Malheureusement le fondamentalisme musulman, comme tous les autres fondamentalismes qui l’ont précédé (au sein du christianisme), ne peut être l’alternative au système dominant, car tourné vers le passé en se fondant sur une certaine interprétation du Saint Coran, « texte révélé » et transcrit il y a plus de treize siècles alors qu’une interprétation et une pratique qui respectent l’esprit et non la lettre en intégrant les transformations sociales survenues depuis et les apports immenses de la science et de la démocratie, répondraient mieux à l’unicité de la communauté musulmane (la « Umah ») du troisième millénaire.
En attendant, que Dieu préserve le Burkina des dérives de l’intolérance religieuse afin que les différentes communautés religieuses continuent de vivre leur foi dans la paix et dans la concorde, dans le respect de la laïcité de l’État.
Un verset du Coran ne dit-il pas :
« La création des cieux et de la terre,
la diversité de vos langues et de vos couleurs
sont autant de merveilles pour ceux qui réfléchissent. »
(Coran, XXX, 22)
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